C’est officiel. L’euphorie baissière est bel et bien finie. A leur retour de vacances, les emprunteurs ont trouvé des tauxqui avaient pris un petit coup de chaud. +0,15% sur les trois derniers mois. Cette hausse encore modeste semble néanmoins dessiner la tendance des mois à venir. Les candidats au crédit doivent désormais compter sur des taux de 2,90 % sur 15 ans, de 3,20 % sur 20 ans, de 3,50 % sur 25 ans. Les dossiers excellents, eux, se négocient encore aux alentours de 2,60% pour 15 ans et de 2,80% à 3,05% sur 20 ans !
Ainsi qu’AB Courtage l’avait pronostiqué en juin dernier, c’est bien une remontée rapide et brutale de l’indice de l’OAT 10 ans – taux longs sur lesquels les banques indexent généralement leurs taux de crédit immobilier – qui a mis fin à la chute historique et continue des taux, près de 19 mois après le début de la baisse. Cette hausse, on s’en doute, inquiète les particuliers candidats au crédit qui craignent un retournement durable de tendance.
« Difficile de se prononcer avec certitude sur ce qui nous attend dans les mois à venir, la baisse discontinue des taux ayant pris plus d’un expert au dépourvu entre 2012-2013, décrypte Ari Bitton, PDG d’AB Courtage. Plusieurs cas de figure semblent néanmoins plausibles. »
Soit l’OAT 10 ans continue sur sa lancée, sa très lente remontée chaque mois – entraîné par la hausse des taux longs américains, ou échaudé par de potentiels mauvais chiffres de l’économie européenne – et fait ainsi grimper tout doucement dans son sillage les taux de crédit immobilier. Cette hausse serait alors relativement indolore pour l’emprunteur. Entre 5 à 40 euros de plus sur la mensualité pour un crédit de 200 000 euros sur 20 ans.
Autre possibilité, les taux stagnent, influencés en cela par l’annonce jeudi 5 septembre de la BCE de laisser ses taux directeurs inchangés (contrairement à la Fed), la zone euro n’ayant pas montré de signes tangibles de véritable reprise économique.
Enfin dernier cas de figure, contre toute attente, les taux repartent à la baisse. Cette possibilité peut faire sourire à l’heure actuelle, mais le marché étant extrêmement mouvant, difficile de ne pas l’envisager. Surtout si la BCE réitère son offre de prêts quasi gratuits à destination des banques d’ici fin 2013, comme certaines rumeurs l’indiquent. Ces prêts, assortis d’une obligation aux établissements prêteurs d’en faire bénéficier les entreprises, seraient une bonne nouvelle pour les marchés et contribueraient à détendre l’OAT 10 ans. Et donc les taux de crédit.
En attendant d’y voir plus clair, pas de panique. Certes les taux de crédit immobilier et l’OAT 10 ans ont augmenté, mais ils restent encore à des planchers historiques. Et leur augmentation s’apparente à une normalisation progressive du marché.