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L’immobilier touché par les croyances

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Feng Shui, elfes, maisons hantées, assassinats… Pas facile de délimiter la frontière entre business et superstitions.

photo : Haunted House

« Le 21ème siècle sera spirituel ou ne sera pas » aurait dit Malraux. Le 8 février 2016 commence l’année de singe de feu pour les chinois. C’est un animal dont on dit qu’il est doué en affaire et malin… C’est donc l’occasion de se pencher sur ces croyances en immobilier et plus particulièrement sur l’importance du « Feng Shui ».

Le Feng shui est fondé sur un système de croyances spirituelles et se structure autour des concepts de « Chi » renvoyant à l’existence d’une force universelle, aux éléments opposés et complémentaires Yin et Yang et à l’interaction entre les cinq éléments fondamentaux que sont la terre, l’eau, le feu, le métal et le bois. Les principes de base invitent à éviter les vents forts et à posséder un accès à l’eau pour accumuler cette énergie positive qui invite à la vie.

Le Feng shui est un système dans lequel on utilise des outils de divination et des formules complexes pour déterminer comment contrôler le flux de chi à l’extérieur ou à l’intérieur d’un logement. L’harmonie, l’équilibre et un environnement de paix sont atteints grâce à une organisation spatiale optimale.

Sérénité, richesse et santé

L’emplacement idéal d’un logement se situerait ainsi adossé à une montagne, entouré de collines avec une vue orientée au sud ayant une vue dégagée, et bénéficiant à distance sécurisée d’un lac ou d’une rivière. Dans le cas contraire, les énergies négatives et le « Sha » auraient des effets nuisibles. Si les éléments d’analyse du Feng Shui étaient à l’origine reliés à la présence des montagnes et rivières, ils ont évolué pour analyser les effets des immeubles aux alentours et les voies de transports de toutes natures.

Alors même que le Feng Shui ne renvoie pas à des éléments scientifiquement démontrables, la grande majorité des habitants des pays asiatiques est inspirée par la philosophie des anciens pour trouver les meilleurs logements, c’est-à-dire les logements susceptibles de soulager les angoisses et attirer le « bon œil », la richesse et la santé.

Aujourd’hui, le Feng shui représente un marché de plusieurs millions d’euros en Chine comme à Hong Kong et Taiwan car plus de 70% de la population chinoise considèrerait le Feng Shui comme un indicateur important lors de l’achat d’un logement. Et cela a un impact direct sur la valeur des biens. De fait, les biens présents à des intersections en T sont généralement moins chers (Peng et al. 2008). A l’inverse, des logements associés au chiffre de la chance (le 8) seront vendus à des prix supérieurs au marché.

 Concept de « contamination »

Mais, les croyances et superstitions ne sont pas l’apanage des peuples asiatiques. Plus de 60% des islandais croient à l’existence des elfes, notamment à côté des pierres qui représentent leur habitat et qu’il faut respecter. Conséquence, un projet de route du gouvernement a même été stoppé car celui-ci les menaçait directement. Et les français ne sont pas moins superstitieux ! Achèteriez-vous la maison dans laquelle un habitant a été sauvagement tué ? Le concept de « contamination » est alors utile pour appréhender cet effet. Elle peut être négative comme positive. Acheter une maison qui a du charme, une histoire, est souvent un critère d’achat important. Mais faut-il connaitre toute l’histoire ? En France, ne pas informer un futur acquéreur d’événements tragiques ne constitue pas a priori pour un notaire une obligation. A l’inverse, la Cour supérieure du Quebec a ordonné que le vendeur avait l’obligation d’informer les acheteurs qu’une mort violente y était survenue. Mais cela peut être aussi un business ! Il existe aujourd’hui des tours opérators en Ecosse qui proposent de dormir dans des maisons hantées … ©byBazikPress| © Helen Hotson – Fotolia.com

 

Peng, Y. S., Hsiung, H. H., & Chen, K. H. (2012). The Level of Concern about Feng Shui in House Purchasing: The Impacts of Self‐efficacy, Superstition, and the Big Five Personality Traits. Psychology & Marketing, 29(7), 519-530.

 

Fabrice Larceneux

Chercheur CNRS au centre de recherche DRM (Dauphine Recherche en Management), ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, agrégé d’Economie et Gestion, il est titulaire d’un doctorat en Sciences de Gestion de l’Université Paris Dauphine. Auteur de différentes publications scientifiques et de l’ouvrage Marketing de l’immobilier (Dunod), il assure des cours de marketing de l’immobilier à l’Université Paris-Dauphine.
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