Au moment où SeLoger.com prend un nouveau départ avec Axel Springer, son fondateur revient sur la révolution Internet.
Créateur de l’un des fleurons du Net français (3,5 millions de visiteurs uniques par mois), vous venez de céder votre participation à Axel Springer. Pourquoi ?
Depuis deux mois, le groupe de média allemand détient en effet 100 % du capital de SeLoger.com. Cette cession correspond à notre volonté de nous adosser à un actionnaire industriel avec qui nous partageons une vision à long terme de la stratégie de développement du groupe et des moyens associés. Grâce à la stabilité de l’actionnariat, SeLoger va pouvoir à la fois poursuivre son développement en France, dans toutes les composantes de l’immobilier résidentiel, commerce, locations saisonnières, luxe – mais également dupliquer son modèle à l’international.
Nous pensons en effet qu’il y aura un site leader de l’immobilier sur Internet, équivalent à SeLoger, dans la plupart des marchés d’ici quelques années. Pour cela, les opportunités de développement se situent dans les pays matures au niveau du marché de l’immobilier pour lesquels il n’y a pas encore de leader installé. Il y a encore beaucoup à faire, notamment dans les pays émergents. De plus, cette cession s’est également faite dans la continuité du management actuel de la société sous le direction de son Président Roland Tripard.
De la création de SeLoger en 1992 à aujourd’hui, quelles ont été les recettes du succès ?
Tout d’abord, un positionnement qui n’a jamais changé : simplifier la recherche immobilière en étant aux côtés des professionnels. Nous avons toujours privilégié la fraîcheur et la qualité des annonces, l’exhaustivité du nombre de biens et la rapidité de publication des informations. Cette triple vision nous a permis de construire une relation forte avec les professionnels dans la durée. Or, le temps est une donnée primordiale en matière d’immobilier !
Nous avons aussi toujours mis un point d’honneur à innover. En 1996, nous étions les premiers à nous lancer sur le Net, en 1997, les premiers à créer l’alerte e-mail. Aujourd’hui, nous envoyons plus de 6 millions de push mails par mois sur les smartphones des personnes en recherche, et le mobile représente 20 % de notre audience.
Quel a été l’impact d’Internet pour les professionnels de l’immobilier ?
Notre modèle économique a toujours été de faire sonner le téléphone de nos clients. C’est l’objectif premier de tout média. Ce qui compte pour l’agence c’est le nombre mais aussi la qualité des contacts qu’elle reçoit, pas le canal d’où ils proviennent. Le vrai changement, avec le développement d’Internet, c’est la vitesse. Avant, il s’écoulait une semaine entre le moment où l’agent signait un mandat, publiait l’annonce sur un support papier et avait les premiers retours.
En moins d’une heure aujourd’hui l’annonce peut être sur la Toile et les clients potentiels alertés en temps réel grâce au push mail. Indéniablement, Internet a fluidifi é le marché !
En quoi cette révolution change-telle le métier d’agent immobilier ?
Pour compenser cette accélération du temps et justifier ses honoraires, l’agent immobilier doit se distinguer par un plus grand professionnalisme. En plus d’être un spécialiste de son marché, du droit immobilier, de la négociation voire de la psychologie, il doit se familiariser avec les nouvelles technologies qui bouleversent encore la relation client. Plus que jamais, son entreprise doit être une société de services tournée vers le client final.
Comment voyez-vous l’évolution de la profession?
Les débats et les initiatives actuelles sont nombreux, que ce soit sur le mandat exclusif, le montant des honoraires, les agences low cost, les outils d’évaluation des biens, les agents commerciaux et enfin les agences en ligne. Ils tendent tous vers un objectif unique : prendre des parts de marché aux particuliers, seule garantie de pérenniser la profession.