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Politique du logement : Michel Mouillart , professeur d’économie à l’université Paris X, FRICS déplore un vrai déficit de compréhension de la situation
L’économiste ne cache pas son scepticisme face aux mesure annoncées par le favori des sondages pour le second tour de l’élection présidentielle.
A rebours de certaines sirènes alarmistes qui annoncent un brusque ralentissement de l’activité immobilière à cause des scrutins des prochaines semaines, l’économiste Michel Mouillart ne s’inquiète pas pour l’avenir à court terme du marché de l’immobilier en France : « Il n’y a aucune inquiétude majeure à avoir » sur une remontée des taux après le 7 mai (second tour de l’élection présidentielle), affirme-t-il dans une interview accordée à MySweet’immo. « La Banque centrale européenne devrait maintenir sa stratégie, et son taux de refinancement de référence devrait rester à 0 %, théorise-t-il. Quant au taux de l’OAT à 10 ans, il est attendu à 1,1 % pour la fin de l’année. »
Le ralentissement des prix se profile
Interrogé également sur la hausse des prix constatée depuis le début de l’année dans plusieurs agglomérations, Michel Mouillart temporise : « Il est vrai que cette hausse est soutenue presque partout. Mais le ralentissement se profile dans les grandes agglomérations comme Bordeaux, Brest ou Strasbourg », indique-t-il. Pour lui, le véritable problème se posera sur le long terme, si aucune politique ambitieuse ne pallie le problème du manque de logements : « La France souffre aujourd’hui d’une insuffisance d’offre de logements, prévient l’économiste. Il faut y trouver une solution, compte tenu de l’évolution démographique des 25 prochaines années. »
Le « choc d’offre » d’Emmanuel Macron, simple effet d’annonce
Le candidat « En Marche ! » propose justement un « choc d’offre » immobilière dans son programme électoral. Mais pas de quoi rassurer ni contenter Michel Mouillart : « Personne ne peut être contre l’idée de mettre plus de logements sur le marché ! » s’agace-t-il. « Mais cette annonce ne répond à aucune des trois questions suivantes : comment on crée ce choc ? Où le crée-t-on ? Et comment va-t-on le financer ? »
A l’heure actuelle, aucun des acteurs du marché ne semble capable de prendre en charge cette mesure : les investisseurs privés n’ont aucune visibilité sur le long terme, tant qu’un audit encore incertain de l’encadrement des loyers n’aura pas été réalisé. Les accédants sont eux aussi dans le brouillard, depuis que l’administration des finances a conseillé que l’ISF devienne un impôt sur la fortune immobilière…
« On a la ferme impression que la réalité est oubliée »
« Dans le détail des mesures, rien de concret n’est annoncé non plus », déplore l’économiste. La transparence dans l’attribution des logements sociaux ? « On a la ferme impression que la réalité est oubliée ! La question à régler est celle de l’occupation du parc locatif. D’après l’Insee, 400 000 ménages comptant parmi les 30 % les plus riches occupent un logement social dans les grandes agglomérations, rappelle-t-il. L’accord est maintenant général sur le fait que le parc locatif privé loge plus de ménages pauvres que le parc locatif social, même sur Paris ! Si on veut un véritable choc d’offre, il faut s’en donner les moyens et pas seulement l’apparence… »
Les grands enjeux négligés du logement social
Au-delà de la mesure annoncée par Emmanuel Macron, c’est l’orientation générale qu’il faudrait changer dans l’approche du logement, et plus spécifiquement du logement social. Outre la pression démographique croissante, Michel Mouillart plaide aussi pour une prise en compte des attentes des 20 % de la population qui vivent en zone rurale. « Il y est aussi difficile d’y accéder à un logement que dans la plupart des grandes agglomérations, notamment à cause de l’absence de logements locatifs sociaux ! »
Proportionnellement pourtant, c’est dans les zones rurales et les villes de moins de 10 000 habitants que vivent le plus de ménages modestes. « C’est aussi dans les petites agglomérations que la fracture sociale est à l’oeuvre, alerte Michel Mouillart. L’importance des situations humaines, la réalité de la diversité des territoires et l’insuffisance générale de l’offre n’ont pas été intégrées : il y a un vrai déficit de compréhension de la situation actuelle et de ses conséquences… »
Pourrait on avoir des chiffres plutôt que des affirmations? La situation du logement social en zone rurale est loin d être celle décrire dans cet article.
Par un acteur du logement social, il y a 8 années
Pourrait on avoir des chiffres plutôt que des affirmations? La situation du logement social en zone rurale est loin d être celle décrire dans cet article.