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« Les réseaux de mandataires ne sont pas opposés au décret sur la formation initiale, bien au contraire », Vincent Pavanello président de la Maison des Mandataires

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Voilà presque trois semaines que le Conseil d’Etat a enjoint le Premier ministre à publier le fameux décret fixant les critères de compétence professionnelle initiale pour les collaborateurs d’agents immobiliers. La publication devra se faire avant le 25 août 2025 et sera le fruit d’un travail commun entre trois ministères (Logement, Justice et Économie), ce qui laissera le temps aux professionnels de faire des propositions afin que les objectifs fixés par la loi ALUR puissent être atteints grâce au décret.

photo : vincent-pavanello

Les réseaux de mandataires ont toujours investi dans la formation initiale de leurs conseillers

Contrairement à une idée reçue, les réseaux de mandataires ont toujours été favorables à la formation initiale et donc au décret évoqué ci-dessus. Il en va de la montée en compétences de notre secteur d’activité et de sa crédibilité vis-à-vis des clients. C’est aussi un moment de clarification bienvenu pour la profession.

Les réseaux sont d’autant plus sereins sur ce sujet qu’ils ont déjà tous mis en place des parcours de formation initiale pour les nouveaux conseillers. Ces parcours peuvent prendre plusieurs formes selon les réseaux mais ils ont un objectif unique : préparer au mieux le conseiller avant son entrée en activité, afin qu’il maîtrise au mieux les aspects métiers, juridiques et commerciaux.

Si les réseaux de mandataires ont fortement investi, depuis des années, dans la formation initiale, c’est en partie lié à leur modèle. La majorité des nouveaux conseillers étant dans un parcours de reconversion professionnelle, leur besoin de formation était plus important ce qui a créé de la concurrence entre réseaux pour offrir le meilleur parcours d’accompagnement.

Un décret qui doit prendre en compte les nouvelles méthodes d’apprentissage

La loi ALUR a été votée en mars 2014, c’est-à-dire il y a plus de 10 ans. Il faut donc veiller à ce que le décret soit cohérent avec les nouveaux formats qui se sont développés dans la formation professionnelle. Rendre obligatoire une formation en présentiel en 2025 n’a pas vraiment de sens, alors que la plupart des conseillers suivent aujourd’hui leurs formations en distanciel. Cela créerait en plus une inégalité entre les conseillers dans les grandes villes, où il est plus facile de se former en présentiel, et ceux de la ruralité qui devraient supporter des coûts importants pour suivre la formation (transports, hôtel, etc.).

Dans d’autres métiers où il existe des obligations de formation initiale, comme le courtage en crédit ou en assurance (IOBSP et IAS), les formations peuvent se faire en distanciel depuis des années et nous n’avons pas noté que ce format nuisait à la montée en compétences de ces professionnels.

Concernant enfin la bonne durée de formation, il faut quelque chose de cohérent avec les autres obligations de la loi ALUR. Cette dernière exige un total de 42 heures de formation tous les 3 ans, soit 14 heures par an. Ce volume d’heures (14 heures) nous semble adapté à la formation initiale et aura le mérite de la simplicité pour les conseillers immobiliers : vous devez faire 14 heures de formation avant de commencer l’activité, puis ensuite 14 heures par an.

Le contenu de la formation, le vrai sujet sur lequel la profession doit trouver un consensus

Au-delà du format retenu, la vraie question est celle du contenu. Quels sont les éléments qui sont indispensables à l’exercice de la profession de conseiller immobilier et qui doivent être au cœur de la formation initiale ? Il y a les sujets directement liés au métier comme les aspects juridiques et réglementaires, mais aussi d’autres éléments.

De la même manière que la loi ALUR exige des heures de formation continue en matière de lutte contre les discriminations ou contre le blanchiment, il est évident que ces matières doivent figurer à l’ordre du jour de la formation initiale. Nous pourrions aussi imaginer une exigence de contenus sur la culture générale autour de l’immobilier, par exemple sur les enjeux de la rénovation énergétique.

Comment assurer un bon niveau de qualité pour l’ensemble des formations initiales dispensées

C’est là aussi un point central de la discussion sur le décret à venir, et aussi une préoccupation légitimement soulevée par les deux grands syndicats de notre secteur : la FNAIM et l’UNIS. Comment s’assurer que les formations dispensées soient qualitatives partout sur le territoire ? Nous sommes également très attachés à cet enjeu et nous souhaitons même faire une proposition plus ambitieuse que celles qui ont été évoquées jusqu’alors.

Et pour cela, il ne faut pas réinventer la roue. Qui sont les entités les plus crédibles pour dispenser des formations en France ? Les organismes de formations qui ont déclaré leur activité et qui disposent donc d’un NDA (Numéro de déclaration d’activité). Et quel est le label qui atteste de la qualité du processus mis en œuvre par les prestataires d’actions concourant au développement des compétences ? Qualiopi, cette certification créée par la loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018.

Ne tombons pas dans le travers bien français qui consiste à créer des règlements ou des contraintes en plus de celles qui existent déjà et qui ont démontré leur efficacité. Le décret doit s’assurer que la formation initiale des conseillers immobiliers soit dispensée par un organisme de formation disposant de Qualiopi. Et il faut des contrôles drastiques sur les organismes de formation afin de s’assurer que les formations délivrées respectent, sur la forme et le fond, les attendus du décret.

Les réseaux de mandataires continueront à prendre en charge le coût des formations initiales

 Se former n’a pas de prix, mais cela a un coût. En ce qui concerne les réseaux de mandataires, ces derniers continueront à prendre en charge la formation initiale des nouveaux conseillers. Cela représente un effort qui se chiffre en millions d’euros au total pour l’ensemble des réseaux, mais c’est un investissement qui est déjà réalisé depuis plusieurs années et qui sera sanctuarisé.

Nous invitons l’ensemble de la profession à faire le même effort, car notre métier doit rester ouvert pour continuer à se développer. Une transaction sur trois se fait encore sans agent immobilier, notamment dans les zones où il n’y a pas assez de conseillers sur le terrain pour répondre au besoin. Il nous faut plus de professionnels, mieux formés et mieux éclairés sur les grands enjeux de notre époque.

Un coût de formation initiale trop élevé pourrait réduire l’attractivité de notre secteur, ce qui ne serait pas sans conséquence. De plus, il serait étrange que l’Etat publie un décret restreignant trop fortement l’accès à nos métiers alors même que l’Autorité de la Concurrence a rendu un avis en juin 2023 qui suggérait d’ouvrir le métier pour y créer davantage de concurrence.

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