Loi Lefebvre ; dès que nous avons eu connaissance du projet de loi qui menaçait notamment de supprimer la clause pénale pour les mandats exclusifs, nous avons initié avec Bernard Cadeau, le président d’Orpi, une réunion de tous les patrons de réseaux.
JDA : L’abandon de la loi Lefebvre tient notamment au travail de résistance effectué par la profession. Comment cela s’est-il passé au niveau des réseaux ?
Laurent Vimont : Dès que nous avons eu connaissance du projet de loi qui menaçait notamment de supprimer la clause pénale pour les mandats exclusifs, nous avons initié avec Bernard Cadeau, le président d’Orpi, une réunion de tous les patrons de réseaux. Vu la gravité de la situation, nous avons travaillé de concert avec les syndicats qui avaient défendu le Livre Blanc, la Fnaim et l’Unis. Il était impératif d’œuvrer tous en-semble dans le même sens.
Quelle a été votre stratégie ?
Nous avons agi avec beaucoup de méthode, en construisant d’abord une fiche langage. Il fallait être capable, d’une même voix, d’expliquer très clairement la situation. La suppression des mandats exclusifs risquait de pénaliser les particuliers qui vendraient moins vite, dans de moins bonnes conditions, mais aussi les professionnels qui perdraient une partie du marché. Nous avons chiffré entre 400 et 500 millions d’euros le manque à gagner pour l’État en termes de TVA. Enfin, nous avons insisté sur le coût social d’une telle mesure. Moins de transactions via les professionnels, c’est forcément moins d’emplois et plus de licenciements. Un argument non négligeable lorsque l’on connaît le rôle d’intégrateur social de l’agence immobilière.
Ce discours commun a-t-il servi, en outre, de socle aux actions de lobbying ?
Oui. En parallèle, chacun de nous a activé ses contacts afin de faire comprendre que le dispositif n’améliorerait ni la protection des consommateurs, ni la performance de la profession. Le président de la Fnaim, René Pallincourt, et celui de l’Unis, Serge Ivars, ont rencontré les sénateurs Tardy et Pasquelle, à l’initiative du projet. À notre niveau, par exemple, nous avons adressé un courrier type à chaque directeur d’agence afin qu’il sollicite son député et son sénateur. Nous avons eu 150 réponses de soutien de parlementaires, dont celle du communiste Robert Hue !
Nous avons besoin d’un véritable plan Marshall de logement réunissant tous les acteurs du neuf et de l’ancien. Il faut aussi profiter de l’Union sacrée dans la profession pour faire amender la loi Hoguet.
Quels enseignements tirez-vous de ce combat ?
L’important était d’être tous ensemble, de démontrer la justesse de nos idées et de proposer des mesures constructives. Quel est votre cheval de bataille aujourd’hui ? Avec les organisations professionnelles et les réseaux, la Fnaim et l’Unis, nous allons continuer à nous réunir pour porter un nouveau projet de loi amendant la loi Hoguet. Il faut notamment promouvoir la création d’un conseil supérieur des professions immobilières regroupant professionnels, magistrats et représentants des consommateurs. Nous avons besoin d’une formation initiale obligatoire pour améliorer les compétences juridiques, fiscales et financières des négociateurs, agents commerciaux ou salariés.
Nous avons déposé ce dispositif au Sénat en profitant de la volonté actuelle des pouvoirs publics de faire bouger les choses. Comment appréhendez-vous l’image de la profession ?
Tout dépend du niveau où l’on se place. Prenez un client qui vient de vendre ou d’acheter, il a en règle générale une très bonne image de son interlocuteur à l’échelon local. Il n’empêche, l’image générale est calamiteuse. Pour changer cela, la profession doit se rénover.
Qu’attendez-vous des politiques ?
Nous avons besoin d’un véritable plan Marshall du Logement, intégrant à la fois une réflexion sur le neuf et sur l’ancien. Notre impopularité est notamment due au niveau élevé des prix. Or, si les prix montent dans l’ancien, c’est
parce qu’il n’y a pas assez de logements neufs. Il faut relancer la construction dans les zones tendues. L’immobilier ancien n’a besoin d’aucune aide, c’est la construction que l’État doit soutenir. Ce n’est ni l’augmentation de 30 % du COS programmée par Nicolas Sarkozy, ni le blocage des loyers suggéré par François Hollande qui vont régler le problème des prix. Pour trouver des solutions, il faut réunir tous les acteurs de l’immobilier !
Quelle attitude faut-il adopter dans la conjoncture actuelle ?
Dans un marché qui s’est contracté de 10 à 15 % depuis janvier, il est indispensable d’aller au devant des vendeurs. Si les agences utilisent les Amépis pour rentrer de nouveaux mandats, elles pourront gagner des parts de marché. Les
périodes difficiles sont toujours favorables à ceux qui se remettent en question. Par ailleurs, il ne faut jamais oublier que ce métier exige un niveau d’implication personnelle très élevé. Les clients qui nous confient la recherche ou
la vente d’un bien mettent entre nos mains leur projet de vie. Il faut les écouter et leur accorder le plus grand respect.