Murs porteurs fissurés, vides sous plinthes, affaissement de dallage, portes et fenêtres qui ne se ferment plus, sont les signes d’un mouvement de sol et de portance du sol d’assise des fondations. Dominique Boussuge vous donne les clés pour analyser ces pathologies.
Il est important de savoir analyser la gravité d’une fissure car si certaines ne sont que dilatation de matériaux, d’autres peuvent mettre en danger la solidité de l’ouvrage allant jusqu’à l’effondrement du bâti.
Les caractéristiques et critères d’appréciation
Une fissure est caractérisée par sa longueur et surtout par son ouverture, c’est-à-dire l’écartement entre ses deux «lèvres», appelé également «amplitude».
On distingue trois types de fissures :
Les microfissures
Les microfissures sont superficielles et leur largeur est inférieure ou égal à 0,2 mm.
Selon leur forme elles peuvent être structurelles ou simplement associé à de la dilatation de matériaux.
Attention les microfissures ou fissures en escalier c’est à dire quand elles suivent le joint des parpaings composant le mur, proviennent d’un problème au sol d’assise des fondations.
Les fissures
Les fissures sont très souvent représentatives de dilatation entre 2 matériaux qui n’ont pas la même nature (brique/parpaing ou pierre/béton etc) et comme pour les microfissures, selon leur forme elles peuvent être structurelles. Leur largeur peut aller de 0,2 et 2 mm.
Les lézardes
Les lézardes appelées aussi les fissures traversantes ont une largeur de plus de 2 mm et souvent dépassent les 20 cm de long.
Les plus dangereuses
Les fissures peuvent être plus ou moins dangereuses selon leur emplacement sur le mur (angle en pieds de mur ou au point de la sablière, linteau, allège). Elles remettent en cause la solidité de la structure du bâti et ont très souvent une forme en escalier.
L’origine des fissures
Les fissures peuvent avoir des causes très différentes. Il est important de connaitre leur origine.
Les fissures dues aux mouvements de terrain entraînent une instabilité au sol d’assise des fondations.
Si le sol est instable, les fondations peuvent bouger, se fissurer et entrainer des efforts et des tensions sur les différents éléments de maçonnerie et des fissures en escalier apparaissent alors sur les murs de façade.
Les principales causes de ces désordres
La dessiccation des sols
La dessiccation est l’élimination de l’eau dans le sol, c’est la déshydratation naturelle de la terre dû aux périodes de sécheresse climatique.
Les fortes chaleurs et l’absence prolongée de pluies déshydratent les sols superficiels et en profondeur. Cette diminution de la teneur en eau entraîne une dessiccation des sols. Les sols argileux sont particulièrement sensibles aux variations hydriques qui se traduisent par des retraits et gonflements des argiles.
Ce phénomène entraîne des tassements différentiels et les conséquences sont préjudiciables et néfastes sur l’ouvrage.
L’excès d’eau, la rétention ou surhydratation des sols
La forte quantité d’eau dans certains sols argileux produit souvent des gonflements de ces terres.
Les périodes de pluies continuelles, les ruissellements d’eau, les fuites dans un réseau enterré, un rejet d’eaux de toiture directement sur le sol non canalisé, ou les absences de raccordements d’eaux pluviales, saturent les sols en eaux et soustrait la terre sous les fondations entraînant des fissures structurelles.
La décompression du sol d’assise des fondations
La décompression du sol d’assise des fondations survient à la suite de travaux d’excavations près de la construction ou l’on est venu creuser entraînant la fuite de la terre sous les fondations.
Les vibrations
Les bâtis proches d’une route fréquentée régulièrement par des véhicules lourds (camion, bus ….) ou d’une voie ferrée, sont sollicités par de fortes vibrations mais aussi la démolition d’un immeuble proche, peuvent être la source d’un tassement de sol.
Les racines d’arbres
La présence d’arbres avec des racines très étendues et ligneuses assèche le sol sous les fondations.
