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La gestion des sinistres est souvent le quotidien d’une agence de gestion locative. Les inondations et les coulées de boue survenues entre le 28 mai et le 5 juin 2016 ont donné lieu à la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle d’au moins 812 communes de 19 départements. Ces sinistres, souvent majeurs, ont donné lieu à de très nombreuses déclarations de sinistres et autant de suivis de dossiers qui se prolongent parfois.
Nous avons sollicité les conseils de Maitre Cyrille Durand-Fontanel, spécialisé en matière de contrats et prévention des risques. Il nous fait part de ses conseils, nous rappelle ou nous suggère de bonnes pratiques pour la prévention et le traitement des sinistres qui touchent les biens d’habitation en location.
Les cas possibles de dommages à un logement sont multiples : dégât des eaux (instantané ou étalé dans le temps entre la cause et l’apparition du dommage), cambriolage, incendie, bris de vitre dû à une tempête, dommage dû à la foudre ou à un mauvais entretien … (par commodité ils seront ci-après appelés « sinistres », conformément à la terminologie des assureurs).
Aujourd’hui, le parc locatif apparaît vieillissant et la fréquence des sinistres reste à un niveau élevé ce qui alourdit un peu plus le travail des agences immobilières spécialisées en gestion locative (ci-après « agence »).
La Fédération Française des Sociétés d’Assurance (*) indiquait que près de 4 millions de sinistres sont déclarés chaque année pour l’habitation (soit plus de 15 000 déclarations par jour ouvré, pour un coût moyen de 1 600 € par sinistre, mais la facture peut vite augmenter ; en 2011, 3 200 incendies ont vu leur coût moyen atteindre 250 000 € et plus de 60 dégâts des eaux ont vu leur coût moyen s’établir à 155 000 €). Pour 2014, le rapport annuel de la FFSA annonçait des chiffres légèrement en baisse pour la fréquence, tous sinistres d’habitation confondus, et un premier léger recul pour les cambriolages après des années d’augmentation.
Avec les sinistres en grand nombre de ces dernières semaines à la suite de pluies fortes ou prolongées dans de multiples départements de France, il nous a paru utile de faire un point sur les bonnes pratiques de la prévention et du traitement des sinistres qui touchent les biens d’habitation. Ces bonnes pratiques s’inscrivent dans une politique plus large de services de qualité que l’agence peut offrir tant au propriétaire qu’au locataire d’un bien d’habitation non-professionnelle. Il s’agit ici indifféremment de bail d’habitation non-meublé ou meublé (sauf lorsqu’il en serait autrement précisé).
Dans un souci de bonne gestion du logement et des éventuels sinistres, l’agence aura intérêt à mener des actions :
Dans cette 1ère partie nous exposerons les actions préventives préalables à la location pour la bonne gestion du bien et des éventuels futurs sinistres :
Pour cela, il convient de s’assurer que le logement est « sans risques manifestes pouvant porter atteinte à la sécurité physique ou à la santé, … » et « décent » (conformément à l’article 6 de la loi modifiée de 1989 et au décret n°2002-120 du 30 janvier 2002) et de dresser avec le propriétaire un état des lieux détaillé.
– la chaudière à gaz (obligation légale d’entretien annuel) ;
– la cheminée à ramoner : a-t-elle été ramonée récemment (N.B. tout conduit doit être ramoné 2 fois par an, dont une fois pendant la période de chauffe. Les modalités du ramonage à effectuer sont définies par un arrêté préfectoral inclus dans « le règlement sanitaire départemental » de la commune concernée).
Rappelons que le décret du 30 janvier 2002 (cf. articles 2 et 3 qui se présentent sous la forme d’une quasi check-list aisée d’utilisation) impose spécifiquement la vérification de 12 composantes essentielles du logement, et notamment :
L’agence doit s’assurer de cela auprès du propriétaire.
Dans le cadre de son devoir de conseil, il est bon pour une agence d’avoir un œil exercé pour, par exemples :
Le bailleur fourni et annexe au contrat le dossier de diagnostic technique (DDT *) qui comprend déjà :
(* toujours à la charge du bailleur, ce DDT va être complété par « un état de l’installation intérieure d’électricité et de gaz » d’ici le 26 mars 2020, cf. art. 3.3 loi 1989 modifiée).
Un état des lieux anticipé avec le propriétaire permet, le cas échéant, de lui demander de :
Evidemment, plus le bien est en bon état et entretenu par son propriétaire -et de la même manière les éventuelles parties communes et les autres logements mitoyens -, plus le risque de sinistre avec une cause intrinsèque est réduit.
