L’amélioration de son habitat et de l’environnement interagit avec le sentiment d’une meilleure santé physique et mentale des habitants.
Quatre chercheurs anglais en étude urbaine et en santé ont mis en évidence le lien étroit qu’il existe entre le type d’habitat et ses impacts psychosociologiques sur les habitants. Les entretiens menés avec les habitants dans la banlieue de Glasgow montrent que des aspects très spécifiques du bâti (tant sur des éléments relatifs à la conception et à l’organisation des logements que celle de l’aménagement des rues proches) peuvent avoir un impact significatif sur le bien-être et qualité de vie perçus. En effet, les éléments caractéristiques de l’immobilier influencent de façon déterminante les processus psychosociaux fondamentaux tels que la sensation de contrôle de son environnement, la possibilité d’une véritable vie privée et le plaisir éprouvé dans la socialisation.
Ainsi, ces chercheurs montrent que chaque intervention, notamment celle des promoteurs, des aménageurs et des pouvoirs publics dans ces domaines peut favoriser des améliorations possibles en matière de santé des habitants. Plus précisément, passer d’un appartement à une maison augmenterait sensiblement la sensation de bien-être, ce que l’on peut associer directement à une amélioration de la santé mentale et même de la santé physique.
Les caractéristiques des maisons telles que le fait de bénéficier d’une entrée privée ou d’un accès à un jardin privatif favorise fortement le bien-être ressenti, et ce via l’amélioration de la sensation de contrôle de sa vie et du potentiel de sociabilité positive avec les voisins (sans compter la capacité à fournir un espace extérieur utilisable pour se détendre). Plus encore, une amélioration de l’environnement des alentours et de la configuration de la rue conduit à une réduction de la perception du nombre d’incivilités. Améliorer le sentiment de contrôle de son environnement pour les habitants apparait ainsi comme une explication fondamentale du bien-être. Plus encore, les chercheurs ont montré que le passage d’un appartement à une maison avec jardin, bénéficiant d’une plus vue dégagée et d’une rue mieux entretenue, diminuait le sentiment de solitude. Ce sentiment de solitude avait été montré dans d’autres études comme fortement corrélé au manque d’espaces verts (Maas et al. 2009).
Bref, il existe une interaction très intense entre le type de logement (et ses alentours) et la sensation de bien-être via notamment la capacité des habitants à avoir un sentiment de contrôle et d’appropriation. La logique fonctionnaliste des logements collectifs se heurtent donc à l’émotion ressentie des habitants. Les discours sur l’immobilier et sur la ville pourraient gagner à montrer davantage comment les aspects fonctionnels et la technique peuvent être des moyens de mieux contrôler son environnement, et donc de mieux vivre son logement. C’est en tout cas le sens du nouveau « International Highrise Award 2014 » qui vient de récompenser le bâtiment Stefano Boeri à Milan, qui accueille une quasi forêt verticale de 900 arbres et des milliers d’arbustes sur des balcons de 3,5 m de profondeurs. La collaboration entre architectes et botanistes au service du bien-être émotionnel des habitants, loin de la seule vision fonctionnaliste d’après-guerre. C’est un des enjeux à venir des professionnels de l’immobilier neuf.
Source : Gibson M. et al (2011), Understandings the psychological Impacts of Housing Type : qualitative evidence from a housing and regeneration intervention, Housing Studies, 26, 4, 555-573; Maas J et al. (2009), Social contact as a possible mechanism behind between green space and health, Health and Place, 15, 2, 586-595.