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L’alternance, la voie royale vers l’immobilier

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Et si l’alternance était la solution pour recruter ? Des jeunes bien formés, qui connaissent le terrain, rompus aux nouvelles lois et au numérique. Bref les salariés de demain qui donneront une nouvelle image de la profession.

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Le recrutement, le nerf de  la guerre… Les patrons d’agence en savent quelque chose : ils sont continuellement à l’affût d’un CV intéressant, seule bonne façon de pallier le turn-over qui frappe l’immobilier, comme toutes les professions commerciales. Mais alors que les lois Alur, Hamon ou Macron compliquent l’exercice des métiers, rendant la réglementation plus contraignante, comment trouver des négociateurs, des gestionnaires compétents ? Et si l’alternance, par le biais d’un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation, était la solution ? Pourquoi ne pas accueillir un jeune, à mi-temps, en BTS Professions Immobilières, licence ou master, lui donner sa chance et pouvoir ainsi recruter, à terme, une personne formée qui connaît le monde de l’entreprise, opérationnelle, efficace… ?

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Si l’alternance est en retard en France par rapport à l’Allemagne, elle se développe néanmoins mais, dans l’immobilier, il semblerait que les patrons d’agence rechignent, encore, à y avoir recours. Faute de temps, de disponibilité… Par méconnaissance du dispositif aussi. À l’Imsi (Institut du management des services Immobiliers), Henry Buzy-Cazaux, son président, le déplore : « Je sais très bien que, malgré un bon recrutement, de nombreux jeunes, à quelques semaines de la rentrée, n’auront pas d’entreprise.  L’année dernière, nous avons perdu des étudiant faute d’employeurs.» Fabrice Houlé, fondateur du réseau MDI, a peut-être un début d’explication : « Certains patrons ont une mauvaise vision des choses. Ils y voient la possibilité de recruter pas cher. Ce n’est pas l’objectif. L’idée, c’est d’apporter une force vive à l’entreprise dans le cadre d’un développement futur. » Et d’ajouter : « L’alternance, c’est un vivier de jeunes  talents. Et pour pouvoir bien recruter, il faut que les patrons d’agence se présentent dans les organismes de formation afin de se faire connaître.»

À l’ESI (École supérieure de l’immobilier), Thierry Cheminant, son directeur, se félicite du chemin parcouru. « En 2005,  lorsque l’école a ouvert ses portes, nous avions 24 étudiants sur 2 programmes. À la rentrée 2014, nous en avions 425 sur 12. L’alternance, c’est l’employabilité assurée. Tous métiers confondus, elle donne un taux d’accès à l’emploi de 70 %. Dans l’immobilier, il est de 100 %.»

La raison ? Ce secteur propose des métiers très concrets auxquels l’alternance s’adapte parfaitement. Et, très vite, les jeunes sont opérationnels. Fabrice Abraham, directeur général de Guy Hoquet, regrette que les patrons n’en aient pas conscience et que, bien souvent, l’alternance soit un choix par défaut. Pourtant, 20 % des  800 salariés sont passés par des contrats en alternance. Cette année,  le réseau prévoit d’ailleurs d’embaucher 50 alternants sur les 250 recrutements prévus. Il s’explique : « Il faut encore faire preuve de beaucoup de pédagogie pour faire comprendre aux patrons, qui sont juridiquement et financièrement indépendants, que l’alternance est une bonne formule : elle permet au jeune de découvrir l’entreprise et le métier, et au patron de découvrir le jeune. » Un avis que partage Marie-Christine Jouannet Arnaud, directeur des produits immobiliers  habitation de La Française : « De nos jours, c’est impensable qu’un jeune attende la fin de son cursus universitaire pour découvrir le monde de l’entreprise. »

Intégration et fidélisation dans l’entreprise

Alors gagnant-gagnant, l’alternance ? Assurément puisque  si elle permet à un jeune de mettre un pied dans le monde  du travail, la vraie vie, tout en suivant sa formation, elle limite aussi la prise de risque dans un recrutement et favorise l’intégration dans une équipe. De ce fait, le taux de fidélisation est bien meilleur : 60 % sur trois ans contre 40 % avec un recrutement classique. Mais attention, pas d’intégration réussie sans l’implication du patron.

Et c’est là que le bât blesse. Les agences immobilières sont de petites structures et, souvent,leurs gérants mettent en avant le manque de temps dont ils disposent pour accompagner le jeune dans la découverte du métier.

Ces arguments, Laurent Vimont, président de Century21 France, les balaye : « La formation est un enjeu éminent de la réussite dans ce métier. On ne peut pas opposer à des clients qui sont de mieux en mieux informés, via internet, des collaborateurs dont le niveau de compétence est inférieur au leur. D’autant que l’immobilier est un métier compliqué, que ce soit sur l’environnement juridique, fiscal et financier. Il faut donner au salarié un ensemble de clés qui lui permettent d’être solide dans ses réponses face au client. » Et Thierry Cheminant d’enfoncer le clou : « Pendant longtemps, celui qui ne savait pas quoi faire débarquait dans l’immobilier. C’est fini ça. Avec la loi Alur et toutes les nouvelles réglementations (contrat de syndic, de bail, diagnostics, éléments sur la copropriété à réunir pour la signature du compromis de vente…),  on ne peut plus exercer sans une vraie formation. »

Des programmes labellisés  remis à niveau

Pour que les jeunes aient accès à une bonne formation, la branche professionnelle a fait, depuis une dizaine d’années, le ménage dans les organismes et revu le programme du BTS afin qu’il soit plus équilibré entre les métiers de transaction et de la gestion, et mieux adapté à la réglementation. Désormais, tout organisme est obligé de déposer un dossier dit de labellisation s’il veut obtenir une prise en charge, et son programme est passé au crible. Et, aujourd’hui, tous les intervenants au sein des écoles sont des gens issus du métier.

« Depuis deux à trois ans, le BTS est enfin au niveau que l’on voulait atteindre, explique Pascal Simons, chargé des questions sociales au Syndicat national des professions immobilières (SNPI). Son référentiel a été revu. Aujourd’hui, il est à jour avec les textes. » Jean-Luc Jouan, président de la commission formation de l’Union des syndicats de l’immoblier (Unis), se félicite, lui, qu’une veille juridique ait été intégrée au programme : « Le jeune aura ainsi le réflexe d’aller chercher les nouvelles informations sur l’évolution de la jurisprudence, des lois, puisque ça va très vite dans l’immobilier, et de se tenir au courant.»

Des jeunes rompus aux nouveaux textes

Un examen de bon niveau, le BTS ? De l’avis de Pascal Simons, oui. « Il est très difficile. Il comprend,beaucoup de matières complexes. Sans compter toutes les nouvelles réglementations… Ce qui explique que ce soit l’un des taux de réussite les plus bas. » La chance de ces jeunes en  alternance ? Ils baignent dans les nouveaux textes. Ce qui n’est pas le cas de tous les professionnels en exercice. Mais la loi Alur devrait  y remédier. Le décret, qui oblige toutes les personnes habilitées en agence à se former, devrait sortir dès janvier 2016. Avec, a priori, une obligation de formation de 35 à 40 heures étalées  sur trois ans. Olivia Delage

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