Après des années records, le marché immobilier résidentiel est en train de se retourner et le secteur échappera difficilement à la crise dans les mois à venir. Le point sur les perspectives de la FNAIM divulguées lors de sa conférence de presse dédiée au bilan du premier semestre 2023 organisée le 13 juin dernier.
Après l’euphorie, la crise
« C’est dans un contexte de crise de logement annoncée impactant l’ensemble des secteurs, qu’il s’agisse du secteur locatif, de l’accession à la propriété, du secteur du neuf et en attente de dispositions et de propositions pour une refondation comme le CNR l’avait exprimée et dont les conclusions ont apporté malheureusement beaucoup de déceptions, que nous nous réunissons », observe en préambule Loïc Cantin, le président de la FNAIM. Il faut dire que les perspectives annoncées par la Fédération ne sont guère réjouissantes.
Ainsi, sur les 12 mois glissants, le nombre de transactions tombe à 1 069 000 ventes en mars 2023, soit son plus bas niveau depuis février 2021 et l’impact de la crise sanitaire, et bien loin des 1 206 000 ventes enregistrées en août 2021.
Pire, selon les prévisions de la FNAIM, l’année 2023 devrait repasser sous la barre du million de transactions, pour atteindre environ 950 000 ventes sur l’année, soit un recul de 15 % des volumes par rapport à l’année 2022 et le niveau le plus bas des sept dernières années. « 2023 marque le pas et va à l’encontre de la dynamique précédente et affiche un retournement qui risque malheureusement de se poursuivre encore en 2024 », analyse Loïc Cantin. Non seulement, cette chute représente plus de 150 000 transactions en moins par rapport à l’année 2022, mais elle constituerait également la deuxième plus forte baisse des 50 dernières années. Les principales raisons de ce retournement de marché ? « L’effet de l’inflation de ces derniers mois et les difficultés croissantes dans l’accès au crédit immobilier se font clairement ressentir sur le nombre de transactions qui chute drastiquement », explique le président de la FNAIM.
L’explosion des taux d’intérêt a ainsi réduit chaque mois le budget des ménages et de moins en moins d’acheteurs parviennent à trouver un crédit.
Et d’ajouter : « Il faut réaliser qu’entre janvier 2022 et mai 2023, les emprunteurs ont vu leur capacité d’emprunt chuter de 20 %, ce qui représente en moyenne une capacité d’achat en recul de 40 000 euros, c’est considérable ! », ajoute-t-il.
Une baisse des prix enclenchée
Quant aux prix, ces derniers subissent désormais de plein fouet le ralentissement du marché immobilier, même si la stagnation reste mesurée sur un an, puisque les prix restent en légère hausse de 2,9 %. En revanche, force est de constater que la chute est bien plus marquée sur le dernier trimestre avec des prix en net recul de 1 %. A noter que ce sont les maisons qui subissent la plus forte baisse des prix, avec un recul de 1,7% sur les trois derniers mois, contre une stagnation totale à 0 % sur le prix des appartements. « Nous prévoyons une poursuite de cette dégradation dans les semaines et mois à venir. Sur l’ensemble de l’année 2023, les prix devraient connaître une baisse d’environ 5 %… ce qui représenterait une baisse réelle de presque 10 % conjuguée à l’inflation ! », précise Loïc Cantin.
Un Gouvernement sourd et aveugle
Tensions sans précédent sur le marché locatif, obligations de rénovation énergétique, difficulté d’accès au crédit… les professionnels de l’immobilier n’ont eu de cesse d’alerter le Gouvernement depuis plusieurs mois. Et depuis la restitution des propositions du Conseil national de la refondation “logement” qui était pourtant attendue depuis plusieurs mois, le torchon brûle plus que jamais entre les deux parties. « Ces propositions ne sont pas à la hauteur des enjeux et de la crise à laquelle nous sommes confrontés et ne répondent à aucune des urgences identifiées. Le Gouvernement manque d’une vraie vision sur le logement, mais le pays ne peut plus en faire l’économie », a ainsi prévenu Loïc Cantin au cours de la conférence de presse, regrettant que les propositions simples et ambitieuses de la FNAIM n’aient pas été entendues par les pouvoirs publics.
Parmi celles proposées pour préserver les capacités d’accession des Français, on peut ainsi citer :
Le développement de la transférabilité et la portabilité des prêts.
La réintroduction de la mesure de déduction des intérêts d’emprunt pour l’acquisition d’une résidence principale.
La mobilisation du Pinel par les primo-accédants
La réduction du coût à l’acquisition du neuf grâce à une compensation de la différence de prix entre logement libre et social.
La FNAIM a également tenu à rappeler la situation inquiétante du marché locatif. « Avec l’effet de la Loi Climat à l’horizon et un faible renouvellement par le neuf, nous allons faire face très vite à une pénurie de biens à la location. La rentrée de septembre risque d’être difficile. », a alerté Loïc Cantin. Et de conclure : « Il y a urgence à rassurer les bailleurs en repensant l’accompagnement de l’investissement locatif, à la fois dans le neuf et dans l’ancien. La reconduction du bouclier tarifaire sur les loyers sans concertation est un ultime signal particulièrement funeste envoyé à destination des bailleurs. »
Après avoir évolué pendant 10 ans au sein d'un groupe spécialisé dans les médias étudiants, l’orientation professionnelle et la gestion de carrière, en tant que rédactrice en chef adjointe, Stéphanie Marpinard a choisi de travailler à son compte et collabore depuis à différents médias. Ses domaines de prédilection sont entre autres l'immobilier, l'emploi et les ressources humaines.
Par Chris, il y a 2 années
Est-ce que la baisse des prix est la même pour les différents types de biens (appart/maison) et selon les zones géographiques ?
Comtpe tenu des prix des dernières années, est-ce un moindre mal pour réajuster un marché en surchauffe ?
Par EC, il y a 2 années
Intéressant de comparer avec l’analyse nettement plus éclairée et éclairante publiée deux jours avant par Michel Mouillart.