Le président du SNPI, premier syndicat français de l’immobilier, est le grand absent des États généraux de l’immobilier. Trois questions à son président Alain Duffoux.
Pourquoi n’avez-vous pas finalement participé aux États généraux de l’immobilier ?
Le SNPI s’est retiré des travaux, qui ne présentaient plus le même caractère d’indépendance de réflexion lorsque l’Unis et la Fnaim ont imposé que l’association Plurience (Foncia, Lamy, Loiselet, Gestrim, Sergic, Icade…) siège au comité des États généraux. De plus, le financement de cet événement est assuré en partie par ces mêmes grands groupes ! Les chefs d’entreprises des PME, très largement majoritaires en France, n’étaient plus équitablement représentés au sein de ce comité.
Que pensez-vous des propositions contenues dans le Livre blanc ?
Côté compétences, l’accès à la profession est déjà à bac+3. Bien sûr, on peut demander un diplôme d’accès mais cela peut-il servir l’intérêt des entrepreneurs français, au moment où nos frontières sont ouvertes, où les étrangers ont la possibilité de travailler chez nous en échappant à un certain nombre d’obligations ? Si le professionnel n’est pas bon, le consommateur ne s’y trompe pas, faisons lui confiance ! Côté déontologie, je remarque que ceux qui réclament plus d’encadrement sont souvent les plus laxistes avec leurs adhérents. La création de commissions départementales de conciliation est une idée louable mais pas raisonnable au moment où tout le monde cherche à faire des économies !
Avec le Conseil national des professions immobilières, l’idée de voir un ordre en France, dont Bruxelles ne veut pas, poursuit son chemin.Cela ne servirait pas forcément le consommateur, on le voit bien dans d’autres professions, les ordres ont plutôt tendance à couvrir leurs praticiens. De toute façon, nos activités de commerçant sont régies par la loi Hoguet, nous sommes une profession réglementée et dépendons du ministère de la Justice. Imaginer une tutelle supplémentaire est absurde ! La loi prévoit déjà les sanctions par la voie judiciaire. Ce que l’on retrouve, dans l’idée de création de ce conseil national et de la commission de discipline, c’est la patte des grands groupes qui aspirent à se refaire une virginité que ne leur apportent plus leurs organisations professionnelles et qui espèrent être aux manettes de ces institutions pour faire évoluer la profession dans leur intérêt. Intérêt qui, je vous le dis, est bien éloigné de celui des consommateurs, et bien plus tourné vers leurs actionnaires qui attendent de fortes rentabilités de leurs investissements.
Quelles mesures préconisez-vous pour la profession ?
Il faut répondre aux demande des particuliers, à savoir une transparence sans faille sur la traçabilité des comptes de copropriétés et assurer au consommateur qu’il y a une indépendance totale entre le garant financier et le syndic. Nous réclamons ces mesures auprès du ministère de la Justice depuis le début de l’affaire Urbania. Pas la peine de se perdre en conseil, commission et tribunaux d’exception. Une loi existe, elle peut toujours évoluer, mais rien ne sert de créer des écrans de fumée exclusivement destinés à protéger ceux qui pratiquent leur métier en utilisant des méthodes douteuses. Laissons la justice régler les litiges commerciaux entre commerçants et consommateurs.