Les dispositifs d’aide ont fait l’objet de réformes avec la loi Climat. Soyez-en informés pour accompagner les projets de particuliers.
Inscrite dans le programme gouvernemental comme priorité environnementale, la rénovation emporte bien des enjeux : l’économie énergétique, la contribution à la responsabilité climatique individuelle, mais aussi ne l’oublions pas, la valorisation du patrimoine immobilier. À cet égard, la rénovation est le moyen d’adapter les logements aux nouveaux usages et modes de vie des particuliers. Ainsi, les pouvoirs publics ont élaboré des dispositifs d’aide à la rénovation, parfois complémentaires ou cumulables. Parcourons les solutions existantes.
Pourquoi rénover ?
Notons qu’il y a trois bonnes raisons majeures de procéder à une rénovation, tenant autant aux motivations personnelles des particuliers qu’à un télescopage de conjoncture.
La rénovation permet de se sentir bien chez soi. Après trois confinements, force est de constater que l’on a réappris à apprécier son bien-être résidentiel. L’occupation permanente des biens nous a conduit à voir des modifications nécessaires. Rénover, c’est ainsi réaménager, améliorer, transformer.
La rénovation permet aussi de revisiter les installations : électriques, connectiques, domotiques et énergétiques. Les matériaux, les technologies, ont énormément évolué et l’aménagement des logements doit être repensé pour accueillir les nouvelles technologies. Pour les propriétaires, mieux vaut ainsi anticiper l’évolution d’usage du bien dans le temps et l’entretenir, que ce soit pour soi ou pour mieux le revendre plus tard.
Enfin, le dynamisme du marché de la transaction immobilière a porté sur les biens de bonne qualité ou répondant aux attentes des candidats à l’accession. Rénover, c’est donc aussi se garantir une capacité de vendre dans de bonnes conditions de marché. Il est avéré que les biens proposant des prestations de qualité ou d’une plus grande fraîcheur seront les mieux protégés dans les futures négociations.
Quand on a plus le choix
Dans le décret 11 janvier 2021, la loi indique que tout logement dont la consommation énergétique est supérieure à 450 KWh/m² et par an est considéré comme un logement « exagérément énergivore ». Une définition implicite de « passoire thermique ». De fait, les critères des DPE ont été révisés au 1er janvier 2021. Ainsi, à partir du 1er janvier 2023, tout nouveau locataire prenant un logement dont les performances seront segmentées F ou G pourra exiger de son bailleur la réalisation immédiate de travaux. Pour ce faire, la loi Climat et résilience a fixé un échéancier, interdisant la location des logements classés G à compter du 1er janvier 2025, des logements classés F à compter du 1er janvier 2028, puis des logements classés E au 1er janvier 2034.
En Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, à La Réunion et à Mayotte : les logements classés G seront interdits à la location à compter du 1er janvier 2028, et les logements F à compter du 1er janvier 2031.
Les dispositifs destinés à la rénovation
1) L’Éco-PTZ
Récemment révisé, l‘ÉcoPTZ est un prêt à la consommation socio-environnemental, sans garantie et sans intérêt, dont l’objet doit répondre aux objectifs environnementaux et énergétiques des pouvoirs publics. Actuellement, ce prêt est distribué sans condition de ressources pour les propriétaires occupants, mais aussi pour les bailleurs privés, y compris via des SCI à l’IRPP (sous certaines réserves) ainsi que pour les copropriétés. Son montant a été porté de 30 à 50 000 € et la durée de remboursement de 15 à 20 ans. L’Éco-PTZ est cumulable avec la plupart des autres dispositifs nationaux voire régionaux.
2) MaPrimRenov’
MaPrimRenov’ sert de dispositif pivot aux décisions gouvernementales dans le cadre du Plan Climat et Résilience. Depuis le 15 avril 2022, les subventions et aides ont été majorées pour tenir compte de la hausse des prix de l’énergie. De plus, la rénovation énergétique a intégré le remplacement d’équipements à combustion fossile par des équipements modernes moins énergivores. MaPrimRenov’ est accessible aux personnes physiques, bailleurs ou propriétaires occupants, ainsi qu’aux copropriétés pour les parties communes. Les conditions d’octroi ont été simplifiées, mais les montants accordés demeurent proportionnels aux revenus du demandeur. Le dispositif est cumulable avec la plupart des autres aides.
