Oui c’est une évidence, nous sommes au pays des injonctions contradictoires !
Chacun se souvient de la promotion des moteurs diesel, puis de leur bannissement, alors que les nouveaux sont moins polluants que les moteurs essence ! Que dire de l’électrique : la fin du moteur thermique est programmée, donc ruons-nous sur l’électrique… Mais quid de la réorganisation de la filière, des chargeurs nécessaires, du recyclage et de l’augmentation du prix de l’électricité ?
L’immobilier et le logement n’échappent pas à ces injonctions. Les professionnels rappellent depuis 15 ou 20 ans que la France manque structurellement de logements. Dès lors, le triptyque Vision – Stratégie – Moyens a-t-il inspiré les politiques publiques successives ? Il est permis d’en douter.
Jugez plutôt : on met en place des mesures d’incitation à l’investissement et à l’achat, mais la production de logements neufs est en berne, le nombre de maisons individuelles neuves plonge. Les promoteurs hésitent à lancer leurs chantiers face à l’augmentation des matériaux et aux difficultés de financement des acquéreurs. En cause notamment, les normes applicables qui renchérissent le coût de construction et réduisent la surface des logements ; en cause également la règlementation du Zan, dont à peu près personne ne connaît le mode d’emploi réel. Ce flou attise les tensions et les spéculations intellectuelles.
Une rénovation énergétique qui commence mal
Prenons ce qui est sans doute LE sujet majeur : la rénovation énergétique. Le besoin est réel, l’intention louable, le consensus unanime : oui, il faut la faire ! Mais pourquoi commencer par fixer un ultimatum et un calendrier que l’on sait ne pas pouvoir tenir ?
Entre 6 et 8 millions de passoires thermiques sont annoncées et un propriétaire sur quatre concerné veut vendre. Mais on s’interroge sur la fiabilité et le référentiel des diagnostics ; il ne serait pas indécent de se questionner aussi sur les compétences et ressources disponibles de la filière. Ma Prime Rénov montre ses limites : les premiers litiges arrivent sur le remboursement et la majorité des travaux n’aboutissent pas à une rénovation efficace. La Cour des comptes indique que pour 2021, sur 644 000 dossiers, 2 500 logements seulement sont sortis du statut de passoire thermique ! Le compte n’y est pas. La rénovation du parc complet est estimée à 182 Md d’euros, soit un peu plus de sept points de PIB : quid du financement ? Comment permettre aux ménages modestes et aux personnes âgées (souvent premières victimes de l’inconfort thermique) de réaliser les travaux indispensables ?
La transition verte doit être une priorité, non au détriment de l’accès au logement. Cette transition doit être accompagnée, expliquée. Un mode d’emploi détaillé semble constituer une requête légitime, non ?
On peut parvenir au même résultat en expliquant d’abord pourquoi, puis en questionnant le « comment » et enfin, définir un objectif dans le temps. Nous avons besoin de méthode et de planification : n’avons-nous pas un commissaire au plan ? Sa parole et ses orientations nous seraient utiles !
« Le logement pourrait être à l’origine de la prochaine crise sociale. »
L’accès au crédit en panne
Enfin, l’accès au crédit interroge : dégradation des conditions d’emprunt, une durée qui augmente mais ne suffit plus à compenser l’augmentation des taux… Et pourtant, si l’on compare l’inflation et les taux d’emprunt, l’avantage reste à l’emprunt et le différentiel est en faveur de l’emprunteur. Oui mais plus d’un dossier sur deux ne passe pas le cap ! La baisse de production de crédits dépasse 30 % en septembre sur une année glissante. Le taux d’usure, ou plutôt son calcul, n’est plus en phase avec le marché.
Le logement pourrait être à l’origine de la prochaine crise sociale, il ne peut être traité comme un sujet sectoriel, règlementaire et technocratique. C’est un sujet de société avant tout !
Gageons que ces préoccupations sont partagées par Loïc Cantin, nouveau président de la FNAIM qui devra porter notre parole. Félicitons-le et faisons lui confiance !
Bernard Cadeau a débuté une carrière d’agent immobilier en 1979 en achetant une agence membre du réseau Orpi. Après avoir occupé différentes fonctions locales et nationales, il a dirigé Orpi France durant 18 ans dont 12 en qualité de président national.
Au cours de ces années, il s’est attaché à faire progresser la notoriété de la marque Orpi, sa performance commerciale, l’élargissement des métiers ainsi que son influence médiatique.
Homme de projets et de convictions, il s’est toujours attaché à raisonner globalement et dans l’intérêt de la profession. Il est ainsi Co fondateur du système de partage de mandats AMEPI, du portail Bien ici ;il a siégé au CNTGI .
Passionné par les sujets économiques, politiques et sociétaux, il intervient dans de nombreux débats ; il est le référent logement de l’Institut Sapiens.
Il est reconnu comme l’un des spécialistes du logement et de l’immobilier en France.
Il est également chroniqueur et conseil.
Il est enfin, à ce jour, Délégué général de Partage+, association dont l’ambition est de fédérer l’ensemble des systèmes de partage de mandats exclusifs ainsi que tous les professionnels qui ne partagent pas encore leurs mandats.
Cela fait des lustres que je dis que ce plan de rénovation émerger tique, en l état, n est pas tenable. En cela je reprends vos propos.
Le paradoxe flagrant est par exemple que les gens elligibLes au plan n ont pas accès au prêt pour des questions de capacité d emprunt ou bien d age, et à l extrême ceux qui auraient les capacités ne sont pas elligibLes en dépassant les plafonds. Et encore il faut suivre car les changements sont fréquents.
Par RUSSET, il y a 2 années
Cela fait des lustres que je dis que ce plan de rénovation émerger tique, en l état, n est pas tenable. En cela je reprends vos propos.
Le paradoxe flagrant est par exemple que les gens elligibLes au plan n ont pas accès au prêt pour des questions de capacité d emprunt ou bien d age, et à l extrême ceux qui auraient les capacités ne sont pas elligibLes en dépassant les plafonds. Et encore il faut suivre car les changements sont fréquents.
Tout cela relève de l intox