Les initiatives visant à aider les plus modestes à se loger se multiplient. Et contrairement aux idées reçues, les agents immobiliers et les bailleurs privés qui s’impliquent dans ces démarches s’en portent plutôt bien.
Fédérer les agents immobiliers autour de valeurs communes à la profession, telle est la volonté de l’Agence Solidarité Logement.
Cette association loi 1901 a été créée en 2008 par Isabelle Larochette, gérante d’une agence immobilière (De la Cour au jardin), pour venir en aide aux mal-logés. Soutenue notamment par le SNPI et le groupe Se Loger, elle fédère aujourd’hui un réseau de 90 agences sur toute la France, y compris la Guadeloupe, qui se sentent concernées par le mal-logement.
Un fléau qui peut tous, un jour ou l’autre, nous atteindre. « Aujourd’hui, chacun d’entre nous sait qu’il n’est pas à l’abri d’une telle situation, souligne Isabelle Larochette. Pour ma part, c’est en observant ce qui se passait sur le canal Saint-Martin, dans mon quartier, que j’ai pris conscience que l’on ne pouvait pas rester indifférent et que les professionnels de l’immobilier avaient un rôle à jouer, qu’il s’agisse des personnes sans abri ou des personnes vivant dans des logements dégradés, insalubres…»
Ce qu’ils en disent :
Isabelle Larochette Présidente de l’Agence Solidarité : « Même si notre souhait n’est pas de faire un maximum d’adhésions, je déplore qu’il n’y ait pas plus de fédérations ou de syndicats prêts à s’inscrire dans notre démarche. En dehors du SNPI, les fédérations ou syndicats ne se sont pas manifestés pour le moment, au grand regret d’ailleurs de certains de nos adhérents qui sont par ailleurs affiliés à ces fédérations ou syndicats. »
Depuis 2008, cette professionnelle travaille sans relâche à faire connaître sa démarche. Mais à quoi s’engagent les agents immobiliers qui adhèrent à l’association ? C’est simple, il suffit qu’ils adhèrent aux valeurs de l’association, c’est-à-dire à une certaine idée de la solidarité et qu’ils acceptent de reverser 1 % du montant de leur chiffre d’affaires, fonds qui sont directement rétribués à l’association Abbé-Pierre pour aider les mal-logés. « L’année dernière, nos adhérents ont versé quelque100 000 euros à l’association Abbé-Pierre. » Une cotisation annuelle de 150 euros est également demandée aux adhérents, celle-ci étant, en revanche, destinée à l’association pour faire face aux frais de fonctionnement.
Vous êtes intéressé par cette action et souhaitez faire participer votre agence ? Sachez que c’est à vous de faire la démarche auprès de l’Agence Solidarité Logement, « Je m’assure juste, par un entretien, que l’agent immobilier souscrit bien dans un but solidaire et pas pour tirer un quelconque avantage commercial de son adhésion, précise Isabelle Larochette. D’ailleurs, l’agent immobilier ne peut se servir de l’association dans sa communication que si nous l’y autorisons. »
Ce qu’ils en disent : « Caroline Deby, directrice du Sires Ile-de-France:
Le contrat Louer Responsable est orchestré par le Sires Métropole et a été lancé pour se décliner dans toutes les villes de France. En matière de location diffuse, le bailleur qui passe par notre réseau bénéficie d’une sécurité quant à la perception de son loyer. D’autant que s’il accepte un conventionnement avec l’Anah, le locataire touchera l’APL. En outre, les loyers que nous pratiquons lui permettent un rendement très correct.«
Louer responsable
De son côté, la Sires Métropole, agence immobilière sociale affiliée au réseau Habitat & Développement, propose un contrat « Louer Responsable ». Avec le soutien, entre autres, de Se Loger, ce contrat oeuvre pour mobiliser le parc privé et faciliter l’accès et le maintien des ménages modestes, tout en proposant une gestion locative adaptée. Pour cela, il fait intervenir trois partenaires : un bailleur social ou privé, l’agence et le locataire.
Le propriétaire privé a tout à y gagner : il s’assure un investissement sécurisé et rentable tout en donnant un sens éthique à son projet immobilier. « Parler de social aux bailleurs ne leur fait pas plus peur qu’autre chose, explique Caroline Deby, directrice du Sires Ile-de-France, ils se reconnaissent dans les difficultés actuelles et deviennent de plus en plus éco-responsables, solidaires. » Le locataire est, de son côté, logé durablement. Quant à l’agence, elle assure le suivi personnalisé des locataires. « Un élément qui sécurise aussi les bailleurs car nous avons des travailleurs sociaux sur le terrain très vite alertés des problèmes », poursuite Caroline Deby. L’agence a démarré cette activité en début d’année et a déjà signé 60 contrats « Louer Responsable » rien qu’à Paris intra-muros. « Et le rythme de croissance est soutenu », se félicite Caroline Deby.
On le voit, dans un monde en plein bouleversement, la solidarité est loin d’avoir disparu. « Toutes les associations qui ont une démarche solidaire ont envie de travailler ensemble et des projets sont en cours de préparation, ajoute Isabelle Larochette, à plusieurs on sera plus forts et en mesure de mieux se faire entendre. »