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« Services immobilier: l’obsession du digital », Jacques Daboudet, président de Capifrance

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L’histoire avance parfois, souvent, d’un pas qu’on n’avait pas imaginé. Celle de l’alliance des activités de transaction et de gestion immobilières et des nouvelles technologies progresse ainsi.

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Après des années au cours desquelles l’essentiel de la communauté des agents immobiliers et des administrateurs de biens n’a pas placé l’Internet au cœur de son fonctionnement, on assiste à une accélération de l’histoire. En témoigne le succès grandissant du Salon RENT (real estate and new technologies), dont la troisième édition s’est déroulée au début du mois de novembre à La Villette à Paris. Au-delà du nombre de visiteurs, c’est leur qualité qui est frappante: des nouveaux entrants spontanément portés vers le digital côtoient des figures de la profession, ou simplement des professionnels anonymes, déjà installés et prêts à basculer vers le numérique.

Bref, RENT est devenu en peu de temps un lieu de conversion des esprits et un lieu de conciliation: pas d’arrogance, ni de la part des digitaux ni de la part des traditionnalistes. Les spécialistes du numérique, qu’ils soient apporteurs de solutions ou déjà utilisateurs, avaient tendance à considérer que le recours immodéré aux nouvelles technologies périmait toutes les autres considérations, et les professionnels dont la pratique était classique regardaient parfois avec condescendance les nouveaux venus. Désormais, on sent bien que le débat a évolué vers une sorte de modestie et d’intelligence partagées. Pourquoi?

Parce que le numérique bouleverse indéniablement les pratiques et dote de formidables moyens les agents immobiliers et les administrateurs de biens, mieux armés que jamais pour satisfaire les clients…et parce que les savoir-faire fondamentaux resteront toujours la base des métiers. On a probablement confondu ces dernières années la fin et les moyens, et pour puissant soit-il le numérique est un outil pour les services. En somme, il était temps que toute la profession se rassemble autour du numérique plutôt que se cliver. La querelle des Anciens et des Modernes n’aura pas lieu dans l’immobilier et c’est heureux.

Lorsqu’on a cru avant les autres aux bienfaits du numérique, on a de quoi être satisfait de ce ralliement de la collectivité professionnelle. Deux indices de poids: l’avénement du portail Bien’ici, à l’initiative des figures de la profession institutionnelle, et le développement des réseaux de mandataires, dans le giron même des agences immobilières traditionnelles. Que signifie le lancement du portail Bien’ici? Que l’essentiel de la profession a compris ce que constituait une vitrine virtuelle. Cette prise de conscience, qu’on nous présente comme évidente, aura tardé: les leaders actuels des sites d’annonces professionnelles sont nés il y a vingt ans, et ils ont prospéré ainsi pendant une génération dans un univers bien peu concurrentiel. Il ne l’avaient pas demandé!  Naguère encore, on entendait qu’une boutique était majeure pour la réussite commerciale d’une activité de transaction ou de gestion… Ceux qui ont des agences et des cabinets savent désormais que 80% de leur chiffre d’affaire est généré par la présence sur des sites, par des annonces et par des messages corporate, et que la boutique n’en rapporte plus que 20%, dans le meilleur des cas.

D’ailleurs, le portail Bien’ici se fonde sur la valeur ajoutée: géolocalisation, axonométrie, photographies, les annonces de ce site démontrent l’attachement à la transparence et à l’intégrité de l’information. En clair, on attend désormais de la vitrine virtuelle qu’elle soit déjà un outil de services et non seulement un affichage d’offres. Le statut même de l’Internet a évolué aux yeux des professionnels qui ne voyaient en lui qu’un canal de commercialisation de plus. Pourtant, les créateurs du portail Bien’ici, syndicats professionnels, réseaux de franchises ou coopératifs, ne sont pas allés au bout de la logique numérique: l’Internet ne peut être le lieu de l’exclusion et c’est à l’inverse un outil d’intégration de tous les offreurs professionnels. A ce jour, les réseaux de mandataires n’ont pas été associés à ce portail et c’est près d’un cinquième de l’offre qui ne figurera donc pas sur ce site.

Cette conception évoluera, et elle le fera naturellement, sans drame, sans passion: on assiste à un intérêt nouveau de la profession pour le modèle des réseaux de mandataires. A cet égard, deux observations. Tout d’abord, nombre d’agents immobiliers voient différemment l’agent commercial et le recours à des travailleurs indépendants. Dans cette période de mutation économique, ils comprennent que la flexibilité liée à ce statut est vitale pour l’entreprise. Ils comprennent aussi que des femmes et des hommes engagés et compétents préfèrent l’indépendance…qui leur permet une souplesse totale dans le service, attendue des ménages prospects et clients. Ces agents immobiliers mandatent plus volontiers qu’avant à des agents commerciaux, qui finissent par constituer la majeure partie de leurs effectifs. Ils franchissent le pas de la création d’un réseau local de mandataires.

D’autre part, on constate des opérations de croissance externe qui en disent long sur le changement de regard de la profession installée. Si Capifrance et Optimhome ont racheté en 2013 le site d’estimation de bien Drimki et le réseau de mandataire Refleximmo, l’acquisition par le groupe FONCIA, d’Efficity est significative. Efficity est à la fois un dispositif d’estimation des biens et un réseau de mandataires important, désormais dans le giron du numéro un de l’administration de biens.

Cette évolution impacte également d’ailleurs les activités de gestion: des gestionnaires locatifs à distance, des syndics numériques voient le jour et les professionnels à l’origine de ces entreprises sont parfois des acteurs qui ont grandi dans la plus pure tradition de ces métiers. Ils en gardent les codes et usent et abusent des chances offertes par l’Internet pour servir leurs clients, les fidéliser et en conquérir de nouveaux.

Tous réseaux de mandataires? Tous numériques? Peut-être plus vite qu’on a pu le croire. L’histoire avance par pallier plus que par évolution constante, et le digital est devenu en quelques années l’obsession de la profession dans son entièreté. Il pourrait même finir par faire taire les peurs en son sein et la tentation des bisbilles: le service au client vaut mieux que les clivages. A la clé, un enjeu supérieur: convaincre la moitié des Français qui en doutent pour la transaction et les deux tiers pour la gestion que l’intermédiation est gage de sécurité et d’efficacité. ©byBazikPress

 

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