Interview de Bernard de Crémiers et Patrick Michel Khider, cofondateurs du réseau Laforêt Immobilier.
Quel bilan dressez-vous de l’année 2009 ?
Depuis le mois de mars, les soldes sont terminés. Les biens qui étaient sur le marché depuis plusieurs mois ont trouvé preneurs, les mises en vente se font attendre, les stocks sont tendus, la baisse des prix ralentit. Mais depuis septembre, le balancier s’est inversé et les prix amorcent une douce remontée, entre 1 et 3 %. Au total, 2009 verra une baisse des prix générale sur la France, de l’ordre de 4,4 %.
La remontée des prix est-elle durable ?
L’année 2010 ne connaîtra pas une forte amélioration de la situation, les prix resteront stables. Nous devons relativiser l’effet financier de cette remontée. Si les écarts se creusent entre les bons produits et les autres, le prix moyen d’une acquisition est toujours de l’ordre de 200 000 euros.
Comment analysez-vous la conjoncture ?
Le marché immobilier ne devrait pas connaître un retour à la normale avant 2011 ou 2012. L’attrait pour l’immobilier reste intact, mais la véritable relance se fera en douceur, avec un cycle lent. Pour la plupart des générations, construire le futur passe par la détention de son propre toit, mais s’endetter sur vingt ou vingt-cinq ans suppose une capacité de confiance en l’avenir. Les incertitudes de la relance économique sont trop omniprésentes pour que l’accélération des transactions se produise immédiatement. Les mesures fiscales et la loi Scellier sont des artifices. Comme la prime à la casse pour l’automobile, elles comblent des moments de baisse d’un marché.
Quel est l’impact de la crise sur votre activité ?
Les marchés ont fortement baissé en volume entre septembre 2008 et mars 2009, jusqu’à – 35 %. Nos agences ont pris des mesures très sérieuses de réduction de coûts afin de mieux traverser la tempête. Le turn-over de commerciaux est important, et la plupart des projets de développement ont été annulés ou repoussés. Nous avons tous été amenés à retravailler sur les fondamentaux de nos métiers ; nos agences ont développé des activités plus récurrentes, telles que la location ou la gérance locative.
Comment la profession doit-elle s’adapter à la nouvelle donne ?
Les consommateurs ont développé un esprit de « bonnes affaires ». Cette recherche systématique de l’économie remet en cause, dans beaucoup de cas, le montant des honoraires des agences. La profession doit pousser à une évolution de la loi Hoguet qui permettrait à l’agent immobilier de facturer des prestations de services en fonction de son intervention. Grâce à cette approche, il serait plus efficace et pourrait ainsi répondre de manière beaucoup plus adaptée aux attentes des différents consommateurs.
Propos recueillis par Ariane Artinian