La vente d’un logement ou d’un immeuble, à usage d’habitation, commercial ou à usage mixte, est soumise à des règles précises.
Le locataire bénéficie d’un droit de préemption dans quatre situations. Si le premier cas concerne le bénéficiaire d’un bail commercial, les autres règles s’appliquent au locataire d’un logement ou d’un local à usage mixte, professionnel (profession libérale) et d’habitation.
Le local commercial
Depuis le 18 décembre 2014, la loi Pinel a institué un droit de préemption au bénéfice du titulaire d’un bail commercial.
La procédure applicable
Le propriétaire qui envisage de vendre un local à usage commercial ou artisanal a l’obligation d’en proposer l’acquisition à son locataire. En pratique, le recours à la signification par huissier doit être préféré. La notification précise notamment le prix et les conditions de la vente envisagée. Elle vaut offre de vente, et le locataire dispose d’un délai d’un mois pour se prononcer. Si le locataire n’exerce pas son droit de préemption, et dans le cas où le propriétaire décide de vendre à des conditions ou à un prix plus avantageux pour l’acquéreur, ces conditions et ce prix doivent être proposés au locataire, qui bénéficie à nouveau d’un délai d’un mois pour l’accepter. Si le locataire ne préempte pas, le bail commercial se poursuit avec l’acheteur du bien.
Les cessions exclues
Le locataire ne bénéficie pas du droit de préemption lorsque le cessionnaire est le conjoint du bailleur, un ascendant ou un descendant du bailleur ou de son conjoint. Le droit de priorité est également exclu en cas de cession unique de plusieurs locaux d’un ensemble commercial, de cession unique de locaux commerciaux distincts ou de cession d’un local commercial au copropriétaire d’un ensemble commercial.
Et la rémunération de l’agent immobilier ?
La Cour de cassation s’est prononcée tout récemment sur l’application de ce texte. Elle a précisé, le 28 juin 2018, que » le bailleur qui envisage de vendre son local commercial doit préalablement notifier au preneur une offre de vente qui ne peut inclure des honoraires de négociation ». Ainsi, l’agent immobilier ne peut pas prétendre à rémunération si le locataire exerce son droit de préemption.
Le congé pour vendre
La procédure applicable
Si le logement est la résidence principale du locataire, et qu’il est loué non meublé, le congé pour vendre fait naître un droit de préemption au bénéfice du locataire. Il est régi par l’article 15 de la loi du 6 juillet 1989. Le congé doit, entre autres mentions impératives, indiquer le prix et les conditions de la vente. L’offre est valable pendant les deux premiers mois du délai de préavis, c’est-à-dire pendant le 6e et le 5e mois avant la fi n du bail. Si le locataire n’exerce pas son droit de préemption, et dans le cas où le propriétaire décide de vendre à des conditions ou à un prix plus avantageux, une nouvelle offre de vente est notifiée au locataire. Elle est valable pendant une durée d’un mois.
Les cessions exclues
Si l’acheteur est un parent du propriétaire, jusqu’au 3e degré inclus, le locataire ne bénéficie pas d’un droit de préemption, sous la condition que l’acheteur occupe le logement pendant deux ans au moins à compter de l’expiration du délai de préavis
Et lorsque le logement est loué meublé, la loi ne prévoit pas de droit de préemption en cas de congé pour vendre.
Et la rémunération de l’agent immobilier ?
La Cour de cassation est défavorable au commissionnement de l’agent immobilier lorsque le locataire préempte son logement. Plusieurs décisions le rappellent. Ainsi, en 2013, la Cour de cassation a indiqué que le locataire n’a pas à être présenté par l’agent immobilier, mandaté par le propriétaire et ne peut se voir imposer le paiement d’une commission renchérissant le prix du bien.
La vente en bloc
La procédure applicable Lors de la vente, dans sa totalité et en une seule fois, d’un immeuble à usage d’habitation ou à usage mixte d’habitation et professionnel de plus de 5 logements, le locataire bénéficie d’un droit de préemption. Préalablement à la vente le bailleur notifie le prix et les conditions de la vente, de l’immeuble en entier, ainsi que l’indication du prix et des conditions de la vente pour le local que le locataire occupe, accompagnés, notamment, d’un projet de règlement de copropriété. L’offre est valable pendant quatre mois. Lorsqu’un locataire exerce son droit de préemption, l’immeuble fait l’objet d’une mise en copropriété. Et si le bailleur décide de vendre les lots occupés à des conditions ou à un prix plus avantageux, le locataire concerné bénéficie d’un nouveau droit de préemption, qu’il peut exercer pendant un mois. Lorsque le locataire n’exerce pas son droit de préemption, le bail se poursuit avec l’acheteur du logement.
