Les données disponibles grâce à l’open-data constituent une véritable mine d’or pour les propriétaires et les locataires… mais encore faut-il avoir les connaissances de l’immobilier et les compétences technologiques pour les exploiter. L’analyse de Benoit Mazzetti, CEO de Bernie.
L’open-data : un trésor d’informations brutes
En janvier 2011, la Mairie de Paris, sous l’impulsion de son maire Bertrand Delanoë, lançait le premier site public français de partages de données***. Venue des États-Unis, cette démarche était une vraie petite révolution pour l’administration française.
Depuis, l’idée a fait son chemin, et ce sont de nombreux acteurs publics tels la RATP* et l’éducation nationale** qui mettent en ligne leurs données, pour permettre aux citoyens de s’informer, aux entreprises de créer des services innovants et aux chercheurs de faire avancer leurs travaux.
L’administration fiscale publie elle aussi les transactions immobilières enregistrées en France, et son site permet de recueillir des informations précieuses, mais encore peu mises à profit.
Des informations précieuses pour louer, acheter et investir
Si toutes ces données sont disponibles, les exploiter n’est en effet pas à la portée du premier venu, et à moins d’être data scientist les particuliers disposent rarement de la compétence requise pour en tirer des informations exploitables.
Dans le domaine de l’immobilier, combiner des données issues de différentes sources et les harmoniser pour obtenir une analyse transverse qui prenne en compte des éléments de typologie, de prix, de quartier etc. demande une double expertise technique et immobilière. C’est cette vision d’ensemble qui peut permettre à un locataire qui cherche à louer un bien ou à un propriétaire qui veut louer le sien, d’avoir une meilleure compréhension du marché.
Et si la richesse que l’on peut puiser dans les données est immense pour acheter ou louer, elle l’est bien sûr aussi pour investir, car l’analyse massive des données recèle un potentiel prédictif extraordinaire pour qui sait y appliquer les bons algorithmes. Un propriétaire qui veut faire un investissement locatif peut ainsi obtenir une estimation fiable de la rentabilité d’un bien et de son évolution, grâce à son quartier, son année de construction, sa typologie, ou encore aux prévisions à la baisse ou à la hausse des loyers, en fonction des évolutions passées et de nombreux facteurs externes (par exemple l’investissement public dans les infrastructures, l’évolution du taux chômage, la pyramide des âges, les comportements locaux de constitution de patrimoine, etc.).
Cibler précisément son besoin pour trouver exactement son bien
Avec l’exploitation des données, la finesse d’une recherche immobilière peut même être poussée plus loin, pour trouver le lieu qui correspond exactement à ses besoins. Trop souvent, les particuliers font l’erreur de partir de leur budget et de ne s’intéresser qu’après à la localisation ou aux spécificités du bien potentiel. Or, en puisant dans les données publiques disponibles, l’open-data permet non seulement de prendre en compte les prix
au m2, mais aussi les éléments du quartier, de la vie commerçante et, par exemple, des écoles proches.
Il peut donc y avoir trois façons d’aborder la recherche immobilière : soit en ignorant l’existence des données et en achetant à partir du seul prix de l’appartement ou de la maison. Le risque est de ne se rendre compte qu’a posteriori, par exemple, que l’école de son secteur ne correspond pas à ce que l’on souhaite pour ses enfants. Soit en connaissant la ressource des données, mais ne sachant pas les exploiter ni en ne voulant passer par un partenaire : le travail sera laborieux et souvent incomplet. Soit, enfin, en comprenant la nécessité de fonder sa recherche sur les données et en s’appuyant sur une agence compétente, pour s’éviter les précédents déboires et trouver le bien qui, par son prix et sa configuration, correspond précisément à la recherche. C’est autant de visites inutiles évitées.
Le moyen se trouver LE bien qui correspond à ses attentes existe : il passe par l’exploitation des données publiques, et peut comprendre des indications aussi riches que la vie de quartier, les écoles, et même la présence de parcs – utile si l’on a un chien à promener – de parkings à vélo proches – conseillé désormais à Paris – ou encore les espèces d’arbres aux alentours – bienvenu en cas d’allergie.
Si l’exploitation des données permet tout cela, elle implique en revanche des compétences spécifiques, qui ne sont pas celles d’une agence immobilière digitale classique. Trop souvent, en effet, « digital » désigne simplement le fait d’avoir un site en ligne. Le digital doit aller plus loin dans l’acception de son terme, avec une vraie expertise technique pour exploiter l’open-data. Les données sont au cœur de la nouvelle évolution numérique et augurent, pour l’immobilier comme pour les autres secteurs, une expérience client sans commune mesure avec ce que nous avons connu