3) Le chèque énergie 2022
Dispositif mis en place en 2018 afin d’aider les ménages à acquitter leurs dépenses d’énergie, le chèque énergie est ouvert aux personnes physiques sous conditions de ressources et sous réserve que le logement occupé soit imposable (mais pas forcément imposé) à la taxe d’habitation. Son utilisation a été élargie aux travaux et à l’installation de systèmes de chauffage, dès lors que les matériels sont fournis ou les travaux réalisés par des professionnels labellisés RGE. La date limite d’utilisation du chèque énergie est portée au 31 mars 2023.
4) Le prêt AvanceRénovation
Dernier né des dispositifs gouvernementaux, le Prêt Avance Rénovation est un crédit bancaire hypothécaire destiné aux personnes physiques — âgées dans son objectif —, propriétaires de leur résidence principale, sous conditions de ressources, afin de leur permettre de réaliser les travaux nécessaires à leur maintien dans le logement, et touchant à l’amélioration de la consommation énergétique de leur bien.
Les travaux financés sont :
l’isolation thermique des toitures, des planchers bas, des murs extérieurs ou des parois vitrées et portes donnant sur l’extérieur ;
le remplacement, la régulation ou l’installation de systèmes de chauffage ;
l’installation d’équipements de chauffage ou la production d’eau chaude sanitaire utilisant une source d’énergie renouvelable.
Le montant du PAR est laissé à l’initiative des banques distributrices, qui doivent signer une convention avec l’État. Le taux d’intérêt est fixe, défi i par décret.
Des professionnels labellisés
En complément de ces dispositifs, le propriétaire occupant ou bailleur peut également recourir au crédit bancaire classique pour financer ses travaux de rénovation. L’emprunteur devra veiller à l’impact des critères du Haut Conseil à la Stabilité Financière. Si le bien est en cours de relocation, les travaux et leur importance peuvent conduire à une impossibilité de relocation immédiate. Il conviendra de prévoir avec la banque un différé du remboursement du crédit, afin de ne pas supporter la charge de remboursement sans revenus locatifs en contrepartie.
Dans tous les cas, privilégier l’intervention d’un professionnel labellisé RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) permet de se préserver de toute remise en question du droit d’accès aux dispositifs d’aide. Il faudra être attentif à détailler les travaux, les matériaux et équipements fournis, sauf à avoir une mauvaise surprise lors de la fourniture de la facture en justificatif de la déduction fiscale.
Bruno ROULEAU est co-fondateur et Délégué Général de la Fédération du Courtage en Crédit. Diplômé du CNAM dans le secteur bancaire, cadre durant une 20aine d’années au sein de 4 groupes bancaires. Il bascule dans le secteur de l’intermédiation bancaire en 2004, d’abord chez In&Fi Crédits qu’il rejoint peu de temps après leur création. Il en devient associé aux côtés de Pascal BEUVELET, crée avec lui l’IFIB (Institut de Formation) et l’activité de Financement Professionnel. Il y occupe aussi la fonction de Directeur des Partenariats, de l’Animation et Porte-Parole de l’enseigne. En 2010, il rejoint CAFPI au sein de la Direction Générale et du Comité Exécutif, en charge des Grands Accords, de l’Economie Sociale et de l’Organisation Interne.
Passionné par l’entrepreneuriat, il crée en 2015 son cabinet de conseil en Formation et de conseil pour accompagner les entreprises et les réseaux dans leur virage digital, notamment dans la gestion de la relation Client. Revenu dans le secteur du courtage en crédit en 2018, il retrouve d’abord In&Fi Crédits comme membre du Comité de Direction, Directeur des Partenariats et Porte-Parole, et devient parallèlement secrétaire puis Président de l’APIC, avant de passer Secrétaire Général chez La Centrale de Financement, puis Directeur de la Stratégie et de l’Innovation, et Porte-Parole chez AFR Financement, tout en étant administrateur de la CNCEF Crédits jusqu’en juillet 2024. Il est également auteur d’ouvrages sur le courtage en crédit, référent réglementaire au sein d’organismes de formation, et intervenant en Faculté des Métiers.