Les racines d’un arbre ne pénètrent pas plus profond que 1.5 mètre. Aussi, une fondation devrait avoir une profondeur de plus de 1.5 mètre pour assurer qu’aucune racine ne se développe en dessous et viennent assécher la terre. Idéalement, un arbre qui aura une hauteur de 15 mètres à l’âge adulte devrait être planté à une distance de 15 mètres d’un bâti pour éviter son influence.
La reconnaissance des fissures structurelles
Fissures sur les murs porteurs
Les fissures structurelles se traduisent généralement par une ouverture qui se manifeste sur les éléments porteurs du bâti, tels que les murs, les plafonds, les planchers, ou les dalles. Elles sont sur les murs avec une forme en escalier si la structure du bâti est en parpaing ou en brique, en serpent (sur les joints autour des pierres) si la structure est en pierre et verticales ou à 45 degrés si la structure du bâti est en béton ou composé de torchis.
Affaissement de dallage
Un affaissement de dallage est dû à un tassement du sol sous les fondations.
Le tassement commence d’abord en périphérie sous les fondations pour atteindre ensuite le dallage.
On reconnaît cette pathologie d’affaissement de dallage par des vides différentiels sous les plinthes.
Sous un même mur porteur on peut avoir 1cm de vide sous plinthes au début de ce mur et avoir 0,2cm dans le prolongement.
Les difficultés d’ouverture des portes et fenêtres
Les tassements du sol d’assise des fondations et les affaissements de dallage se manifestent par des distorsions des éléments liés aux murs porteurs comme les portes et les fenêtres.
On associe ces désordres à une pathologie structurelle prenant sa source au niveau des fondations.
Que faire après ces constats ?
Envoyer un courrier à la Mairie de la commune où se situe le bâti pour faire une déclaration de catastrophe naturelle afin que celle-ci fasse la demande de classement en catastrophe naturelle auprès de la préfecture, et envoyer une copie de ce courrier à l’assureur .
L’évaluateur de dommage (l’expert d’assurance)
Au passage de l’évaluateur de dommage et afin de prouver la souffrance du bâti face à une catastrophe naturelle, il faudra demander une mission Géotechnique de type G5 .
Sans cette étude des sols, l’exactitude de la reconnaissance de cette pathologie structurelle ne pourra pas être déterminée et aucune reprise en sous œuvre pour stabiliser l’ouvrage ne pourra être envisagé.
Méthodologie de reprise
Pour les fissures structurelles qui sont dues à une pathologie au niveau des fondations, il faudra impérativement faire une étude géotechnique de type G5 pour connaître l’origine exact de la pathologie avant d’employer la méthodologie de reprise conseillée par le Géotechnicien.
Il existe 2 techniques de reprise en sous œuvre.
Les micropieux
Un micropieu est un composant de fondation profonde destiné à assurer l’ancrage d’un ouvrage à une profondeur incompatible avec les fondations superficielles.
Les micropieux pour fondations sont forés dans le sol avec un diamètre compris entre 100 et 250 mm mais 140 mm est souvent retenu pour les micropieux de reprise en sous œuvre pour les habitations et comportent nécessairement une armature métallique continue toute hauteur : tube, profilé ou barre
Injection de résine expansive
L’injection de résine expansive représente une alternative moins invasive et plus économique que les méthodes traditionnelles de reprise en sous-œuvre par micropieux.
La technique de reprise en sous œuvre consiste à consolider les sols instables en injectant de la résine expansive sous les fondations ou le dallage à traiter.
Dans un premier temps liquide, cette résine comble les micro-vides présents dans le terrain puis s’expanse rapidement en se solidifiant et compactant le sol.
PATHOLOGISTE - EXPERT TECHNIQUE & SCIENTIFIQUE OUVRAGES BÂTIS & OUVRAGES D’ART - PROTECTION & SAUVEGARDE DU PATRIMOINE MONDIAL - EXPERT INTERNATIONAL - CONFERENCIERE - FORMATRICE - PROFESSEURE AFFILIEE EN ECOLE SUPERIEURE
Depuis 1990, Dominique parcours le monde à la sauvegarde du patrimoine, elle exerce la fonction d’Expert technique et scientifique en Ouvrages Bâtis et Ouvrages d'Art et de Pathologiste national et international
Depuis l'an 2000, elle forme, partout en France et à travers le monde, des professionnels de l'immobilier et du bâtiment issus de tous horizons (Ministères étrangers, Ingénieurs structures, Agents immobiliers, Experts immobiliers, Banques, Promoteurs, ...) pour ses connaissances en Pathologie des ouvrages bâtis et ouvrages d'Art.et référencée Datadock.
