Fondateur d’Habitat et Humanisme et prêtre du diocèse de Lyon, Bernard Devert revient sur l’actualité financière des derniers jours. Son idée ? Réclamer une amnistie de 6 mois, temps de rapatriement nécessaire aux 200 milliards évalués de l’évasion fiscale pour être injecté dans les Fondations en France et des PME solidaires.
L’aveu forcé de l’ancien Ministre du budget suscite un tel opprobre que les mots ne semblent pas assez durs pour l’accabler. La sanction médiatique fait œuvre de destruction, la peine de mort a déserté le code pénal mais elle demeure dans nos codes sociaux.
Si la responsabilité d’un seul ne peut entraîner celle de tous, il appartient au Gouvernement de « sortir par le haut » en mettant un terme à l’évasion fiscale évaluée à environ 200 milliards d’€, représentant quatre fois le financement du service de la dette.
Les regards se portent sur un arbre déraciné cachant une forêt de pratiques aussi illégales qu’immorales. Les politiques publiques, dit-on, atteignent leurs limites mais ne serait-ce pas pour consentir à ces évasions absolument insupportables alors que la crise affecte les plus fragiles de nos concitoyens.
Quand l’éthique connaît un tel chaos, la Nation sombre avec les risques qui peuvent surgir tant les déceptions amères sont grandes pour se traduire par cette formule délétère et excessive : « tous pourris ». Soyons justes, nombre d’élus ne sont pas indifférents à cette situation et sans doute peut-on se demander pourquoi le rapport du Sénateur Bocquet est resté sans suite.
La Société ne va pas seulement mal, plus grave encore elle a mal :
• d’observer tant d’injustices et d’abîmes au point que la cohésion sociale est en souffrance.
• de constater que les décisions ne sont pas au rendez-vous des défis à relever, sauf à proposer une rigueur, certes nécessaire, mais elle devrait être accompagnée d’une même exigence à l’égard de pratiques inacceptables qui « plombent » notre société. L’évasion fiscale est de celles-là. L’éradiquer ou pour le moins l’atténuer est possible, les Etats Unis ont pris à cet égard des décisions qui semblent porter des fruits. L’heure appelle trois mesures :
• le rapatriement des « sommes évadées » en imposant qu’au moins la moitié d’entre elles soit investie au sein de fondations ou de PME dont l’activité est marquée par un fort impact social ou solidaire.
• une fiscalité moins confiscatoire, qui n’est pas étrangère à cette évasion ; observer n’est pas justifier.