Le premier confinement a montré la capacité des acteurs de la location à s’adapter en temps de crise grâce à la digitalisation.
Chacun s’accorde à dire que la sortie de ce nouveau confinement sera différente de la précédente : solvabilité des ménages, prudence des banques, anticipation de la baisse des prix, saisonnalité seront autant de freins à une reprise vigoureuse des ventes. L’occasion de redécouvrir la location, activité dynamique et porteuse d’avenir. Autrefois considérées comme peu rentables et rébarbatives, les locations étaient devenues l’activité périphérique des administrateurs de bien, quand elles n’étaient pas simplement l’affaire des particuliers.
Mais le législateur a changé la donne à deux reprises : la loi Alur est venue complexifier la réglementation, ce qui a poussé en faveur de l’intermédiation professionnelle. Puis la loi Elan a transformé l’ordonnancement des professions au travers des trois cartes T, G et S. Ce faisant, elle a rattaché la location aux titulaires de la carte Transaction, détachant cette activité des traditionnels cabinets de syndic et de gestion. C’est ainsi que de nombreuses agences immobilières se sont lancées sur ce marché, dont on estime qu’il génère environ un milliard d’euros d’honoraires chaque année. Une manne non négligeable en temps de crise.
Une activité en première ligne de la disruption
Autre évolution : ce sont les services de location et de gestion qui se sont disruptés les premiers. Les solutions d’externalisation de la gestion locative se sont massivement imposées dans les agences, et beaucoup d’entre elles choisissent de proposer ce service dans cette forme. Si le confinement a été douloureux pour certains petits gestionnaires confrontés aux difficultés de mise en place du télétravail, les services en ligne ont assuré la continuité de service, compte tenu de leur taille critique, de leur organisation et de leurs accès clients. D’autant que la publication des comptes et des documents, le paiement en ligne et les échanges par notifi cation sont devenus un standard, pour ne pas dire une exigence pour la plupart des clients.
Nouvelle étape de la transformation digitale, la numérisation des services de location est apparue au premier semestre 2020. Les solutions de dématérialisation sont arrivées à point nommé pendant le confinement pour permettre la continuité de la location : notification et collecte des pièces de solvabilité, validation des candidatures, rédaction du bail numérique et signature électronique ont permis à tous les utilisateurs de solutions en ligne de poursuivre la location des logements au temps des restrictions sanitaires.
«Les solutions de dématérialisation sont arrivées à point nommé pendant le confinement pour permettre la continuité de la location.», François Moerlen, fondateur de Locagestion
Une révolution acceptée par tous
Les premiers retours d’expérience montrent, outre la capacité de poursuivre l’activité en respectant les mesures sanitaires, une satisfaction marquée des clients. Les locataires jugent positivement de pouvoir constituer leur dossier et charger leurs justificatifs dans un espace collaboratif, et signer leur bail en ligne. Les propriétaires adoptent la souscription d’un mandat et de ses garanties en utilisant les mêmes outils. Dans le même temps, les flux de bailleurs évoluent fortement : le choix d’un agent immobilier se fait autant par sa visibilité et sa notation en ligne que sur sa proximité. Ainsi, les agences bien référencées et bien notées, qui proposent un service de location numérique, génèrent des leads bailleurs, eux-mêmes générateurs de mandats et d’honoraires.
La chaîne de la location ainsi digitalisée, couplée à l’autorisation de réaliser les états des lieux et de déménager, a permis à de nombreux professionnels d’assurer un minimum d’honoraires de location pendant le confi nement. Car en location, la visite virtuelle fonctionne très bien, notamment dans les zones tendues où l’offre est rare. Au moment où la préservation de la trésorerie est au centre des préoccupations des chefs d’entreprise, la perception rapide et régulière des honoraires, conjuguée à la dynamique d’un marché résilient, assurera la reprise d’activité des agences immobilières avisées.
François Moerlen est Président Délégué de la FNAIM (Fédération Nationale de l’Immobilier), en charge du développement numérique. Diplômé de l'Institut des Etudes Juridiques de l'Urbanisme et de la Construction, il est agent immobilier, administrateur de biens et syndic de copropriété à Toulouse. Fondateur de Locagestion, il a développé une solution collaborative de dématérialisation de la location, au service des agents immobiliers. Spécialiste de l’économie numérique appliquée au logement, il intervient sur le sujet de la transformation digitale des professionnels de l’immobilier (RENT, Congrès de l’Immobilier, Journal de l'Agence).