A la veille du premier tour des élections municipales, la FNAIM du Grand Paris, en partenariat avec Harris Interactive, a réalisé un sondage sur les Franciliens et le logement*. Si ce sondage révèle une insatisfaction des Franciliens face à la politique du logement en Ile-de-France, il met aussi en lumière de nombreux paradoxes et clivages concernant leurs attentes. Principaux intéressés, les futurs maires ont du mal à se démarquer en ce qui concerne la politique du logement alors même qu’ils sont des acteurs de premier plan. Les attentes des Franciliens sont, quant à elles, nombreuses et souvent contradictoires. Le Grand Paris pourrait demain changer durablement les perceptions sur le logement et les comportements.
64 % des Franciliens insatisfaits de la politique du logement en Ile-de-France : quelles réponses des pouvoirs publics ?
Près de deux tiers (64 %) des Franciliens se déclarent insatisfaits quant à la politique du logement en Ile-de-France. Parmi les Franciliens qui se disent les plus insatisfaits, on retrouve les CSP+, les Franciliens habitants en appartement et les actifs ayant plus de 2 heures de trajet quotidien. En revanche, « l’effet proximité » joue à plein puisque les Franciliens se montrent moins critiques concernant la situation du logement dans leur propre commune : 53 % en sont satisfaits.
Cette satisfaction est à mettre en regard avec le niveau de confiance que les Franciliens accordent au maire pour mener une politique efficace dans le domaine du logement : les Franciliens classent les échelons locaux, maires et, à tort le Conseil Régional, aux 2 premières places. Ce sont les deux acteurs les plus cités, à hauteur de 46 % et 49 %. Au sortir de longs débats sur la loi ALUR, la confiance accordée au gouvernement reste faible : il est cité par seulement 16 % des Franciliens. Enfin, plus d’un quart des Franciliens (26 %) considèrent qu’aucun de ces acteurs ne mènent une politique pouvant être qualifiée d’efficace dans le domaine du logement.
Les élections municipales, notamment à Paris, ont placé la question du logement au cœur des débats. Il est donc important de rappeler la responsabilité qui incombe aux responsables politiques. Gilles Ricour de Bourgies, Président de la FNAIM du Grand Paris déclare : « Les textes juridiques ne manquent pas et pourtant, la pénurie de logement persiste. A peine plus de la moitié des 70 000 logements fixés par la loi sur le Grand Paris sont construits chaque année. Quant à la loi ALUR, elle ne répond qu’en partie aux enjeux de la politique du logement. Loin d’être clos, le débat sur le logement doit être constant. »
60 % des Franciliens interpellent les candidats sur le prix de l’immobilier : quelles attentes vis-à-vis de la politique du logement ?
Le prix émerge comme la principale préoccupation des Franciliens : 60 % d’entre eux attendent que les candidats aux élections municipales prennent position en priorité sur ce sujet. C’est particulièrement vrai pour les moins de 35 ans (69 %) et les Parisiens (70 %). Parmi les principales préoccupations, viennent ensuite les conditions d’accession à la propriété (33 %), les projets de constructions immobiliers (30 %) et l’entretien du parc locatif existant (27 %).
En revanche, des contradictions apparaissent lorsque l’on questionne les Franciliens sur ce qu’ils considèrent comme les solutions à apporter au logement en Ile-de-France. Outre le fait que toutes les solutions proposées leur paraissent importantes, ils ont tendance à privilégier des solutions de court terme sans réel impact sur la situation du logement en Ile-de-France. Ils plébiscitent ainsi la réhabilitation des logements non occupés jugée prioritaire par 46 % d’entre eux. En apparence simple et immédiate, cette solution s’avère complexe à mettre en œuvre dans la réalité et ne concerne que 2 % du parc immobilier. La rénovation de logements anciens et la réhabilitation du parc social sont respectivement citées par 35 % et 33 % des Franciliens. Une mesure de long terme émerge cependant : la construction de logements destinés aux classes moyennes arrive en deuxième position, citée par 37 % des Franciliens. La construction de logements sociaux est citée par 32 % des Franciliens comme étant prioritaire.
Selon Gilles Ricour de Bourgies : « La pédagogie en matière de logement est donc plus que jamais nécessaire pour faire entendre les solutions dont le Grand Paris a réellement besoin. Cette enquête met en avant les nombreux clivages qui existent sur le thème du logement et donc la difficulté de constituer une politique consensuelle, indépendamment des visées électoralistes. Plus que jamais, une politique du logement efficace exige du courage. »
36 % des Franciliens prêts à déménager : une nouvelle perception du Grand Paris ?
Prémices d’un changement de perception à l’égard du Grand Paris ? 56 % des Franciliens se déclarent prêts à allonger leur temps de transport jusqu’à leur lieu de travail pour habiter dans un logement plus grand et / ou moins cher que leur logement actuel. Les plus à même d’arbitrer en faveur d’un logement plus spacieux et / ou moins cher sont les habitants de la grande couronne (68 %) et les Franciliens habitant en maison individuelle (64 %). Au contraire, 69 % Parisiens arbitrent plutôt en faveur de temps de transports logement / travail plus court quitte à vivre dans un logement plus petit et / ou plus cher, de même que les habitants du Val de Marne (53 %). Ceci prouve bien que les citoyens se comportent avant tout en vrais consommateurs, arbitrant en permanence entre leurs désirs et la réalité.
Par ailleurs, 36 % des Franciliens se déclarent prêts à déménager du fait du développement de plusieurs lignes de métro dans le cadre du Grand Paris Express. Cela concerne un quart des Parisiens. La révolution des transports en marche en Ile de France pourrait donc durablement modifier les comportements vis-à-vis du logement. Le « Paris intra-muros » pourrait peu à peu laisser place à une multitude de centres qui redessineraient progressivement la carte du logement en Ile-de-France. © LeFildeLimmo/BazikPress© Fotolia
(*) Enquête réalisée en ligne du 5 au 11 mars 2014. Échantillon de 1 001 individus représentatifs de la population francilienne âgée de 18 ans et plus.