L’association Real Estech tente d’accélérer le basculement vers le digital du secteur. Une initiative saluée par le gouvernement.
Ils étaient près d’une centaine au siège de la Fédération française du bâtiment, mercredi 23 janvier 2018. Startuppers, leaders de la construction et autres professionnels du logement s’étaient donnés rendez-vous pour le premier sommet de l’innovation dans l’immobilier. L’objectif ? faire un état des lieux de la digitalisation du secteur afin d’en accélérer le processus. Un événement organisé en partie par Real Estech, une association qui rassemble près de 400 start up spécialisées dans l’immobilier. « Ces entreprises forment un écosystème récent, mais en pleine expansion. L’immobilier, premier contributeur national, a pu être perçu comme une rente. Ces nouveaux acteurs viennent nous prouver qu’au contraire, l’innovation technologique mais aussi organisationnelle ou commerciale percole et va répondre aux nouveaux besoins exprimés par les usagers dans le résidentiel, le bureau ou le commercial« , indique Robin Rivaton, président de Real Estech
Parmi ces jeunes pousses de l’innovation, 47 % d’entre elles s’intéressent exclusivement à la gestion immobilière, selon le baromètre sur l’environnement des start up de l’immobilier, réalisé par KPMG et Real Estech. Des sociétés qu’affectionnent les traditionnelles entreprises de l’immobilier puisque 95 % de ces gros groupes déclarent travailler avec ces nouveaux acteurs. « Nos entreprises se sont engagées dans des politiques d’innovation depuis plusieurs années pour répondre aux nouvelles aspirations de la société et de nos clients. L’arrivée de nouveaux acteurs issus de la révolution numérique a considérablement accéléré la prise de conscience de la nécessité de changement pour l’industrie immobilière. Il faut maintenant passer de la phase d’expérimentation de ces innovations à leur financement et à leur généralisation« , précise Bernard Michel, président du conseil d’administration de Gecina.
Un secteur en pleine croissance
Car l’environnement des start up françaises prend du poids, apportant au secteur immobilier de véritables changements dans son mode de fonctionnement. C’est le cas avec le crowdfunding immobilier. En 2017, près de 100 millions d’euros ont été collectés via le financement participatif contre 62 millions en 2016. Les jeunes entreprises de la gestion immobilière s’occupent, elles, de près de 20 000 logements en France soit 0,25 % du marché. Mais d’après l’ensemble des professionnels, la marge de progression est énorme. Outre-Manche, le leader Rentfit gère quelques 200 000 logements.
Présent lors du sommet, le Secrétaire d’État auprès du ministre de la Cohésion des territoires, Julien Denormandie, a tenu à apporter son soutien à ce nouvel écosystème : « Il faut développer encore plus vite les innovations dans l’immobilier en accompagnant les start up et les grands groupes qui inventent de nouvelles technologies. Je souhaite d’ailleurs que comme aux États-Unis avec le label Prop Tech, qu’un label Real Estech viennent saluer les meilleures initiatives en matière d’innovation dans l’immobilier. »
Le gouvernement en appui
Pour ce faire, le ministère de la Cohésion des territoires compte simplifier la vie des entreprises, notamment par une réécriture du code de la Construction. « Il y a beaucoup trop de normes qui sont un frein au développement de nouvelles initiatives. Dans le cadre du projet de loi logement nous supprimerons du code de la Construction près d’une page sur cinq. Uniquement les textes prescriptifs pour laisser aux entreprises la liberté d’atteindre les objectifs fixés dans la loi par leurs propres moyens. Il ne s’agit en aucun cas de baisser nos standards en matière de confort, de normes environnementales ou d’accessibilité mais de libérer les énergies« , souligne Julien Denormandie.
Le gouvernement se refuse toutefois d’agir avec brutalité. L’usage du Bim, cette maquette numérique censée aider à construire mieux et plus vite, ne sera pas rendu obligatoire pour prétendre à des appels d’offres sur des marchés publics : « Nous aurions mis de côté une partie des PME et des entreprises de taille intermédiaires« , précise Julien Denormandie. Mais pour aider ces acteurs à se familiariser avec ces nouveaux instruments, une plateforme a été mise en ligne il y a deux mois, proposant ce type d’outil aux professionnels qui souhaitent y recourir.