Garantie des risques locatifs et garantie locative à haut risque

Le point de vue Denys Brunel, président de La Chambre des Propriétaires, association de défense et de service pour les propriétaires et copropriétaires, sur la GRL devenue GURL.

C’est un serpent de mer: la première évocation du besoin de garantir les impayés de loyer est apparue…au cours de la campagne présidentielle de 2002. Marie-Noëlle Lienemann, qui a précédemment été la secrétaire d’Etat au logement de Lionel Jospin, a émis l’idée d’une couverture logement universelle. L’ancêtre de la GRL, aujourd’hui devenue GURL, était née. Onze ans donc que le concept a été forgé.
Les assurances purement privées ne se sont pas imposées dans leur ensemble, trop timidement commercialisées, assorties de nombreuses contraintes, très attentives à la capacité financière des locataires à honorer leurs engagements de payer. Elles n’ont été
souscrites que pour 5% des logements locatifs du parc privé.
Un autre système d’assurance est de ce point de vue souhaitable pour rééquilibrer les rapports entre les bailleurs et leurs propriétaires et favoriser des relations de confiance. Mais il est permis de s’interroger sur la viabilité du système envisagé par l’actuel gouvernement.
D’abord, le caractère systématique de la couverture, c’est-à-dire obligatoire pour le bailleur, va faire du parc locatif privé un lieu où l’on sait que le non-respect du contrat est sans conséquence.
En effet, le bail postule pour obligation fondamentale le paiement du loyer en contrepartie de la fourniture du service, mais qu’adviendra-t-il si les locataires et les propriétaires sont déresponsabilisés par une assurance universelle?
Il s’ajoute à cela que la GURL couvrirait les locataires dont le taux d’effort va jusqu’à 50%, et les sinistres quelle que soit leur origine. Il n’est que de regarder la situation des contrats qui ont existé sur le marché depuis la création de cette couverture en 1980 pour se persuader que le choix du gouvernement est techniquement intenable. Le rapport sinistre à prime de tels produits est extrêmement fragile, au point qu’une dizaine d’assureurs en trente ans sont entrés et sortis du marché. Les seuls qui aient pu maintenir des résultats techniques satisfaisants ont observé des règles du jeu strictes, et n’ont laissé dériver ni la sélection selon l’équation entre revenus et
loyers, ni la rigueur du recouvrement.
Le produit qui verra le jour, fût-il le fruit d’un partenariat public-privé, peut-être même pour cette raison, ne doit pas ignorer cette règle, sauf à dériver très vite. En particulier, on aurait tort de croire que le ratio de 1 à 3 entre le loyer et les revenus n’a aucun fondement: on sait que sans reste à vivre suffisant le locataire court le risque d’étouffer financièrement et d’être dans une situation inextricable. Au cas par cas, on pourrait admettre de monter au-delà des 30 ou 33%, mais certainement pas de façon systématique.
Dans ce contexte, il conviendrait d’exclure du système les locataires de mauvaise foi pour ne couvrir que les « accidents de la vie ». La moitié des difficultés de paiement proviennent en effet d’événements fortuits tels que la perte d’emploi, une séparation ou un divorce, la maladie ou un
accident grave, l’invalidité ou le décès du conjoint. Il est tout à fait envisageable de décider que ces risques seraient couverts par une garantie souscrite auprès d’assureurs privés, et prise en charge, de manière équitable, par le propriétaire et le locataire.

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