Entreprendre, c’est accepter les contraintes que l’on a choisies, c’est aussi assumer les risques que l’on a pris.
Il faut vivre cette situation comme un privilège car la plupart des gens subissent les obligations que la vie leur impose.
Les candidats au poste de négociateur immobilier en indépendant (mandataire) sont en tous points respectables, eu égard au risque qu’ils prennent en sacrifiant une certaine sécurité financière au profit de l’espoir du gain.
Ils rejettent « la soumission au patron » qui leur apporterait la sécurité d’un salaire régulier au profit d’une liberté d’action.
Qui pourrait leur en faire le reproche ?
Certainement pas moi qui suis un admirateur des « hussards » de l’entreprise :
– Ils créent au moins un emploi : le leur.
– Ils fabriquent des taxes au profit de la collectivité.
– Ils génèrent des cotisations sociales.
– Ils prennent des risques financiers : s’ils échouent, ils perdent leur propre argent.
Pour toutes ces raisons, ils méritent d’être traité comme des bienfaiteurs. Pas moins. Le plus humble entrepreneur individuel apporte plus à la collectivité que le plus talentueux des salariés.
Malgré leurs contributions à la collectivité, les entrepreneurs-bienfaiteurs restent perçus, comme des travailleurs précaires dans un monde où la norme est le salariat.
Ces risque-tout au régime (suspect) du RSI – Régime Social des Indépendants – ne pourront accéder au prêt avant le 3ème bilan positif (et encore).
On peut déjà pressentir que le rejet de la servilité du modèle post industriel consistant à se soumettre à une hiérarchie en échange de la sécurité d’un revenu régulier, conjugué à l’allongement de la durée du travail, annonce le retournement du régime protecteur du salariat.
Faut-il se réjouir de l’évolution «protection – soumission» au profit de «prise de risque – précarité» ?
Je n’en sais rien mais la tendance est en marche car le régime salarial hérité de la révolution industrielle du 20ème siècle finit par s’autodétruire dû à la surprotection rigide dont il s’est vu affublé.
Il faudra une génération pour convaincre que «la précarité» liée au statut d’entrepreneur, soit synonyme de responsabilité. Une prise de conscience collective devra recentrer le rôle du « risqueur » au cœur du dispositif social. Il le mérite.
Si l’establishment ne prend pas en compte cette évolution, la société française perdra (encore) de sa capacité à se maintenir dans un marché mondialisé, lequel fait la révérence aux entrepreneurs. Il ne restera alors à la France que le droit de s’émouvoir des départs à l’étranger de ce potentiel entrepreneurial.
Il faut reconnaître que le créateur d’entreprise doit être doté d’une sacrée dose d’énergie (et d’inconscience) car le confort social du CDI dans lequel on est installé avant de se lancer, entrave souvent la décision du futur entrepreneur à se lancer. Le décalage entre les avantages sociaux ultra protecteurs du premier étant très éloignés des risques pris par les travailleurs indépendants.
Ayant personnellement commencé ma carrière il y a 30 ans au régime du RSI, je conserve un souvenir piquant du pillage par les caisses maladie, retraite et vieillesse, des premiers mois de mon installation, avant même d’avoir encaissé le premier franc ! Le refus par mon cher banquier, d’un prêt personnel de 10 000 francs de l’époque (1 500 €) pour m’acquitter de ces cotisations sociales me fit avaler ma première arrête sociale. Etant chargé de famille et sans autres ressources avant de me lancer, je compris rapidement le sens de l’expression « toucher le fond » dans ma 1èreannée d’exercice.
Enfin les pouvoirs publics, victimes de 50 années de dictat syndical, ont reconnu l’utilité sociale de l’entreprise individuelle en votant la loi du ministre Novelli, que je salue ici sur le statut de l’auto-entrepreneur.
Ce dispositif a permis à un million de personnes de créer leur entreprise en quelques années. Quand même !
Pourtant, ce régime d’amorçage à la création d’entreprise est actuellement remis en cause par le gouvernement en place, ce qui paraît incompréhensible dans une période de détérioration de l’emploi salarié.
Dans ce contexte, il reste à craindre que le marché de l’emploi poursuive sa régression, ce qui freinera (peut-être) les ardeurs idéologiques des politiques à légiférer dans le sens contraire à celui de l’entrepreneuriat individuel.
En tous cas, c’est le vœu que je formule aujourd’hui en rendant hommage aux entrepreneurs de tous poils.
©LeFilDeLimmo/BazikPress