Elle est professeure en école supérieure de l'immobilier et intervenante dans diverses Facultés en France comme à l'international pour les formations diplômantes.
Dominique est Membre du Jury à l'Université de Paris Panthéon- Sorbonne en Master 2 Ethires, pour la philosophie appliquée en entreprise, en responsabilité sociale et environnementale.
Elle a innové dans la formation en mettant en oeuvre les OUTSIDE TRAINING, afin d’optimiser les formations en pathologies des ouvrages bâtis, elle propose une innovation. Ces formations sont dispensées, au travers de visite en extérieure, sur des bâtis sélectionnés par les stagiaires ou au détour de ruelles empruntées.
Elle a souhaité traversé les frontières des murs pour vivre la formation différemment.
Elle effectue en France comme à l'International? toutes missions d’Audit, d'Expertises, d'Etudes, de Conseils ou de Formations pour : Les Etats et Ministères étrangers, Les offices publics, Le Patrimoine National, Les Maîtres d'Ouvrages (missions d’A.M.O.), Bureaux d'Etudes, Entreprises, Gestionnaires de patrimoines bâtis, particuliers, Université, Organismes d’Enseignements supérieurs ou de Formations, et tous les acteurs de l'Immobilier.
contact@lesexpertsvauban.org
06.23.69.61.65
PUBLICATIONS D'OUVRAGES:
Pathologies des ouvrages bâtis niveau 1,
Pathologies des ouvrages bâtis niveau 2,
Pathologies dans les copropriétés
Pathologies des ouvrages d'Art
Merci beaucoup pour cet article qui m’a beaucoup éclairé sur ma grande lézarde au plafond. J’aurais aimé par contre que vous évoquiez également es constructions anciennes car j’ai l’impression que ces vieilles Dames soufrent elles aussi des changement climatiques et se retrouvent bien « ridées ». Ma maison qui date du début du siècle dernier se retrouve avec beaucoup de fissures au plafond et je suis désespérée de voir ça.
Très intéressant, comme d’habitude. Sujet délicat et complexe. Pas facile de faire une synthèse en quelques lignes, Mme Boussuge a très bien réussi l’exercice, peut être quelques mots sur l’étude géotechnique de type G5 aurait pu être utile. Tous les agents commerciaux devraient faire une formation en pathologie des ouvrages bâtis !
Excellent article qui résume parfaitement la situation.Depuis 4 mois sur des dossiers sècheresse en région parisienne après avoir traité des dossiers séisme en Drome et Ardèche et d’autres évènements climatiques,je suis vivement intéressé par vos publications.
Par kathy, il y a 2 années
Merci beaucoup pour cet article qui m’a beaucoup éclairé sur ma grande lézarde au plafond. J’aurais aimé par contre que vous évoquiez également es constructions anciennes car j’ai l’impression que ces vieilles Dames soufrent elles aussi des changement climatiques et se retrouvent bien « ridées ». Ma maison qui date du début du siècle dernier se retrouve avec beaucoup de fissures au plafond et je suis désespérée de voir ça.
Par Antoine Avenoso, il y a 2 années
Très intéressant, comme d’habitude. Sujet délicat et complexe. Pas facile de faire une synthèse en quelques lignes, Mme Boussuge a très bien réussi l’exercice, peut être quelques mots sur l’étude géotechnique de type G5 aurait pu être utile. Tous les agents commerciaux devraient faire une formation en pathologie des ouvrages bâtis !
Par Dassonville Luc, il y a 4 années
Excellent article qui résume parfaitement la situation.Depuis 4 mois sur des dossiers sècheresse en région parisienne après avoir traité des dossiers séisme en Drome et Ardèche et d’autres évènements climatiques,je suis vivement intéressé par vos publications.