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« L’immobilier: vache à lait ou bouc émissaire de la réforme de l’ISF? », Sébastien de Lafond, Président de MeilleursAgents

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Supprimé, pas supprimé… En 2018, l’ISF sera finalement… recentré. Et par la même occasion renommé.

photo : sebastiendelafondrecadré1

« Supprimé, pas supprimé… En 2018, l’ISF sera finalement… recentré. Et par la même occasion renommé. Adieu l’Impôt sur la Fortune, bonjour l’Impôt sur la Fortune Immobilière. Concrètement seuls les placements immobiliers entreront désormais dans la base taxable de l’ISF. En revanche, tous les placements financiers, de l’assurance-vie au PEA en passant par les comptes titres et autres contrats de capitalisation en seront exonérés.

 

Alors forcément du côté des fervents défenseurs de l’immobilier, les dents grincent. Alors que certains craignent pour les contribuables -les recettes de L’IFI seraient en effet divisées par plus de 2 par rapport à l’ISF, il faudrait donc bien compenser…- d’autres brandissent la menace de l’effondrement de la construction, et donc de tout un pan de l’économie. D’autres encore ne comprennent pas en quoi l’immobilier serait moins créateur de richesse que les forêts ou les œuvres d’art, pourtant exonérées d’ISF depuis longtemps.

Car il faut le rappeler, l’argument de l’Etat pour expliquer ce recentrage n’est pas de stigmatiser l’ISF mais de favoriser l’investissement dans l’économie réelle et les activités créatrices de valeur.

 

Et si les choses n’étaient pas si binaires ? Bien sûr, tout ce qui favorise l’investissement dans les entreprises et permet de relancer la croissance est une très bonne idée. Bien sûr il faut inciter les épargnants à prendre des risques (mesurés) plutôt que de les conforter dans une attitude rentière. Bien sûr, l’ISF a certainement besoin d’être réformé…

 

Bref, il y a sans doute beaucoup de bonnes choses à prendre dans le remède. C’est le diagnostic, ou plutôt la façon dont il est présenté qui nous dérange un peu plus. En opposant placements immobiliers et placements dans l’économie réelle, on alimente cette idée selon laquelle l’immobilier serait improductif et ne servirait qu’à enrichir des propriétaires rentiers, souvent déjà très riches d’ailleurs. Et on oublie que ces mêmes propriétaires -pas forcément riches- permettent, dans le désordre, de loger plus de 23% des ménages français*, de participer aux recettes de l’Etat à hauteur de plusieurs dizaines de milliards d’euros par an (plus de 2 milliards d’euros pour l’ISF, plus de 10 milliards d’euros de droits d’enregistrement sur les 900 000 transactions annuelle, près de 40 milliards d’euros d’impôts locaux…), de participer à l’emploi de 250 000 personnes dans le domaine des services immobiliers et 1,2 million d’emplois dans le domaine de la construction…

Ne succombons pas aux appels des lobbys. Il ne s’agit pas de dire que l’IFI va enrayer une économie immobilière dont le dynamisme retrouvé profite largement à la collectivité. Mais plutôt de s’étonner que l’on stigmatise les propriétaires pour faire accepter une baisse de l’ISF qui n’est pas nécessairement populaire. »

*40% des ménages français sont locataires et parmi eux, 58% sont logés dans le parc privé. Source INSEE 2016.

 

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