Près de 2 ans après la refonte et l’obligation d’affichage du Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) sur les annonces immobilières, SeLoger a voulu vérifier la bonne application de la loi Climat et Résilience. Le point sur la question après l’analyse de près de 6 millions d’annonces.
Depuis le début de l’année, la part d’étiquettes énergétiques renseignées atteint en moyenne 84 %, soit une nette progression par rapport à juillet 2021, date d’entrée en vigueur de la loi Climat et Résilience, lorsque seules 66 % des annonces étaient conformes. Malgré ce bel effort, force est de constater que le taux d’affichage du DPE ne progresse plus et semble avoir atteint un plafond de verre en mai 2023 avec un taux de 85 %.
Pour le marché de la location, pourtant directement visé par les premières interdictions, le constat est similaire. Le taux d’affichage s’établit ainsi autour de 80 % d’annonces renseignées, en moyenne, en France. A noter que l’étiquette énergétique est de plus en plus importante pour les porteurs de projet d’achat. L’étude constate ainsi une augmentation de 31,8 % du nombre de recherches, utilisant le filtre DPE comme critère de recherche avancée sur SeLoger entre janvier et mai 2023. Les classes DPE les plus recherchées par les futurs acheteurs sont les classes A, B et C, lesquelles représentent plus de 80 % des recherches via ce filtre. Les classes F et G ne sont en revanche ciblées qu’à hauteur respectivement de 5 % et 3 %.
L’augmentation du nombre de passoires thermiques se stabilise
Autre leçon à tirer de l’étude de SeLoger : le nombre de passoires en vente, soit les catégorie F et G, est en hausse de 15,2 % depuis le début de l’année, et ce alors que le stock global de biens en vente a augmenté de 13,6 % depuis le début de l’année, toute catégorie confondue. Ainsi, la part de passoires énergétiques sur le marché n’augmente plus aussi vite qu’auparavant. Alors qu’en juillet 2021, les biens de catégories F et G représentaient près de 10 % des biens mis en vente et que cette proportion avait bondi à 17,8 % fin 2022, leur part n’évolue désormais que très légèrement, atteignant 18,2 % en mai 2023.
« L’ampleur de la présence des passoires sur le marché ne peut plus être uniquement attribuée à la loi Climat et Résilience. Elle doit aussi être mise en perspective avec le contexte économique actuel. L’augmentation des taux d’intérêt, la diminution du nombre d’acheteurs et la prolongation de la durée de mise en vente des biens conduisent mécaniquement à une augmentation du nombre de biens disponibles à la vente sur le marché, englobant tous types de biens, et pas seulement les passoires énergétiques », analyse Thomas Lefebvre, Directeur Scientifique chez SeLoger.
… mais enregistre une baisse de leur valeur
Côté prix, force est de constater que l’écart se creuse avec la valeur verte. Ainsi si les classes A, B, C et D se voient les plus protégées avec une baisse de prix de seulement 0,2 % depuis le début d’année, les passoires énergétiques (F et G) enregistrent, quant à elles, la baisse la plus importante, avec moins 0,7 % sur la même période. « Dans ce nouveau contexte de marché, les vendeurs de passoires thermiques font face à une triple peine. Non seulement leurs biens entrent sur le marché dans un contexte baissier, mais leurs prix de mise en vente souffrent de plus d’une décote du fait de leur mauvaise valeur verte. Enfin, leurs biens sont davantage négociés, puisque les acheteurs identifient très clairement le DPE comme un levier de négociation majeur », ajoute Thomas Lefebvre.
Enfin, alors que les biens de catégorie E seront interdits à la location en 2034 et connaissent déjà une décote de 4,7 % par rapport aux biens de catégories supérieures, la baisse de prix est d’ores et déjà plus marquée sur ces biens, avec une baisse de 0,4 % depuis le début de l’année, que celle observée sur les catégories supérieures A, B, C, D, qui s’affiche à moins 0,2 %.
Stéphanie Marpinard
Après avoir évolué pendant 10 ans au sein d'un groupe spécialisé dans les médias étudiants, l’orientation professionnelle et la gestion de carrière, en tant que rédactrice en chef adjointe, Stéphanie Marpinard a choisi de travailler à son compte et collabore depuis à différents médias. Ses domaines de prédilection sont entre autres l'immobilier, l'emploi et les ressources humaines.