Le Conseil en assurances Bessé a organisé le 16 mars dernier une nouvelle édition de son Immo Talk’s. L’objectif de l’évènement ? Réunir des experts du secteur immobilier pour échanger sur la transition environnementale des logements. Focus sur les grandes lignes à retenir de cette table ronde présidée par Henry Buzy-Cazaux, président de l’Institut du Management des Services Immobiliers.
La loi Climat et Résilience du 22 août 2021 entend s’attaquer à la rénovation de millions de passoires thermiques réparties sur tout le territoire. Selon les DPE, 7 à 8 millions de logements seraient ainsi classés F ou G et donc concernés par la première échéance d’août 2022, date butoir à laquelle sera appliqué un gel des loyers puis un retrait pur et simple du marché locatif. Une nouvelle donne qui doit inciter au plus tôt les gestionnaires, syndics ou encore propriétaires à se mobiliser pour organiser le financement et la réalisation de travaux de rénovation d’envergure.
« Une réelle prise de conscience s’est opérée chez les administrateurs de bien comme chez les copropriétaires. Jusqu’ici dans une posture attentiste, ils ont aujourd’hui pris conscience qu’un passage à l’action était indispensable », souligne Isabelle Rey-Lefèvre, Journaliste au Monde. Il faut dire que jusqu’à présent la notation énergétique avait peu de conséquence sur le prix de vente, ce qui pourrait ne plus être le cas dans les mois à venir. Pour la journaliste, certains instruments financiers pourraient encourager la réalisation de ces travaux. « L’épargne dédiée à l’entretien de la copropriété, associée à des prêts de long terme, permettrait de lisser les coûts des travaux de rénovation énergétique sur des périodes qui les rendent digestes », explique-t-elle. Et de conseiller : « Pour susciter l’adhésion des professionnels de l’immobilier, il faut mettre en lumière les projets de rénovation de grande envergure qui ont réussi et contribué à augmenter la valeur de l’immeuble et des logements le composant. »
Pour Pierre Evrard, Chargé de mission développement durable et rénovation énergétique de la FNAIM, s’il existe chez les syndics et les administrateurs de biens un véritable enthousiasme à l’idée de compléter leur offre de service avec la rénovation énergétique, le véritable écueil est le calendrier de la Loi Climat et Résilience particulièrement serré et jugé intenable.
« Les syndics de copropriété souffrent d’une image dégradée. Pourtant, ils ne sont pas responsables du manque d’engouement pour les travaux de rénovation. Les freins financiers sont réels et les mécanismes étatiques ne sont pas à la hauteur des enjeux », rappelle, de son côté, Patrice Petit, consultant administration de biens d’ORPI. Pour ce dernier, la problématique est ailleurs : ainsi, « 50 % des agents immobiliers seulement ont une réelle compréhension des conséquences de la Loi Climat et Résilience sur le marché de l’immobilier. Et ceux qui les connaissent ont la certitude que les échéances seront repoussées, tant elles semblent incongrues face à l’absence de mesures incitatives ». Quant aux acheteurs, ils ne sont pas suffisamment aidés pour investir dans de tels travaux. Pour preuve, le montant moyen de la prime rénov’ distribuée en 2021 est de 3 200 euros alors qu’il faut investir 40 000 euros en moyenne pour des travaux de rénovation « globaux ».
Pour David Chouraqui DG de Crédit Agricole Services Immobiliers, la loi climat-résilience est une formidable opportunité de valoriser les métiers de l’immobilier, souvent difficiles et exigeants, mais aussi d’attirer les jeunes diplômés en quête de sens. La transition environnementale donne un sens majoré à l’administration de biens. Et de prôner : « Il faut en outre que les diagnostiqueurs, les architectes, les organismes financiers travaillent ensemble à créer une authentique doctrine de la rénovation énergétique, qui pourra être déclinée par territoire et par type de bien. »
« Une réflexion conjointe doit s’opérer entre tous les acteurs du monde immobilier pour relever ce défi, qui constitue aussi une belle opportunité de réhabiliter des professions souvent méconnues et parfois décriées », conclut, pour sa part, Henry Buzy-Cazaux, président de l’IMSI.
«Bessé organise depuis 5 ans maintenant un cycle de conférence Immo’Talks sur les sujets d’actualité de l’administration de biens. La réunion du 16 mars dernier a rassemblé une cinquantaine de professionnels sur le thème de la transition environnementale et des défis auxquels doivent faire face les administrateurs de biens pour être en capacité d’accompagner leurs clientèles de propriétaires et/ou co-propriétaires. En synthèse si le chantier de la transition est énorme, les opportunités le sont également pour les administrateurs de biens et renforcer ainsi leur rôle de conseil.» Bertrand Mulot, Directeur Bessé Immobilier & Construction