« L’effet Covid » continue de dynamiser le marché immobilier, mais dans une moindre mesure. D’après la FNAIM, l’érosion du nombre de ventes a continué au cours du premier semestre 2022. Le marché reste toutefois dynamique et les niveaux de transactions élevés. Les prix des biens continuent, quant à eux, d’augmenter. La période estivale pourrait toutefois marquer un tournant.
Des ventes moins nombreuses dans l’ancien
L’année 2022 marquera-t-elle la fin du boom immobilier ? « L’heure est au ralentissement », concède Jean-Marc Torrollion, président de la FNAIM, à l’occasion d’une conférence de presse qui s’est déroulée ce mercredi 29 juin. Fin mars 2022, on comptait 1175 000 ventes réalisées dans l’ancien sur les 12 derniers mois glissants. C’est légèrement moins qu’en août 2021, qui enregistrait 1211 000 ventes. L’érosion du nombre de ventes entamée ces derniers mois semble donc se poursuivre au 1er semestre 2022. Une tendance corroborée par un nouvel indicateur : celui du nombre de compromis de vente signés par les agences de la FNAIM, « en baisse de 3 % sur les cinq premiers mois de l’année 2022 et de 6 % en un an, sur le seul mois de mai », indique-t-il. Un recul qui devrait directement répercuter le volume de ventes à partir de cet été. La FNAIM anticipe une baisse de l’ordre de 8 à 10 % au cours du second semestre, donc un retour aux niveaux enregistrés en 2019.
Bientôt moins d’acquéreurs que de vendeurs ?
Une enquête menée par l’IFOP pour la FNAIM laisse entrevoir une baisse de la demande du côté des acquéreurs, donc un ralentissement de l’activité immobilière. Seuls 30 % des potentiels acheteurs estiment que la période actuelle est propice à l’acquisition d’un bien, contre 58 % à la même époque en 2021. « Le niveau le plus bas enregistré depuis 10 ans », indique Jean-Marc Torrollion. Ce sont les primo-accédants qui sont les plus impactés par la conjoncture. 44 % d’entre eux envisagent de devenir propriétaires pour la première fois, soit 25 points de moins qu’en juin 2021. Sans surprise, l’augmentation de l’inflation, au plus haut depuis 1985, devrait impacter les projets immobiliers des Français. D’après l’IFOP, 68 % des sondés ayant un projet d’achat ou de vente craignent que l’inflation ne vienne le retarder. Pour 18 % d’entre eux, cette dernière pourrait même annuler leur projet. Sans compter l’augmentation des taux de crédits, qui pourrait également refroidir certains acquéreurs.
Le cap des 3000 euros par m2 dépassé
Malgré l’inflation, les prix continuent leur envolée « de manière spectaculaire », selon Jean-Marc Torrollion. À l’échelle nationale, ces derniers atteignent même, pour la première fois, la barre des 3000 euros au m2. Exactement 3020 euros/m2, en date du 1er juin 2022. Soit une augmentation de 7,7 % par rapport à juin 2021. Les prix des appartements et des maisons ont respectivement progressé de 5,2 % et de 9,7 %. Les villes moyennes continuent de se démarquer sur le marché. « Leur prix augmentent presque deux fois plus vite que ceux des grandes villes, notamment dans l’Ouest », explique le président de la FNAIM. Là où les prix des 10 plus grandes villes de province croissent de 4,5 % sur un an, ceux des villes moyennes grimpent en effet de 8 %. À l’inverse, certaines métropoles jusqu’ici privilégiées par les cadres, qui sont devenus adeptes du télétravail, marquent le pas : Paris, Bordeaux, Lyon, Lille…
Vers un fléchissement des prix ?
Le fléchissement de la dynamique des prix est perceptible depuis deux mois. L’indicateur qui le montre, c’est l’évolution mensuelle des prix des logements, qui était de 0,3 % en mai 2022 contre 0,9 % en mars 2022. « Ce fléchissement des prix s’explique par le fait que les acquéreurs sont désormais plus attentifs qu’il y a un an. Ils sont nombreux à penser que les prix vont continuer à progresser », constate-t-il. La FNAIM table, pour le second semestre de l’année, sur une augmentation des prix inférieure aux 7,5 % observés en 2021, voire inférieure à l’inflation. Pas question, pour autant, de parler de « bulle immobilière ». « La hausse des prix est bien plus raisonnable que dans d’autres pays depuis la pandémie, le niveau d’épargne des ménages demeure élevé, les crédits à taux variables ne représentent que 2 % de l’ensemble, l’offre demeure faible, à l’instar des taux d’intérêt », conclut-il.
Aurélie Tachot est une journaliste spécialisée dans l'immobilier, qu'elle aime aborder sous le prisme des innovations, notamment technologiques. Après avoir été rédactrice en chef de plusieurs médias spécialisés, elle collabore avec Le Journal de l'Agence afin de rédiger des articles d'actualité sur les acteurs qui font l'immobilier d'aujourd'hui et qui feront celui de demain.