Entre le recentrage et la fin de certains dispositifs d’aides à l’achat et la hausse progressive des taux de crédit immobilier, le marché risque de tourner au ralenti cette année.
2017, année de tous les records pour le secteur immobilier. Une année sans pareille qu’on ne reverra pas de ci-tôt affirme l’économiste Michel Mouillart lors de sa présentation du bilan annuel de l’observatoire des prix de l’immobilier LPI dont il est le porte-parole. Comment en effet renouveler le volume de ventes exceptionnel de 2017 ?
Surtout qu’en 2018, les particuliers vont avoir du mal à se solvabiliser. « Le recentrage du Pinel et du prêt à taux zéro va fragiliser les zones B2 et C. Des territoires où l’activité peinait déjà à reprendre », assure Michel Mouillart. Sans oublier la fin de l’APL accession, destinée aux ménages les plus modestes. Autre point noir pour cette nouvelle année, la remontée, faible mais continue, des taux de crédit immobilier. Plus ils progresseront et plus le nombre d’acquéreurs potentiels reculera.
Une hausse à venir du pouvoir d’achat ?
Se pose également la question des prix de l’immobilier. Si à l’échelle nationale la hausse demeure relativement modérée (+ 4 % dans l’ancien et + 3 % dans le neuf), certaines villes comme Bordeaux ( +12,5 %), Brest ( +9,3 %) Paris (+7,7 %) ou encore Lyon (+8,5 %) voient le montant des prix à l’achat dans l’ancien comme dans le neuf exploser. Une situation d’autant plus paradoxale qu’il suffit de parcourir quelques kilomètres pour voir les prix dévisser comme à Besançon (-5, %), Limoges (-5,7 %) ou Perpignan (-3,5 %). « Pour 2018, les prix devraient se corriger un peu et passer à + 2 % ou 3 % dans l’ancien et + 1,5 % à 2 % dans le neuf. Par contre, les inégalités territoriales vont s’agrandir avec des villes où les prix flambent et d’autres où ils s’effondrent. »
Alors 2018, annus horribilis pour les acquéreurs ? Pas vraiment. « 2018 sera une année correcte. Ce ne sera ni 2008-2009 avec la crise économique ni 2012 avec la suppression du prêt à taux zéro dans l’ancien. Mais il est évident que le marché va se dégrader. » Pour se solvabiliser, les ménages devront espérer une hausse de leur pouvoir d’achat. Un rêve pas si fou à en croire la direction du Trésor. Elle affirme que les mesures de soutien au pouvoir d’achat du gouvernement devraient augmenter de 1,7% le niveau de vie moyen des ménages. Les quatre premiers déciles, soit les 40% des ménages les plus modestes (entre 13.600 € et 25.000 € par an), verront leur niveau de vie augmenter de respectivement 2,9%, 2,8%, 2,7% et 2,7%. Affaire à suivre.