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« Soyez vigilant et protégez votre data ! », Philippe Godet

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Le directeur exécutif du Fichier AMEPI alerte les professionnels de l’immobilier sur la « proptech », ces start-up qui créent de la dette et se financent en faisant payer très chers les services qu’elles vous rendent..

photo : journal de lagence Philippe Godet

L’investissement dans les technologies appliquées à l’immobilier connaît l’une des plus fortes croissances au niveau international. La « proptech » – néologisme composé de Property et Technology – que l’on peut traduire par les entreprises technologiques de l’univers immobilier et qui englobe les technologies et l’économie de plates-formes liées à nos marchés. Elles font la une des magazines spécialisés et intègrent les classements des start-up à très haut potentiel. D’ailleurs, la France est en bonne place, continue d’accélérer, et c’est une excellente nouvelle. La dynamique et le besoin d’alignement avec les usages nécessitent une mise à jour et cela va dans le sens de l’expérience clients qu’il faut toujours parfaire et améliorer.

Atteindre une masse critique d’utilisateurs

Les start-up de la proptech suscitent l’engouement et, en quatre ans, elles ont levé environ 6,4 milliards de dollars à travers 817 deals (selon les sources CB Insights). Elles sont soutenues par un financement de pré-seeding (démarrage) provenant de diverses sources, notamment des fonds de capital-risque spécialisés dans les technologies immobilières, mais aussi d’acteurs plus éloignés de nos métiers qui perçoivent le potentiel business de cet univers dont les montants transactionnels font briller les yeux. À la différence d’une entreprise traditionnelle ou d’une agence immobilière, les start-up ne doivent pas forcément gagner d’argent dans cette période de croissance mais atteindre une masse critique d’utilisateurs et représenter un poids sur le marché. Durant cette phase initiale, les montants investis oscillent entre 500 000 et 2 voire 3 millions d’euros. Dernièrement les montant de ces levées ont explosé, malgré le fait que, les premières années, ces jeunes entreprises créent de la dette.

« Si c’est gratuit, c’est toi le produit »

De nombreuses start-up et éditeurs arrivent avec des modèles qui ont fait leurs preuves : des services intéressants et des tarifs très bas, voire une gratuité en contrepartie de la data et d’un apport en industrie qui peut sembler faible de prime abord pour une agence. Ne nous y trompons pas, cela ne dure jamais, et ce qu’ils prennent vous coûte une fortune à moyen terme puisque c’est votre fonds de commerce qui est dans la balance. C’est vous qui remboursez la dette accumulée, alors même qu’ils valorisent votre apport qui devient le leur.

Si donner ses informations vendeurs, clients ou les informations d’un bien vous paraît un échange acceptable pour un service rendu, imaginez la richesse que cela représente à l’échelle d’un millier d’agences. L’exemple de Booking.com est connu de tous et ça n’arrive pas qu’aux autres de se faire court-circuiter. Nous ne sommes pas à l’abri et pas plus bêtes ni plus malins que les hôteliers. Mais notre marché est tout aussi courtisé.

 

Financer l’installation d’un péage entre vous et votre client

 

Quand la bascule se fait en termes de poids sur le marché et que le service utilisé crée une dépendance ou un passage obligatoire pour les internautes, les tarifs et les conditions changent, et les investissements initiaux sont très vites épongés.

Les derniers scandales liés à Facebook l’ont encore démontré, il est difficile de protéger ses données personnelles et cela à une valeur énorme. Les internautes doivent se former pour mieux comprendre l’économie actuelle et les méthodes des entreprises liées à la « nouvelle économie ». C’est également le cas des agents immobiliers dans la gestion des données de leur agence. Beaucoup trop de professionnels se mettent en position de dépendance et donnent leur richesse pour gagner, à court terme, quelques milliers d’euros. En faisant ça, ils hypothèquent leur avenir et celui des autres professionnels.

La digitalisation, oui, mais pas à n’importe quel prix

Il existe actuellement de nombreuses start-up qui ciblent ou essaient de cibler les segments de la chaîne du marché immobilier. Elles essayent, soit de perturber (principe d’uberisation et de remplacement), soit d’améliorer la manière dont les acteurs du marché actuels fonctionnent (principe de partenariat et de création de valeur commune). Les cibles adressées sont multiples – les vendeurs, les acheteurs, les bailleurs, les locataires, les investisseurs ou les professionnels de l’immobilier, et ce, dans leur pluralité. Tout est monétisable à moyen ou long terme selon les modèles économiques de ces acteurs.

Soyez vigilant et travaillez avec les prestataires qui vous renforcent, chaque euro injecté dans un tiers doit faire l’objet d’un questionnement. Posez-vous la question de ce que cela peut vous coûter à long terme et évitez d’introduire des filtres entre vous et vos clients, évitez de succomber aux sirènes des nouveaux entrants qui flattent et vivent aux dépens des agents immobiliers. Notre univers est dynamique et il doit se digitaliser, mais pas à n’importe quel prix et pas n’importe comment.

Fichier AMEPI est une association qui évolue et innove, nous avons développé des outils et des solutions pour les agences en nous basant sur ce qui se fait de mieux dans le monde autour du partage de mandats. Cela démontre que la profession reste active et engagée dans cette transformation digitale et qu’il est possible de garantir une indépendance pour les agences. Fournir des services qui permettent d’optimiser les performances sans conflits d’intérêts.

 

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Vos réactions
  • Par Serge, il y a 6 années

    Article très intéressant du directeur de l’Amepi. je suis également convaincu que les professionnels prennent un risque à moyen terme en fournissant leurs données à ces sociétés qui pourront, si elles atteignent la masse critique, les court-circuiter.
    Mais il est vrai que c’est très tentant à court terme et que certaines de ces sociétés sont déjà incontournables, notamment en terme de référencement sur Google.
    Alors que faire ?

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