Les relation locataires/propriétaires sont plus sereines que certaines idées reçues le laissent à penser mais la GUL et l’encadrement des loyers risquent d’attiser les tensions. Telles sont les principaux enseignements du sondage que vient de réaliser Ipsos pour Orpi.
Des bonnes relations pour 96 % des propriétaires et 92 % des locataires
Là où le Gouvernement se voit dans l’obligation de légiférer pour assainir une relation jugée catastrophique entre les locataires et les propriétaires français, ce sondage révèle une réalité qu’ORPI constate quotidiennement sur le terrain. Ces derniers entretiennent une saine relation.
92 % des locataires font, en effet, état de bonnes relations avec leurs propriétaires, voire très bonnes pour 28 % d’entre eux, ce qui est également le cas de 96 % des propriétaires, et qu’ils qualifient même de « très bonnes » pour 41 % d’entre eux.
76% des propriétaires et 55 % des locataires déclarent même ne jamais avoir eu de désaccord. Le sondage Ipsos pour ORPI fait tomber une autre idée reçue selon laquelle les problèmes opposant les Français en matière de logement porteraient majoritairement sur le montant du loyer. La mésentente principalement exprimée porte sur « l’état, l’entretien et les travaux dans le logement » pour 36 % des locataires et 14 % des propriétaires, loin devant le « niveau et l’évolution du loyer » cité très rarement comme une source de désaccord (seuls 7% des locataires y font référence, les propriétaires ne mentionnant pas ce point) .
L’encadrement et la garantie universelle des loyers : des mesures qui risquent d’attiser les tensions entre les locataires et les propriétaires
L’analyse de Bernard Cadeau, président d’Orpi
« Les Français ne se reconnaissent pas dans les
priorités que se donne le Gouvernement en matière
de logement. Ecoutons ce qu’ils nous disent au travers
de ce sondage qui traduit la réalité du terrain !
Ces enseignements arrivent à point nommé : il est encore
temps d’agir pour penserun système qui réponde non
seulement à leurs attentes et qui soit plus juste,
plus opérationnel et indolore pour les finances publiques.
Cela fait des mois que nous sommes vent debout pour
demander la suppression de la GUL dans sa version
initiale. Le gouvernement, propose de créer une véritable
usine à gaz alors que l’Etat n’a pas vocation à se
transformer en compagnie d’assurance. Pour garantir
les loyers impayés, bête noire des propriétaires bailleurs,
nous militons pour la création d’un système assurantiel,
calqué sur le modèle de l’assurance automobile. Nous
attendons des pouvoirs publics des signaux forts à destination
des bailleurs privés qui se disent inquiets, en perte de
confiance et l’expriment au travers de notre sondage.
N’oublions pas, qu’aujourd’hui, le parc locatif français
est composé de 6,5 millions de logements privés contre
seulement 5 millions de logements sociaux. La France a
donc absolument besoin d’eux.
Enfin, s’agissant de l’encadrement des loyers : le marché
s’autorégule fort bien seul. Nous alertons sur le fait que
le prochain dispositif fondé sur un principe de loyer médian
de référence, pourrait bien amener à un abaissement des
loyers des plus riches et à une progression les loyers des
classes moyennes ou modestes. Est-ce vraiment le but
poursuivi par les rédacteurs de la loi ? «
Seul un locataire sur cinq trouve le montant de son loyer excessif
Autre enseignement surprenant du sondage Ipsos pour ORPI : seul un locataire français sur cinq juge le montant de son loyer « excessif ». Un résultat d’autant plus étonnant qu’ils sont dans la même proportion (21 %), à le trouver « peu élevé » ! Des chiffres qui restent pratiquement identiques chez les locataires parisiens, habitant la zone considérée comme la plus « tendue » de France, 28 % estimant, en effet, leur loyer excessif et 16 % peu élevé. Enfin, 56 % des locataires, y compris parisiens, jugent leur loyer « supportable ». Dans ce contexte, on comprend mieux pourquoi les locataires français ne sont que 33 % à penser que l’encadrement des loyers leur offrira concrètement « l’assurance de payer leur logement au juste prix » et seulement 13 % à considérer que cette mesure pourra « potentiellement baisser le montant du loyer du type de bien qui les intéresse ».
L’état de l’opinion est plus inquiétant du côté des propriétaires français pour qui cette mesure constitue une perte de « liberté » (20%). S’ajoutant à la crise de confiance des français largement relayée dans les média, leur moral n’est donc pas près de s’améliorer. Pour preuve, 11 % d’entre eux envisagent même un « retrait de leur bien du marché locatif ». S’ils passaient de la parole aux actes, le parc locatif privé se verrait alors amputé de 715 000 logements dans un pays qui en manque déjà de plus d’un million !
Plus grave, l’encadrement des loyers contribuerait même à envenimer les relations entre les locataires et leurs propriétaires, se révélant être une « arme » opportune à brandir en cas de litige pour 13 % d’entre eux. Un comble pour une mesure censée pacifier la relation !
La Garantie universelle des loyers : une mesure contreproductive idéale pour entamer le pouvoir d’achat et la confiance des Français dans l’investissement immobilier ?
La Garantie universelle des loyers (GUL), telle que présentée par le Gouvernement ne suscite pas davantage l’enthousiasme des Français. Ces derniers la perçoivent majoritairement comme un coût supplémentaire non négligeable dans leur budget logement. C’est ce qu’expriment 36 % des locataires et 33 % des propriétaires. Contrairement aux ambitions soutenues dans le cadre du projet de loi, seuls 20 % des locataires considèrent que la Garantie Universelle des Loyers telle qu’envisagée par le Gouvernement, constitue « une sécurité supplémentaire en cas de coups durs » tandis qu’uniquement 18 % des propriétaires considèrent qu’elle incarne une « garantie renforcée face aux risques d’impayés ».