Élue pour 3 ans, le 25 juin dernier, à la présidence de l’UNIS, Danielle Dubrac souhaite donner un « nouveau souffle » au syndicat dans un contexte de crises successives et durables – sanitaire, économique, sociale. En désaccord, elle fait déjà entendre sa voix face à l’UNPI.
« Je souhaite que l’UNIS contribue activement à réaffirmer le rôle et la valeur des professionnels de l’immobilier, explique-t-elle. Notre syndicat, au plus près de ses adhérents dans les territoires, connaît leurs attentes et leur apporte l’information, la formation et l’innovation adaptées à leurs besoins pour être toujours au meilleur niveau d’offre et de compétence. C’est ce qui garantit la confiance de leurs clients finaux et le développement de leurs activités. Partenaire des politiques publiques de rénovation, de formation et d’emploi, l’Unis est et sera plus encore à l’avenir, un interlocuteur précieux pour les décideurs politiques et institutionnels au niveau local et national : sa connaissance de l’écosystème immobilier et son ancrage sur le terrain seront indispensables dans la mise en place du plan de relance. »
UNIS et l’UNPI en désaccord
Au sujet du communiqué de l’UNPI qui indique « qu’une profession joue contre l’intérêt de ses propres clients », faisant état d’un « positionnement anti-propriétaire », Danielle Dubrac affirme que l’UNIS ne se retrouve pas dans ses propos : « J’ai toujours indiqué qu’une telle loi n’a de sens que si les professionnels, les bailleurs et les locataires y trouvent un intérêt .»
Une proposition de loi du député Mickaël Nogal vise à « réconcilier les bailleurs avec les locataires »
La mesure n°1 a pour objet de rétablir la confiance autour de la restitution du dépôt de garantie :
« Selon les statistiques du ministère de la Justice, 65% des actions en justice engagées par les locataires portent sur la non-restitution du dépôt de garantie. Par crainte de se voir privés de cette somme à la sortie de la location, les locataires font le choix de plus en plus fréquent de ne pas payer le dernier mois de loyer, privant dans les faits les propriétaires de toute garantie. Pour mettre fin à cette méfiance réciproque, la proposition de loi prévoit que tout locataire devra confier son dépôt de garantie à un professionnel de l’immobilier, qui consignera ces fonds et les restituera, à la fin du bail, sur la base d’un accord entre propriétaire et locataire. »
Le rapport qui a précédé cette proposition de loi comportait 37 propositions dont la suivante
« Proposition 2 : En s’inspirant des dispositifs existant au Royaume-Uni, rendre obligatoire le versement des dépôts de garantie perçus par les propriétaires bailleurs dans le secteur privé auprès d’un organisme agréé qui le conservera jusqu’à la fin de la location. Ensuite, le dépôt de garantie pourra être reversé au locataire et/ou au bailleur en accord avec les deux parties, ou conformément à une décision judiciaire en cas de litige. Représentants des locataires, des propriétaires et des administrateurs de bien pourraient être associés à l’administration du dispositif. »
Pour l’UNIS, qui n’est pas à l’initiative de cette proposition, il n’est pas envisageable de confier les dépôts de garantie à un organisme même agréé lorsque la relation locative s’effectue dans le cadre d’un mandat de gestion avec un administrateur de biens. Cela aurait été trop lourd administrativement et source d’autres contentieux. Le séquestre par les professionnels de l’immobilier n’est pas une nouveauté : l’administrateur de biens est détenteur d’une garantie financière, d’une assurance de responsabilité professionnelle et d’une carte professionnelle délivrée par les chambres de commerce :
« Le séquestre des dépôts de garantie dans le cadre d’un mandat de gestion, c’est une pratique qui existe depuis l’origine ; cela n’a jamais posé de problème », précise Danielle Dubrac.
La filière immobilière a besoin de sérénité
Ayant désapprouvé le rapport qui préconisait la consignation auprès d’un organisme tiers, l’UNIS a donc très logiquement approuvé la proposition de loi. L’Unis n’est pas à l’origine ni du rapport ni de la proposition de loi du député Mickaël Nogal. Mais ce texte étant déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale, il est normal que l’Unis ait noué un dialogue sur des sujets qui touchent à la fois les professionnels, leurs clients et leurs parties prenantes, qu’ils soient propriétaires ou locataires. La filière immobilière a besoin de sérénité et se consacrer au Plan de relance qui vient au soutien de la rénovation, y compris auprès des bailleurs. L’UNIS a salué ce plan et entend s’y atteler pleinement.
« J’ai rencontré le président de l’UNPI très rapidement après mon élection, conclut-elle. Le présent malentendu permettra d’accélérer nos retrouvailles afin, je l’espère, de le dissiper, et que l’UNPI et l’Unis puissent continuer à œuvrer ensemble notamment au sein de l’observatoire CLAMEUR, outil indispensable pour suivre l’évolution du plan sur le secteur locatif ».