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« Il est urgent de rassurer les Français », Jean-François Buet, président de la FNAIM

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photo : Jean-François Buet, président de la FNAIM

Le président de la Fnaim dresse le bilan d’une année de crise et de tensions dans le secteur de l’immobilier, sur fond de loi Alur.

JDA : Quel bilan dressez-vous de l’année 2014 ?
Jean-François Buet : Ce fut une véritable année horribilis ! Entre l’alourdissement de la fiscalité et celui de la
réglementation, le climat a été particulièrement mauvais pour l’immobilier. Et les chiffres d’affaires des agences
ont continué à souffrir. Le bilan 2014 est toutefois moins sévère qu’en 2013 : en tenant compte des fermetures, des départs à la retraite et des faillites, nous avons perdu 300 adhérents cette année, contre 600 l’an passé.
JDA : Quelles agences souffrent le plus ?
J.-F. B. : Celles situées sur les marchés les moins porteurs, les marchés périphériques. Si l’activité reste bonne dans les centres des villes dynamiques et des métropoles en terme de transaction, on observe de grandes difficultés en milieu rural. Le marché de la résidence secondaire à la campagne, à la mer ou à la montagne est très ralenti aussi, sauf sur certains produits exceptionnels ou de caractère.
JDA : Comment se porte le marché de la location ?
J.-F. B. : C’est un marché en extrême difficulté. On manque toujours de logements dans les villes tendues tandis que le

« Non, la propriété

n’est pas

un acte

anti-économique ! »

stock de produits à louer grossit et que les prix baissent là où le marché est détendu.

Lorsque les locataires ont le choix, ils privilégient évidemment les logements neufs ou récents. Du coup, l’écart se creuse également entre les produits bien entretenus et bien placés et les autres, exactement comme pour le marché des transactions. Mais, partout, on assiste aussi à une dégradation préoccupante des rapports locatifs. Avec un accès à la propriété devenu extrêmement difficile pour les ménages les plus modestes, les jeunes couples et les primo-accédants, les personnes se trouvent « piégés dans le marché locatif » et se résignent à vivre dans des logements en location qui ne correspondent pas à leurs besoins et leurs envies.
JDA : À quoi attribuez-vous ce mauvais climat entre bailleurs et locataires ?
J.-F. B. : À la crise économique, à la loi Alur mais aussi au discours ambiant sur l’immobilier qui renvoie dos à dos les uns et les autres. Augmentation des droits de mutation, alourdissement de la fiscalité sur les plus-values, encadrement
des loyers, règlement de la majorité des honoraires de location par le bailleur… les pouvoirs publics agissent comme s’ils devaient punir les « mauvais » propriétaires accusés de profiter de la situation sans rien faire. Les « bons » locataires, eux, peuvent désormais remettre en cause leur loyer en cas d’erreur sur la surface ou sur le
loyer de référence, discuter de l’état des lieux pendant 10 jours, demander des pénalités en cas de non-restitution
du dépôt de garantie dans les délais… Les annonces gouvernementales intempestives des derniers mois ont contribué à exacerber les tensions. Les propriétaires se détournent du marché locatif tant pour investir que pour louer.
La loi Alur est une initiative législative ratée, et les ajustements du gouvernement touchant à la simplification et au recadrage de certaines dispositions – sur propositions du Conseil national de la gestion et de la transaction immobilières – confirment nos alertes sur le fait que cette loi était inapplicable en l’état, un frein à l’investissement
et le signal négatif de trop pour les investisseurs.

JDA : Comment cette tension  se manifeste-t-elle ?
J.-F. B. : La confiance entre locataires et propriétaires est cassée. Un exemple caricatural ? Avant, même si ce n’était
pas à lui de le faire, le locataire changeait le pas de vis du robinet d’alimentation de la machine à laver. Aujourd’hui,
il envoie directement un recommandé ! On a oublié que le marché se faisait aussi avec les propriétaires.

JDA : La propriété est-elle toujours dans l’air du temps ?
J.-F. B. : C’est l’autre problème de fond. Beaucoup pensent que le logement coûte cher, qu’être propriétaire
est un acte anti-économique. Les politiques ont une vraie volonté de développer le logement social public. Ils laissent filtrer que le droit de propriété pourrait évoluer vers un droit d’usage. Une pensée unique est en train de se mettre en place où la propriété, donc le propriétaire, seraient à l’origine du manque de mobilité des Français, du risque de surendettement et contre les évolutions de la société. Cette remise en cause sous-jacente du droit de propriété touche aux fondamentaux et à l’équilibre de notre société. En raisonnant ainsi, on oublie non seulement que l’immobilier fait vivre tout un pan de l’activité économique mais aussi que les trois quarts de nos concitoyens ont envie d’être propriétaires.

JDA : Qu’attendez-vous des pouvoirs publics ?
J.-F. B. : Ils doivent rassurer tous les acteurs de l’immobilier : propriétaires, accédants, bailleurs et locataires, et ne
pas focaliser leurs efforts sur le seul objectif de 500 000 logements neufs par an, qui représentent à peine 1 % du parc existant, et sans une vision territoriale du sujet ! Bien sûr, il y a un problème de construction en France, mais il faut penser aussi aux 34 millions de logements existants. Ils représentent 60 % du patrimoine de nos concitoyens !

Propos recueillis par Ariane Artinian

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