Les chiffres de la construction de logements à fin juin 2019 confirment une tendance à la baisse entamée depuis deux ans. Pour compléter la loi ELAN, des chantiers de réforme restent à ouvrir pour renouer avec la croissance.
La France construit de moins en moins de logements
En 2017, sur 12 mois, 501 000 logements ont été autorisés et 425 000 mis en chantier. Entre mi 2018 et mi 2019, toujours sur 12 mois, ces chiffres sont tombés à respectivement 460 000 et 398 000. Le point de bascule se situe mi-2017. Cette baisse est particulièrement sensible pour les logements ordinaires collectifs, qui font l’essentiel de l’offre dans les grandes métropoles où se concentrent les besoins : 260 000 autorisés en 2017, 230 000 entre mi 2018 et mi 2019. Ce sont donc près de 30 000 logements perdus en rythme annuel. Le niveau de construction reste élevé, mais la tendance est négative. Certes, les PC sont en très léger regain depuis deux mois, mais ce regain ne vaut pas pour les logements collectifs ordinaires (-5,8 %), et les mises en chantier restent mal orientées (-7,9 %).
Un problème plus structurel que conjoncturel
La demande des ménages, alimentée par les facilités du crédit immobilier et le choix du Gouvernement d’y maintenir les aides aux particuliers (PTZ et Pinel), reste soutenue dans les zones tendues. Si moins de logements sortent de terre, ce n’est donc pas faute de clients, mais de produits : les promoteurs pourraient mieux satisfaire la demande de logements s’ils pouvaient produire à due proportion. Or aujourd’hui, si la loi ELAN a apporté quelques réponses, sur les recours en particulier, les contraintes les plus fortes restent sans solution. Contraintes techniques et industrielles, d’une part, résultant des difficultés du secteur du BTP (hausse des coûts, défaillances d’entreprises etc.) ; contraintes politiques, d’autre part, liées au processus très long de révision des PLU en cours dans les grandes métropoles et à la difficulté d’obtenir des permis de construire (contexte électoral, complexité administrative etc.). Dans ce secteur comme dans d’autres, la France s’enferre dans des process administratifs trop longs, coûteux, peu agiles, qui pèsent sur l’activité, les prix, la croissance et l’emploi.
Pour Alexandra François-Cuxac, Présidente de la FPI France : « L’Etat devrait être vigilant sur l’activité de la filière immobilière : technologie, construction, développement durable, croissance verte : les promoteurs immobiliers sont les acteurs de la croissance s’ils peuvent évoluer dans un contexte où les décisions publiques sont rapides fluides transparentes et si la sphère publique accompagne la sphère privée pour relever ses défis. »
Des chantiers à ouvrir pour renouer avec la croissance
Après la loi ELAN, certains sujets de fond restent à traiter en matière de logement : l’équilibre entre le volontarisme de l’Etat et le pouvoir de décision des maires ; l’équilibre entre l’ambition environnementale de la réglementation, et sa soutenabilité économique ; l’encouragement de la densification et la maîtrise des prix du foncier ; la capacité du secteur de la construction à répondre efficacement aux besoins etc. Autant de chantiers à ouvrir… En particulier, pour Alexandra François-Cuxac, Présidente de la FPI France : « Les élections municipales doivent donner l’occasion d’avoir un débat ouvert avec les collectivités locales sur l’urbanisme et le droit des sols. C’est précisément parce que ce débat est difficile qu’il est urgent de l’ouvrir, pour mieux répondre aux besoins de logement des français. »