Interview de Serge IVARS, Président de l’Union des syndicats de l’immobilier (UNIS).
Comment appréhendez-vous cette rentrée immobilière ? En l’absence de signes concrets de véritable redémarrage, je préfère rester prudent. Les derniers chiffres de l’observatoire Clameur sur les loyers, par exemple, sont mauvais. Le climat est à la baisse dans un certain nombre de villes. Bien sûr, les gens ont toujours besoin de se loger, mais il ne faut pas oublier que, en période de crise, les taux de mobilité diminuent. Cela étant, il y a un fort déficit de logements à la location et il va bien falloir que l’on construise de nouveau. Je m’attends à une tension sur les logements neufs dans le courant du dernier trimestre. Si la demande reste constante et si l’offre diminue, les loyers pourraient se redresser.
Quelle est votre analyse du marché de la transaction ?
Là aussi je m’attends à un effet de yo-yo. La construction a été dopée par la loi Scellier. Mais contrairement à ceux qui achètent pour se loger, les investisseurs, eux, ne libèrent pas de logements anciens. Ce maillon de la chaîne est toujours grippé. Et cela ne bougera pas avant quelques mois. Certaines dispositions réglementaires contribuent aussi à paralyser le marché. La loi Boutin, par exemple, interdit aux bailleurs d’exiger une caution pour louer aux étudiants. Du coup, les bailleurs rechignent à mettre leur bien en location sans garantie, et le dispositif se retourne finalement contre les étudiants.
Que pensez-vous des lois du Grenelle Environnement ?
Je suis persuadé de l’intérêt des travaux de rénovation énergétique dans les copropriétés, qui permettront d’alléger les charges et d’améliorer l’environnement. Mais je suis inquiet. Compte tenu du contexte actuel de solvabilité dégradée, les copropriétaires ne sont pas du tout prêts à entreprendre ces chantiers. Nous nous attendons donc à des assemblées générales difficiles pour obtenir le vote des travaux souhaitables. On a fait tout notre possible, on a même lancé un concours, Unis 21 Eco Copropriété, pour sensibiliser les copropriétaires aux enjeux environnementaux et du développement durable. On sent néanmoins les difficultés de la part des payeurs, les copropriétaires. Ils attendent des dispositions fiscales.
Dans un tel contexte, quel diagnostic portez-vous sur les professionnels de l’immobilier ? Lorsque le climat est moins bon, les moins compétents et les moins sérieux disparaissent en premier. Dans cette période difficile, les agents immobiliers et les administrateurs de biens doivent donc faire preuve d’encore plus de ri gueur et redoubler d’effort en matière de formation et d’information. L’Union des syndicats de l’immobilier est là pour les aider. Nous mettons à leur disposition un service juridique de qualité et les tenons informés en permanence. Il faut garder le moral. Aujourd’hui, il est difficile de louer et de vendre de particulier à particulier. Dans ce sens au moins la crise est bénéfique pour les professionnels.