À l’occasion des 70 ans de la Fnaim, le JDA a demandé à son président sa vision de la profession pour les années à venir.
JDA : La Fnaim fête ses 70 ans, que lui souhaitez-vous ?
Jean-François Buet : De rester fidèle à son ADN, qui a toujours été prospective, la recherche du coup d’avance. En 1964, nous avons créé les cours par correspondance, par exemple. Dans les années 80, nous avons lancé le 3615 Fnaim.
Cela fait sourire aujourd’hui mais, à l’époque, les Américains venaient nous voir et nous disaient : « C’est fabuleux ! » Il y a quatorze ans, nous avons initié le Code d’éthique et de déontologie en évoquant les questions de formation continue, d’éthique, de médiation… autant de points qui se sont retrouvés au coeur de la loi Alur. L’ADN de la Fnaim, c’est d’agir avec un coup d’avance pour répondre aux attentes des consommateurs, de fédérer l’ensemble des professionnels.
JDA : Comment voyez-vous le rôle d’un syndicat professionnel ?
J.-F. B. : Une organisation patronale syndicale ne doit pas se cantonner à la défense des intérêts des professionnels. Cela demeure une préoccupation bien sûr, mais il faut faire attention à ne pas verser dans le poujadisme. Le monde bouge, il faut en tenir compte et se méfier des dogmatismes.
JDA : Il y en a beaucoup dans l’immobilier ?
J.-F. B. : La Fnaim aujourd’hui, c’est faire le constat que Airbnb, ça marche. C’est faire le constat aussi que les réseaux commerciaux, les franchises, les coopératives correspondent à un besoin. C’est faire le constat que le schéma économique d’une entreprise résulte plus d’une analyse économique locale que d’une vision structurée et normative des choses.
JDA : Les agents immobiliers doivent-ils travailler avec des agents commerciaux ou des salariés ?
J.-F. B. : Il n’y a pas de diktat. La réponse dépend du choix économique du dirigeant, de son bassin d’activité, de sa structure, de son rayon d’action. Pour se positionner sur des marchés éloignés de l’agence, par exemple, il faut avoir des collaborateurs qui bougent, et les agents commerciaux sont plus adaptés. A contrario, si l’on souhaite que ses collaborateurs quadrillent parfaitement un terrain délimité, il faut des salariés à qui l’on impulse une méthode, un mode de fonctionnement. De façon pragmatique, beaucoup d’agences ont à la fois des salariés et des agents commerciaux.
JDA : Êtes-vous prêt à accueillir des réseaux de mandataires ?
J.-F. B. : Nous avons déjà des réseaux d’agents commerciaux – je préfère employer ce terme – adhérents à la Fnaim. Cela ne pose aucun problème si les collaborateurs sont à quelques kilomètres du porteur de la carte. Là où le bât blesse, c’est lorsque les agents commerciaux sont répartis sur tout le territoire et que le métier du porteur de carte n’est pas de faire de l’immobilier au sens traditionnel. Le modèle économique de ces réseaux, ce n’est pas de facturer des honoraires de transaction ou de gestion, mais de vendre des services, des formations à des agents commerciaux qui sont éloignés. Mes adhérents, sont titulaires de la carte professionnelle. Et aujourd’hui, ils ne sont pas du tout prêts à être en concurrence avec ces type de professionnels.
« Nous sommes avant tout des commerçants à l’écoute des clients… En aucun cas des officiers ministériels ! »
JDA : Quel est le prochain coup d’avance de la Fnaim ?
J.-F. B. : Lorsque l’on recherche un médecin, on s’oriente vers tel ou tel spécialiste selon son problème. Pour un agent immobilier ce doit être pareil. Nous nous appuyons sur les obligations de formation de la loi Alur, pour permettre à nos adhérents d’acquérir des qualifications pour guider au mieux les consommateurs. Nous lançons quatre certifications : en fonds de commerce, en urbanisme, en gestion de patrimoine immobilier et en copropriétés complexes ou en volume.
JDA : Comment voyez-vous l’agent immobilier de demain ?
J.-F. B. : Bien sûr notre métier est encadré par la loi Hoguet, la loi sur la copropriété, la loi sur les baux commerciaux… mais nous ne sommes en aucun cas des officiers ministériels. Nous sommes des commerçants qui devons rester à l’écoute du client ! Il faut être impliqué sur le territoire, rencontrer les confrères, connaître le marché… L’agent immobilier de demain proposera plus de services. Un agent immobilier, qui s’adresse à des parents qui louent un studio pour un enfant étudiant, pourra leur suggérer de refaire la cuisine pour davantage de tranquillité. Celui qui fait de la location saisonnière dans une région touristique pourra développer des services de conciergerie, pour intervenir au plus vite en cas de problèmes d’Internet ou de télévision, et proposer pourquoi pas des services de baby-sitting ou de cuisinier à domicile.
JDA : Qu’attendez-vous des candidats à la présidentielle ?
J.-F. B. : Qu’ils consultent les professionnels pour parlerl ogement ! Ce que nous attendons, ce n’est pas du dogmatisme, c’est de la simplification. Il faut simplifier les compromis de vente : personne ne lit 300 pages aujourd’hui ! Il faut simplifier aussi les diagnostics en harmonisant les durées de validité de chacun. Pourquoi ne pas demander les mêmes diagnostics pour l’achat et la location ? Il faut revoir aussi l’acte de cautionnement qui impose une page et demie manuscrite à l’heure où les gens n’écrivent plus. Du coup, ils sont tellement stressés, ont tellement peur de faire une faute, qu’ils sont incapables de retenir ce qu’ils ont signé. Il faut simplifier la mise en concurrence du contrat de syndic obligatoire. On n’y comprend plus rien ! Il faut simplifier le mode de calcul de l’imposition sur les plus-values.
Je ne demande pas que l’on augmente ou que l’on baisse les impôts, juste que l’on arrive au même résultat avec un taux unique plutôt qu’un maquis de taux incompréhensibles.
La charte éthique est une utopie car si un seul adhérent ne la respecte pas (ce qui est le cas) elle n’a aucune validité.
Le dialogue avec les politiques passe par des propositions et pas des positions d’attente de l’évolution des lois. Cette fédération reçoit les ministre avec enthousiasme lors de ses congrès et dénonce leurs prises de décision. C’est drôle comme attitude.
Par Olivier, il y a 8 années
La charte éthique est une utopie car si un seul adhérent ne la respecte pas (ce qui est le cas) elle n’a aucune validité.
Le dialogue avec les politiques passe par des propositions et pas des positions d’attente de l’évolution des lois. Cette fédération reçoit les ministre avec enthousiasme lors de ses congrès et dénonce leurs prises de décision. C’est drôle comme attitude.