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Un super ministère pour le logement.

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En intégrant le logement dans la cohésion des territoires, Emmanuel Macron témoigne d’un grand intérêt pour ce dossier.

photo : Henry Buzy Cazaux

L’affaire a fait grand bruit : Edouard Philippe, le nouveau Premier ministre de la France, n’a pas nommé de ministre du Logement. Dans l’histoire de notre pays, il faut remonter à avant 1953 pour trouver un gouvernement sans ministère du  logement. Tollé quasi général dans le monde des organisations professionnelles, indignation chez la plupart des figures du secteur.

Pensez, on voit bien qu’Emmanuel Macron n’a cure de ce dossier, comme d’ailleurs on l’a reproché à ses compétiteurs malheureux dans la course à l’Élysée. La lecture hâtive de l’organigramme gouvernemental a conduit une partie de la communauté immobilière a un double contresens.

Un enjeu structurant

D’abord, il fallait mesurer que le locataire de Matignon n’était pas moins subversif que le Président lui-même et que les codes antérieurs n’avaient plus cours. En l’occurrence, l’option prise a été de nommer le ministère par le nom de l’enjeu majeur, et l’enjeu structurant est bien la cohésion des territoires. Dans la lettre de mission, Richard Ferrand a clairement reçu la responsabilité de tous les moyens pouvant contribuer à l’équilibre des territoires, l’aménagement, la ville et le dialogue avec les collectivités locales.

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« Le logement ne se suffit pas à lui-même pour résoudre ses propres maux. »
Henry Buzy-Cazaux Président de l’Institut du management des services immobiliers.

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Le dernier ministre ayant piloté un ministère aussi large est… Pierre Méhaignerie, entre 1986 et 1988 ! Dans son escarcelle figuraient même l’équipement et les transports. Pour le coup, non seulement le Président Macron n’a pas trahi le candidat Macron, qui avait manifesté par un programme à part entière son intérêt pour le logement, mais il a témoigné pour ce dossier une considération historique.

Un ministère souvent sous-estimé

Il faut être honnête : combien de ministres du Logement, de ministres délégués, de secrétaires d’État selon les périodes ont-ils souffert de n’être que ce qu’ils étaient ? Le plus souvent relégués dans les derniers rangs de la hiérarchie gouvernementale, sous la tutelle d’un autre ministre, peu influents à Bercy pour peser sur les arbitrages budgétaires, parfois méprisés par le Président – comme Christine Boutin a avoué l’avoir été par Nicolas Sarkozy – et écoutés d’une oreille distraite lors des conseils des ministres, les ministres du Logement, que du Logement, ont souffert de l’étroitesse de leur délégation. A contrario, Monsieur Ferrand aura sans aucun doute du poids. Il s’ajoute à ces considérations que l’homme est un proche du Président, que les observateurs les plus avisés de la politique avaient même imaginé à Matignon, et que son aura personnelle s’ajoutera à son autorité institutionnelle…

Hauteur de vue

Le second contresens consiste à croire que le logement se suffit à lui-même au moment de résoudre ses propres maux. La cherté ? Les tensions entre l’offre et la demande en zone à forte attractivité ? Seul un autre aménagement du territoire, qui cesse de concentrer les ménages dans quelques métropoles, fera baisser le prix du foncier et de l’immobilier dans les territoires les plus denses. La fiscalité locale, son niveau élevé et ses évolutions inconsidérées ?

C’est par un dialogue de bonne foi avec les collectivités que ces problèmes pourront être apaisés. L’obsolescence du patrimoine des villes moyennes et la désertification des centres-bourgs ? Les tensions sociales au cœur des quartiers ?  C’est une politique de la ville inspirée qui atténuera ces difficultés. Bref, on a moins besoin d’un ministre du Logement que d’un ministre de la diversité des territoires et de la décentralisation. En somme, on lit des signes forts prouvant que le logement est bien considéré. Il appartient désormais aux professionnels et à leurs représentants de n’être pas moins ambitieux et de n’avoir pas une moindre hauteur de vue. Le logement méritait mieux qu’un ministère du Logement et il semble que le couple exécutif l’ait compris. Satisfecit.

 

Henry Buzy Cazaux

Après avoir conseillé Pierre Méhaignerie, ministre de l'équipement et du logement, Henry Buzy-Cazaux a occupé des fonctions de responsabilité dans des entreprises immobilières de premier plan, FONCIA, Tagerim ou encore le Crédit Immobilier de France, mais également au sein des organisations professionnelles du secteur. Ancien délégué général de la FNAIM, il a aussi été administrateur de plusieurs autres syndicats immobiliers. Il a été chargé de mission auprès du président du Conseil de l'immobilier de l'Etat.

Il mène depuis toujours une action engagée pour la formation aux métiers de l'immobilier: président d'honneur de l'Ecole supérieure des professions immobilières, cofondateur de l'Institut des villes, du territoire et de l'immobilier du Groupe ESSEC, il est aujourd'hui président fondateur de l'Institut du Management des Services Immobiliers, centre de prospective et d'enseignement.

Il est enfin membre du conseil scientifique de l'observatoire immobilier des notaires et président du groupe "Immobilier, logement et ville durable" du Forum pour la gestion des villes et des collectivités locales et territoriales.
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