Le point de vue du président Era Europe et Era France sur désengagement des investisseurs institutionnels au cours des 20 dernières années. Tribune.
Le Gouvernement vient de sonner le rappel des investisseurs institutionnels qui désertent le secteur résidentiel depuis vingt ans, au terme d’un mouvement constant et obstiné. On se rappelle que les vagues de ventes à la découpe les plus hautes, au début des années 2000, avaient attiré l’attention des pouvoirs publics et que le législateur s’était saisi du dossier, allant jusqu’à voter la loi Aurillac, que Cécile Duflot veut d’ailleurs renforcer.
Le désengagement des majors de la banque ou de l’assurance au travers du retrait progressif de leurs sociétés foncières n’en a pas été enrayé. Pourquoi ? Pour deux raisons majeures : la rentabilité de l’investissement locatif dans l’ancien n’est pas compétitive aux yeux de ces acteurs économiques et le droit très protecteur des locataires complique l’exploitation, notamment en diminuant la liquidité. Pour autant, la nation a besoin d’eux. Rappelons qu’il y a une génération, ces propriétaires institutionnels détenaient de l’ordre du sixième du parc locatif privé de nos métropoles, dont la capitale. En outre, ce patrimoine était de qualité, scrupuleusement entretenu, et les loyers pratiqués correspondaient à ce dont nous avons le besoin le plus aigu, le logement intermédiaire.
Voici donc que les pouvoirs publics engagent une négociation avec les « zinzins » (c’est leur surnom affectueux dans la communauté immobilière). Le plan d’investissement, annoncé il y a une décade par le Président de la République, comporte une promesse : améliorer la fiscalité pour les institutionnels afin de les faire revenir vers le logement, en particulier le locatif à loyers accessibles. Quelques heures plus tard, deux sociétés emblématiques de l’investissement immobilier annoncent leur retrait pour l’une du résidentiel, pour la seconde du marché immobilier français, purement et simplement. C’est embêtant…
Ces deux pieds de nez doivent faire réfléchir le Gouvernement. La parole présidentielle ne jouit-elle plus de la confiance, au point que de grands acteurs du secteur n’y ajoutent plus foi ? Il est urgent que l’État soit précis quant aux évolutions fiscales du placement locatif. Il importe aussi que l’on y voit clair sur le rééquilibrage des rapports entre locataires et propriétaires que le projet de loi de Madame Duflot proposera : s’il était question de favoriser plus encore le preneur au détriment du bailleur, il ne faudrait plus compter sur les zinzins… ni, je le crains, sur les particuliers.
Et puis, de grâce, qu’on mette de la cohérence dans les discours publics. Le ministère de l’Économie a annoncé il y a quelques jours vouloir favoriser la construction de bureaux dans Paris, au moment même où le plan élyséen évoquait la transformation de bureaux vacants en habitations. Sauf à faire un mot digne d’Alphonse Allais, qui voulait mettre les villes à la campagne, et à vouloir bâtir des bureaux pour en faire des logements, on saisit mal la logique.
Logique et clarté des décisions sont nécessaires. Il doit s’y ajouter une volonté forte de séduire les investisseurs institutionnels, affichée de toute urgence : les marchés tendus de nos principales villes ont besoin d’eux. Loi du 6 juillet 1989 et loi de finances doivent être mises à profit pour attirer de nouveau ces opérateurs essentiels : on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre !