Le parc immobilier français est vieillissant : 58 % des logements datent d’avant 1975 et représentent près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre du pays. Depuis le 1er janvier 2025, 500 000 appartements classés G sont interdits à la location. Mais seulement 26 % des propriétaires envisagent de faire des travaux énergétiques. La rénovation énergétique massive de ce parc est une nécessité, mais elle est aussi, et avant tout, une formidable opportunité.
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Passer de la contrainte à l’opportunité
Trop souvent, la transition énergétique est perçue comme une contrainte pour les propriétaires et les promoteurs. Coûteuse, inquiétante, complexe à mettre en oeuvre… Et si nous changions de paradigme ? Investir dans des bâtiments durables, c’est créer des logements moins énergivores, réduire les charges des ménages, et renforcer l’attractivité des territoires. Mieux encore, c’est stimuler l’innovation dans le secteur du bâtiment et au-delà.
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Mobiliser tous les acteurs
Pour relever ce défi, il faut une mobilisation collective et massive. Le Premier ministre François Bayrou a annoncé une refonte de MaPrimeRenov’ pour cette année. Il faut absolument maintenir son budget. Et il faut même aller plus loin. Les pouvoirs publics doivent jouer leur rôle en simplifiant les démarches administratives et en renforçant les incitations fiscales. L’État doit être aux côtés des maires bâtisseurs. La restauration d’un PTZ ouvert à tout le territoire et tous les types de logements pour les primo-accédants donnera une bouffée d’air aux jeunes qui veulent construire leur avenir. Le dégel de l’enveloppe d’aides à la rénovation énergétique du parc social, lui aussi vieillissant, doit être une priorité.
Les entreprises, quant à elles, doivent innover pour proposer des solutions accessibles et adaptées aux besoins des particuliers. De nouvelles technologies, comme les outils de modélisation 3D et les diagnostics énergétiques prédictifs, permettent aujourd’hui de prévoir avec précision les gains à attendre d’une rénovation. Ces innovations doivent être démocratisées pour qu’elles bénéficient au plus grand nombre.
Enfin, les professionnels de l’immobilier ont un rôle stratégique à jouer. Non seulement ils peuvent sensibiliser les acheteurs et investisseurs aux enjeux énergétiques, mais également les accompagner dans des projets alignés avec ces nouveaux standards. Nous devons devenir des acteurs-clés de la pédagogie écologique.
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Un enjeu sociétal et économique majeur
La transition énergétique dans l’immobilier ne se limite pas aux intérêts économiques ou environnementaux. Elle s’inscrit dans une vision plus large, touchant à la qualité de vie des habitants, à leur pouvoir d’achat et à la santé publique.
Chaque logement rénové représente une famille en moins exposée à la précarité énergétique, et chaque quartier transformé renforce la résilience de nos villes face aux crises climatiques.
C’est également une formidable opportunité pour l’emploi. Les métiers liés à la rénovation énergétique, qu’il s’agisse d’artisans ou d’ingénieurs, sont appelés à se développer dans les années à venir. Les formations doivent donc être renforcées pour répondre à cette demande croissante.
L’immobilier peut être un moteur de cette transformation positive, à condition que nous osions repenser nos approches. Alors, rénover ou renoncer…