Les loyers du secteur privé en berne

Dans le secteur résidentiel privé, les évolutions des loyers subissent fortement la crise, comme en 2009, selon l’Observatoire Clameur.

Depuis l’été 2011, le marché locatif privé s’enfonce dans la récession, affecté, comme l’ensemble de l’économie immobilière, par le ralentissement économique amorcé avec le déclenchement de la crise des dettes souveraines », a expliqué Michel Mouillart, professeur d’économie à l’université Paris Ouest, lors de la présentation de la dernière
étude de Clameur.

Comme d’habitude, celle-ci porte sur les loyers de marché mesurés lors d’une relocation ou d’une location nouvelle, pour les seuls logements du secteur libre. Leur évolution ne peut donc se comparer à celle de l’IRL (indice de revalorisation des loyers) régissant les baux en cours.

Baisse à Paris et dans les grandes villes de province

Les loyers de marché s’effritent maintenant à Paris, si l’on se base sur les valeurs observées au cours des huit premiers mois de cette année. Jusqu’à maintenant, la capitale pouvait être le théâtre de hausses excessives de loyer de logements vides. Dans la conjoncture actuelle, ce n’est plus le cas. En outre, des métropoles régionales connaissent également ce mouvement baissier, comme Amiens, Besançon, Bordeaux, Caen, Clermont-Ferrand, Lille, Le Mans, Montpellier, Nancy, Nice, Rennes ou Rouen. Et  dans certaines villes comme Belfort, Grenoble, Limoges, Marseille, Nantes, Saint Etienne, Strasbourg ou Toulouse, la hausse des loyers reste inférieure à l’inflation.

+ 0,1 % pour les loyers, + 1 % pour l’inflation.

Toujours à fin août, les loyers de marché n’ont augmenté que de 0,1 %, en rythme annuel. Pour la France entière, ils ressortent en moyenne à 12,60 euros/m2 et à 24,10 euros à Paris. Dans le même temps, la hausse des prix à la consommation a été estimée à 1 % par l’Insee.

En 2012, à la même époque, les loyers de marché ne progressaient que de 1,2 %, pour des prix à la consommation en hausse de 2,1 %. Pas de doute, les loyers des logements privés augmentent moins vite que l’inflation. Ce qui signifie, qu’en euros constants, les propriétaires bailleurs ne maintiennent pas leurs revenus locatifs. Le phénomène n’est pas vraiment nouveau. « Depuis 2006, les loyers de marché progressent moins vite que l’inflation », relève Michel Mouillart. Conséquence : sous l’effet conjugué de hausse de  la pression fiscale et des loyers sous contrôle, les bailleurs n’ont guère les moyens de réaliser des travaux pour entretenir les logements locatifs.

Habituellement le marché locatif fait preuve d’un certain dynamisme durant l’été. La réalité s’avère différente. Dans 40 % des villes de plus de 146 000 habitants que Clameur observe depuis 2000, les loyers de marché ont tendance à reculer depuis le début de l’année 2013.

Outre, une demande très déprimée par la montée du chômage et les incertitudes sur le pouvoir d’achat, les investisseurs doivent faire face aux décisions publiques et aux annonces déstabilisantes comme le pro-
jet de loi Alur.

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Martine Denoune: Journaliste économique, Martine Denoune vient de quitter les Echos où elle traitait d'immobilier mais aussi d'assurance-vie, de fiscalité et d'ingénierie patrimoniale. Elle exerce désormais en freelance et anime parallèlement un blog dédié aux placements sur http://mdenoune.wordpress.com.