Vigie dominant l’océan, la ville, le golf et les montagnes, du nord de Biarritz à la Côte Espagnole, le Château d’Ilbarritz fascine toujours. Son emplacement exceptionnel lui confère la plus belle vue que l’on puisse avoir sur la Côte Basque. Château aux mille légendes né de la passion d’un industriel mélomane, il fut tour à tour hôpital de guerre, maison de repos pour réfugiés puis résidence d’été pour Présidents de la République française. Cette fois, c’est sûr, il va renaître. Si l’acquéreur et le prix de vente restent confidentiels, BARNES Biarritz, qui a réalisé la transaction, témoigne de la volonté du nouveau propriétaire d’engager d’importants travaux qui lui redonneront tout son lustre.
Un écrin monumental pour grandes orgues
Quand en 1893, après avoir parcouru le monde, le Baron de L’Espée, héritier des fonderies de Wendel, en Moselle, découvre ce site sur les hauteurs de Bidart, il déclare alors que c’est le plus beau qu’il ait découvert. Il en acquiert 60 hectares au milieu desquels il fait construire par Gustave Huguenin, architecte biarrot, un château ainsi que quatorze édifices (des «fabriques») disséminés dans le parc et reliés entre eux par des galeries. L’une des fabriques, de style «chinoisant», a valu au Baron son surnom local de… rajah de Bidart. La construction dure de 1894 à 1898. Entre autres caractéristiques, le château devait assouvir les fantasmes musicaux du Baron en accueillant un orgue. Pas n’importe lequel : un Cavaillé-Coll, le plus grand orgue qu’un particulier n’ait jamais fait construire pour lui ! Les tuyaux étincelants du grand orgue occupaient une salle haute de plus de deux étages et soufflaient Berlioz et Wagner qui résonnaient jusque sur la mer. Il fut démonté dès 1903 et remplacé, en 1905, par un autre, plus petit et plus perfectionné. Mais il souffle encore aujourd’hui, à la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre !
De l’aventure à l’inventaire
En 1911, sur un coup de tête, le baron vend l’ensemble, parc et château, après y avoir vécu quelques mois de l’année pendant à peine dix ans, en misanthrope solitaire. L’édifice connaît alors une succession d’aventures auxquelles il a survécu tant bien que mal. Il est d’abord transformé en hôpital sanatorium pendant la Première Guerre mondiale puis, après un nouveau changement de propriétaire, en hôtel où séjournent plusieurs Présidents de la République comme Paul Deschanel, Raymond Poincaré et Louis Barthou. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, il devient maison de convalescence pour les réfugiés de la guerre d’Espagne. A partir de 1940, il abrite une garnison allemande. Après-guerre, il subit les dégradations et les pillages jusqu’en 1958 où une restauration partielle est engagée. Après différents changements de propriétaires, et à la suite de procédures difficiles avec la communauté de communes retardant pendant plus de 20 ans tout projet de réhabilitation, la propriété a été simplement entretenue pour la préserver avec un gardiennage permanent et une toiture refaite. D’ailleurs, il est partiellement inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1990 : toiture, façades, salle d’orgue, grand escalier et décoration intérieure sont ainsi classés.