Les cessions exclues
Le locataire ne bénéficie pas d’un droit de préemption lorsque la vente intervient entre parents ou alliés jusqu’au 4e degré inclus, ou si l’acquéreur s’engage à proroger les baux d’habitation, afin de permettre à chaque locataire de disposer du logement qu’il occupe pour une durée de six ans.
Et la rémunération de l’agent immobilier ?
Le texte étant rédigé d’une façon similaire à l’article 15 de la loi du 6 juillet 1989, il est peu probable que l’agent immobilier puisse prétendre à rémunération en cas de préemption du locataire.
La vente à la découpe
La procédure applicable
Le locataire bénéficie d’un droit de préemption lors de la division, ou de la subdivision d’un immeuble par lots. Cela regroupe deux situations : le propriétaire d’un bien comportant au moins 2 logements les vend séparément, ou le propriétaire d’un lot de copropriété le subdivise pour le vendre.
Avant la vente d’un ou plusieurs locaux à usage d’habitation ou à usage mixte d’habitation et professionnel, le bailleur doit notifier au locataire le prix et les conditions de la vente projetée pour le local qu’il occupe. Cette offre est valable pendant deux mois. Si le locataire n’exerce pas son droit de préemption, dans le cas où le propriétaire décide de vendre à des conditions ou à un prix plus avantageux, le locataire doit bénéficier d’un nouveau délai d’un mois pour se prononcer sur une éventuelle préemption. S’il ne préempte pas, l’acheteur du bien devra poursuivre le bail.
Les cessions exclues
Ce droit de préemption ne s’applique pas aux ventes entre parents ou alliés jusqu’au 4e degré inclus, ainsi qu’aux ventes portant sur un bâtiment entier ou sur l’ensemble des locaux à usage d’habitation ou à usage mixte d’habitation et professionnel du bâtiment.
Et la rémunération de l’agent immobilier ?
Au regard de l’interprétation effectuée par la Cour de cassation, la rémunération de l’agent immobilier, en cas d’exercice de son droit de préemption par le locataire, paraît très incertaine.
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« le bailleur qui envisage de vendre son local commercial doit préalablement notifier au preneur une offre de vente qui ne peut inclure des honoraires de négociation » : si les honoraires sont à la charge du vendeur, ils ne sont pas inclus dans le prix. Donc rien ne semble s’opposer à ce que le vendeur paie des honoraires.
je vous remercie de votre vigilance, effectivement, concernant le seuil de l’obligation de purger le droit de préemption du locataire, il s’agit d’une coquille, qui va être corrigée.
Attention, il y a une petite erreur sur la vente en bloc : la loi Alur a réduit le nombre de logement par immeuble à « plus de 5 » et non « plus de 10 ». De plus, lors d’une « vente à la découpe », le mécanisme de préemption est beaucoup plus complexe que celui décrit à cause des accords collectifs qui s’appliquent lorsque le bailleur est propriétaire dans l’immeuble de plus de dix logements (le droit de préemption peut alors s’appliquer même s’il y a déjà une division antérieurement une division de l’immeuble).
Pour en savoir plus sur le sujet, n’hésitez pas à vous former : https://immo-formation.fr/formation/formation-vente-en-bloc-et-vente-a-la-decoupe/
Par JCM, il y a 5 années
« le bailleur qui envisage de vendre son local commercial doit préalablement notifier au preneur une offre de vente qui ne peut inclure des honoraires de négociation » : si les honoraires sont à la charge du vendeur, ils ne sont pas inclus dans le prix. Donc rien ne semble s’opposer à ce que le vendeur paie des honoraires.
Par jda, il y a 6 années
Merci Rémy pour votre réactivité nous corrigeons l’article sur le point relevé.
Par Anne-Claude PONCET, il y a 6 années
Bonjour Rémy,
je vous remercie de votre vigilance, effectivement, concernant le seuil de l’obligation de purger le droit de préemption du locataire, il s’agit d’une coquille, qui va être corrigée.
Par Rémy NERRIERE, il y a 6 années
Attention, il y a une petite erreur sur la vente en bloc : la loi Alur a réduit le nombre de logement par immeuble à « plus de 5 » et non « plus de 10 ». De plus, lors d’une « vente à la découpe », le mécanisme de préemption est beaucoup plus complexe que celui décrit à cause des accords collectifs qui s’appliquent lorsque le bailleur est propriétaire dans l’immeuble de plus de dix logements (le droit de préemption peut alors s’appliquer même s’il y a déjà une division antérieurement une division de l’immeuble).
Pour en savoir plus sur le sujet, n’hésitez pas à vous former : https://immo-formation.fr/formation/formation-vente-en-bloc-et-vente-a-la-decoupe/