Mais actuellement les propriétaires se sentent sous pression et considèrent que le rendement locatif baisse. Ce faisant, les propriétaires sont parfois peu enclins à investir dans des travaux d’entretien en plus des normes qui évoluent et imposent des travaux supplémentaires (ex. pour le 31 mars 2017 les immeubles collectifs pourvus d’un chauffage collectif les plus énergivores ou le 31 décembre 2017 ou encore le 31 décembre 2019 pour les moins énergivores, doit être mise en place une installation qui permette de : 1° déterminer la quantité de chaleur utilisée par chaque logement ou local à usage privatif et 2° individualiser les frais de chauffage collectif de ces immeubles, en application de l’article 26 de la loi sur la transition énergétique du 17 aout 2015 et du décret du 30 mai 2016, sauf s’il est « techniquement impossible de mesurer la chaleur consommée par chaque local … (et) de moduler la chaleur fournie par le chauffage collectif » ou si cela « entraînerait un coût excessif résultant de la nécessité de modifier l’ensemble de l’installation de chauffage »).
Il convient d’être tout autant prévenant ou vigilent à l’égard d’un locataire.
Conformément à des critères préalablement et objectivement définis, naturellement sans discrimination subjective, et dans la limite et le respect de la loi :
Avant la signature du bail et son entrée dans le logement :
Les pièces à obtenir du candidat à la location (cf. décret n°2015-1437 du 5 novembre 2015 qui envisage tous les cas possibles de documents à obtenir, y compris pour la caution éventuelle) :
pièce d’identité et titre de séjour (le cas échéant), le livret de famille (le cas échéant), relevé d’identité bancaire;
contrat de travail ou attestation de l’employeur + 3 dernières fiches de paie (pour la solvabilité) ou dernier bilan pour les professions libérales, dernier avis d’imposition sur le revenu ;
3 dernières quittances de loyers du précédent logement du locataire s’il était déjà locataire, taxe d’habitation ou quittance EDF, et/ou taxe foncière si est ou était propriétaire de son précédent logement.
A la signature du bail ou au plus tard à la remise des clefs : les pièces à obtenir du locataire :
Rappelons qu’aujourd’hui, plusieurs acteurs autour d’un même logement en location doivent être titulaires d’un contrat d’assurance :
Il va de l’intérêt du bailleur et du locataire que toutes ces personnes soient titulaires des contrats d’assurance correspondant à chacun de leur statut et aux caractéristiques des parties et des biens concernés .
Il est de l’intérêt du bailleur que l’agence vérifie que toutes les parties soumises à cette obligation d’assurance soient effectivement titulaires d’un contrat d’assurance ad hoc. Chose qui est rarement faite (à l’exception du contrôle annuel de l’existence de l’assurance du locataire qui est en général pratiqué par la profession). Tout d’abord le syndicat des copropriétaires, dans son intérêt bien compris, devrait être chargé de la collecte de ces différents contrats d’assurance ou attestations auprès des copropriétaires. Charge à chacun des copropriétaires d’être titulaire du contrat d’assurance correspondant à son statut (occupant ou non-occupant), et le cas échéant, de collecter l’attestation de contrat de son locataire. Le syndicat de la copropriété devrait pouvoir adresser au copropriétaire et/ou à l’agence une attestation que tous les copropriétaires et les locataires mitoyens sont individuellement détenteurs du contrat d’assurance qu’il convient (mais cette suggestion collective préventive n’est guère réalisée en pratique et n’a finalement pas été retenue par la loi ALUR).
Le quotidien du professionnel de l’immobilier est tel qu’il n’est pas possible d’établir et d’entretenir des relations suivies avec de multiples représentants des assurances, d’autant que ces contacts sont épisodiques, au gré des sinistres et du choix individuel de chaque locataire ou propriétaire non-occupant.
Raison de plus, pour une agence locative de bien connaître le propriétaire, le logement (sans risques manifestes et décents) et le locataire retenu afin d’avoir un dossier prêt pour réduire les risques de sinistre interne et faire face efficacement à un éventuel sinistre.
Prochaine publication : « les actions préventives de l’agence au cours de la location contre les éventuels sinistres ».
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* La FFSA, « Fédération Française des Sociétés d’Assurances », était un syndicat professionnel créé en 1937 qui regroupait 229 entreprises représentant 90 % du marché français de l’assurance et près de 100 % de l’activité internationale des entreprises de ce marché.
La FFSA a fusionné avec le Groupement des mutuelles d’assurances le 1er juillet 2016. Ces 2 organisations sont désormais réunies au sein de la « Fédération Française de l’Assurance » (FFA). La FFA représente 280 entreprises, soit 99% du marché de l’assurance en France (cf. http://www.ffa-assurance.fr).
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Par Florent, il y a 5 années
Bonjour,
Excellent article!
Malgré mes recherches, je ne trouve pas les articles suivants sur les actions « préventives au cours de la location (publication le 12.09 et newsletter du 16.09.2016), curatives une fois un sinistre survenu (dates à venir) et celles liées au départ du locataire (dates à venir) « .
Pourriez-vous m’indiquer où il serait possible de les trouver ?
Merci d’avance
Florent