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Thierry Repentin, Président de l’Agence nationale de l’habitat appelle à une mobilisation générale en faveur de la rénovation des logements. Tribune.
80 % des logements de 2050 existants déjà. Nous avons donc près de 20 millions de logements à rénover pour atteindre la neutralité carbone. Il s’agit d’un chantier colossal. D’aucuns ne parlent même de « chantier du siècle ». C’est aussi et surtout une formidable opportunité pour notre pays. Pour nos concitoyens, pour les collectivités et la revitalisation de leur territoire tout en pratiquant le ZAN, pour les opérateurs qui travaillent auprès d’elles, pour les entreprises du bâtiment…
L’État s’engage, avec des budgets records consacrés à l’amélioration de l’habitat y comprenant en tenant compte des récents efforts budgétaires. Le déploiement de France Rénov’, le service public de la rénovation de l’habitat, permet à tous les ménages d’accéder à des conseils neutres et gratuits pour réussir leur projet. Par ailleurs, la réforme de MaPrimeRénov’ trace la voie vers une accélération des rénovations d’ampleur, les plus efficaces pour réduire sa consommation énergétique, tout en permettant aux ménages qui le souhaitent de s’inscrire dans un parcours par geste.
Mais si l’État peut beaucoup, il ne peut pas réussir seul. Il nous revient à tous de créer les conditions pour donner confiance aux ménages et leur permettre de se lancer dans un projet de rénovation ambitieux.
Pour fluidifier leur parcours et faciliter leur passage à l’acte, nous devons tous travailler dans le même sens et leur donner envie de rénover leur logement. Les convaincre que rénover est accessible à tous. Développer le réflexe France Rénov’, tant auprès des ménages que des professionnels, pour rassurer et inciter au passage à l’acte.
Nous avons donc besoin de voir émerger une véritable filière française d’excellence de la rénovation énergétique, de la production à l’installation, en passant par le conseil et le financement. J’appelle donc à une mobilisation générale en faveur de la rénovation des logements, de tous les acteurs, parce qu’il s’agit de notre intérêt à tous.
A la mobilisation continue de l’État, qui doit s’engager pour donner à tous les acteurs de la chaîne de la visibilité et de la stabilité, qu’elle soit réglementaire ou budgétaire, afin de leur permettre de s’approprier cette politique publique, et lui donner les moyens de réussir.
A la mobilisation des collectivités locales, qui sont très fortement engagées sur la transition écologique de leurs territoires en favorisant la rénovation des logements, en luttant contre l’artificialisation des sols et en permettant la réhabilitation des friches. La rénovation, c’est aussi la préservation du patrimoine de nos centres-anciens et partout les initiatives locales fleurissent pour apporter des réponses territorialisées.
A la mobilisation de tous les professionnels de l’accompagnement, qu’ils soient issus des opérateurs historiques de l’Anah, des architectes ou des bureaux d’études pour structurer et développer cette offre d’accompagnement de qualité pour les ménages.
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A la mobilisation des artisans et entreprises du bâtiment, et plus largement de toute la filière professionnelle, qui doivent profiter de la flexibilité qui est leur offerte ces prochains mois pour réussir à monter en compétence, à recruter et former davantage d’ouvriers qualifiés et s ‘organiser pour proposer une offre commerciale pour les rénovations d’ampleur.
A la mobilisation des banques, qui sont essentielles pour permettre aux ménages de financer leur reste à charge et ainsi concrétiser leur projet. Tous les outils financiers existants — notamment l’éco-PTZ —doivent désormais être proposés et distribués de manière plus soutenue.
Mais j’insiste ici : nous ne ferons rien sans les ménages. Les meilleures aides du monde et le meilleur accompagnement possible n’effacent pas une vérité que les acteurs de terrain connaissent bien : rénover son logement, c’est compliqué. On sait qu’on a intérêt à le faire, mais on a toujours une bonne raison du reporter. Il y a pourtant une bonne nouvelle, toutes les enquêtes d’opinion le montre : les Français ont envie de rénover leur logement. Nous devons donc tenir compte de leurs contraintes et leur proposer un chemin qui leur permet de concrétiser leur envie de rénover. Et cela passe par agir ensemble pour leur redonner confiance ! La première étape de leur parcours doit donc être France Rénov’, le service public de la rénovation de l’habitat.
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S’engager dans des travaux de rénovation énergétique prendra toujours du temps parce que chaque logement à rénover est unique. Il n’y a pas de solution reproductible partout. Cela demande donc de bien réfléchir à son projet, de trouver les bons artisans et de s’assurer que les travaux sont réalisés dans les règles de l’art. Il s’agit également d’être vigilant face aux tentatives d’escroqueries.
La rénovation d’ampleur est un objectif ambitieux que nous devons encourager auprès du plus grand nombre de ménages. Pour tous ceux qui n’ont pas la possibilité de s’engager immédiatement dans une rénovation d’ampleur, il doit exister d’autres solutions. Pour eux, la rénovation commence souvent par un premier geste, c’est une réalité… et c’est un geste qui compte ! Nous devons leur permettre d’aller plus loin en les aidant à construire leur parcours de rénovation performante et en les accompagnant à long terme.
L’accompagnement des ménages est donc essentiel pour massifier les rénovations de qualité. Le rôle de Mon Accompagnateur Rénov’ est donc déterminant pour aider le ménage à choisir les bons travaux, à sécuriser son parcours face au risque d’arnaques, à mobiliser toutes les aides concernées il a droit pour réduire son reste à charge.
De nombreux acteurs ont d’ailleurs investi ce nouveau marché et la dynamique dépasse nos attentes. Plus de 3 000 Accompagnateurs Rénov’ sont déjà agréés sur l’ensemble du territoire. Et la dynamique d’agrément est telle que l’objectif des 5 000 Accompagnateurs Rénovés, initialement fixé pour la fin de l’année, pourra être atteint dès le 2e trimestre.
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Depuis 2020, les aides de l’Anah ont permis de rénover plus de 2 millions de logements, générant plus de 30 milliards d’euros de travaux pour les artisans et entreprises du bâtiment. C’est donc un levier majeur de dynamisme pour nos territoires, pour l’emploi local et pour la revitalisation de nos villes.
C’est une dynamique qui doit désormais profiter à toute la chaîne de valeurs de la rénovation énergétique : fabricants de matériaux, distributeurs, installateurs, plateformes de mise en relation, ouvriers. Nous devons valoriser ces métiers qui recrutent fortement, et organiser la formation professionnelle de notre jeunesse pour voir les 200 000 emplois dont nous avons besoin.
Au-delà de l’enjeu économique, cette politique publique est profondément sociale, permettant aux ménages, pour beaucoup à revenus modestes, de mieux vivre tout simplement. En rénovant massivement, nous permettons au plus grand nombre de vivre, dans des logements plus confortables, de consommer moins d’énergie et de valoriser leur patrimoine.
Le Ministre du Logement, Guillaume Kasbarian, a récemment proposé un pacte de confiance pour la rénovation réunissant tous les acteurs de cet écosystème. Banque ! C’est une initiative pertinente et nécessaire. L’Anah en sera partie prenante et mettra tout en œuvre pour favoriser cette mobilisation générale en faveur de la rénovation des logements. La planète en a besoin. Notre pays en a besoin. Nos concitoyens en ont besoin.
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