« La crise ? Quelle crise ? » Selon une étude réalisée par Belles Demeures avec l’institut OpinionWay, le marché immobilier de luxe fait preuve de résilience face à la pandémie. Malgré l’absence de la clientèle étrangère, ce segment de niche reste dynamique, porté par l’optimisme (donc l’opportunisme) des acheteurs et des prix qui se stabilisent (pour l’instant).
C’est un secteur qui ne connaît pas la crise. L’immobilier de luxe affiche une santé insolente, selon une étude réalisée au printemps dernier par Belles Demeures avec l’institut OpinionWay auprès de 400 répondants. « C’est le seul marché qui a connu un véritable boom au cours des 18 derniers mois », confirme Solange Roblot, chef de marché luxe au sein du groupe SeLoger.
Face à l’incertitude sanitaire, économique, sociétale…, la pierre n’a jamais autant été considérée comme une valeur refuge, y compris par les acquéreurs les plus fortunés. Les porteurs de projets sont donc confiants : à hauteur de 83 %, contre seulement 67 % en 2019. L’absence de clients étrangers sur le segment du luxe n’a pas menacé le volume de transactions. « En moyenne, les agences spécialisées dans l’immobilier de luxe ont enregistré une croissance de 30 % durant la crise sanitaire, preuve que les acquéreurs français ont largement compensé l’absence des acquéreurs étrangers », indique-t-elle.
L’immobilier de luxe s’exporte en province
Si la crise sanitaire n’a pas refroidi les velléités des acheteurs de placer leurs capitaux dans des biens de luxe, elle a impacté leurs critères de recherches. « La demande des acquéreurs a changé suite aux confinements. Ils recherchent des biens plus grands, souvent de plus de 120m2. La surface moyenne des biens de luxe a d’ailleurs augmenté de 12 % en l’espace d’un an », explique-t-elle. L’espace extérieur a également pris davantage d’ampleur. Outre l’Ile-de-France, qui concentrait encore 30 % des recherches au mois de juin, les recherches portent sur de nouvelles régions, jusqu’ici peu associées à l’univers du luxe. En l’occurrence : la Nouvelle Aquitaine (la Charente, la Gironde…), Auvergne-Rhône-Alpes et la Bretagne. Dans ces territoires comme en Ile-de-France, les projets d’acquisition portent sur une propriété ou villa (42 % des demandes), un appartement (27 %) ou un château ou un manoir (20 %). Les futurs acheteurs recherchent avant tout une résidence, le plus souvent principale (66 %).
La tension est soutenue mais les prix stagnent
À la différence du marché résidentiel classique, où les prix flambent quasiment partout en France, « les prix dans l’immobilier de luxe restent globalement stables », assure Solange Roblot, « notamment sur le segment de marché des biens entre 600 000 et 2 millions d’euros. » La demande a beau être vive dans l’univers du luxe, le marché ne s’emballe donc pas : + 1 % d’augmentation sur un an avec 8871 euros/ m2 en moyenne en France, selon les prix affichés au sein du portail Belles Demeures. Les prix resteront-ils dans cette dynamique ? Rien n’est moins sûr. Selon l’étude de Belles Demeures, 41 % des sondés sont prêts à consacrer plus d’1,5 million d’euros dans leur projet immobilier, contre 27 % en 2020. Preuve que les acquéreurs fortunés sont prêts à mettre la main au portefeuille pour changer de vie. C’est d’autant plus vrai que « le marché du luxe est connu pour être irrationnel et pour fonctionner au coup de cœur », rappelle Solange Roblot.
L’émergence de la résidence « semi-principale »
Dans l’immobilier de luxe, les délais des cycles de vente se sont raccourcis avec la crise sanitaire. En moyenne, un bien est vendu en 110 jours, contre 136 en 2020, pour un budget d’1,52 millions d’euros. L’optimisme est donc bel et bien là : 64 % des sondés pensent que c’est le bon moment d’acheter, contre seulement 38 % en juin 2020. Plus de la moitié des sondés (58 %) souhaitent sauter le pas d’ici 12 mois.
Cet élan est également porté par une nouvelle tendance dans les modes de vie. En généralisant le travail à distance, la crise sanitaire a également fait émerger la notion de résidence semi-principale, qui consiste, par exemple pour un couple de parisiens, de garder un pied-à-terre à Paris et d’investir dans un bien plus spacieux en province, qui sera occupé une partie de la semaine, pendant les jours de télétravail. Autrefois réservée aux week-end et aux vacances, la résidence secondaire acquiert donc une nouvelle dimension.
Aurélie Tachot est une journaliste spécialisée dans l'immobilier, qu'elle aime aborder sous le prisme des innovations, notamment technologiques. Après avoir été rédactrice en chef de plusieurs médias spécialisés, elle collabore avec Le Journal de l'Agence afin de rédiger des articles d'actualité sur les acteurs qui font l'immobilier d'aujourd'hui et qui feront celui de demain.