Avec l’entrée en vigueur début janvier de l’interdiction de location des biens G+, la loi Climat et Résilience se fait de plus en plus présente dans les projets immobiliers des Français. Quels sont les réels impacts sur le marché immobilier ? Eléments de réponse d’après une enquête de Seloger qui s’appuie sur une analyse économique basée sur 5 millions d’annonces et sur une étude d’opinion menée par OpinionWay auprès de 5 000 Français.
De nombreux propriétaires n’ont pas attendu les différentes échéances de la loi pour passer à l’action : les passoires thermiques représentent aujourd’hui 19,2 % de l’ensemble des biens mis en vente sur SeLoger contre 11,2% en 2020. « Derrière cette hausse se cachent plusieurs réalités. Il est important de noter que le nouveau mode de calcul et l’obligation de renseigner la classe DPE dans les annonces de biens en vente ont contribué à cette augmentation. Le DPE a aussi joué un rôle clé dans les décisions de vente pour l’ensemble des biens immobiliers : qu’il s’agisse de résidence principale, d’investissement ou de résidence secondaire », précise Thomas Lefebvre, directeur scientifique de SeLoger.
Si seuls les propriétaires bailleurs d’un bien énergivore sont aujourd’hui visés par la loi, force est de constater qu’ils ne sentent pas les seuls concernés. Ainsi, 31 % des propriétaires de résidence principale et 50 % des propriétaires de résidence secondaire ont décidé de vendre leur bien en raison d’un mauvais DPE. « Ce mouvement peut s’expliquer par les craintes que peuvent représenter de tels logements en termes de coûts et de temps de rénovation, par l’importance du coût énergétique dans un contexte inflationniste et par une éventuelle anticipation de perte de valeur du bien par les propriétaires », observe Thomas Lefebvre.
DPE : un nouveau critère de choix pour les Français qui impacte les prix
Autre constat intéressant de l’enquête de SeLoger : même s’ils sont encore 71 % à ne pas connaître les nouvelles réformes qui lui sont associées, 8 Français sur 10 ont déjà entendu parler du DPE. Et ce dernier fait désormais partie des critères de choix. Ainsi, 90 % des futurs acquéreurs déclarent d’ores et déjà ne visiter que les biens ayant un bon DPE ou considèrent un mauvais DPE comme un argument de négociation.
Résultat : le DPE impacte désormais à la fois l’offre et la demande des biens. Du côté des intentions, 40 % des futurs acheteurs considèrent ainsi un mauvais DPE comme un levier de négociation. En parallèle, 79 % des vendeurs de résidence principale et 57 % des vendeurs d’investissement locatif se disent prêts à baisser leur prix à cause du DPE de leur bien. Ainsi, les passoires sont proposées sur le marché à un prix de vente en moyenne 3,9 % moins cher qu’un bien équivalent non passoire. Autre conséquence, les transactions liées aux passoires thermiques sont plus négociées que pour les autres biens : près de 70 % des appartements classés F ou G sont ainsi négociés dans les 10 plus grandes villes (hors Paris), contre 61 % pour les biens des classes supérieures.
« Avec un stock de passoires plus important sur le marché qu’il y a 18 mois, des acheteurs plus avertis et des vendeurs prêts à revoir leur prix à la baisse, le DPE est devenu un vrai critère de valorisation », conclut le directeur scientifique de SeLoger.
Après avoir évolué pendant 10 ans au sein d'un groupe spécialisé dans les médias étudiants, l’orientation professionnelle et la gestion de carrière, en tant que rédactrice en chef adjointe, Stéphanie Marpinard a choisi de travailler à son compte et collabore depuis à différents médias. Ses domaines de prédilection sont entre autres l'immobilier, l'emploi et les ressources humaines.