Biarritz, Paris ou Marrakech. Quand l’on prend date avec Alexandra François-Cuxac pour tirer son portrait, tout juste sait-on qu’elle sera dans l’une de ces trois destinations où elle vit par intermittence. Ça sera finalement depuis la ville balnéaire de la côte basque, où elle a installé depuis bientôt quinze ans le QG d’AFC Promotion.
Pour comprendre cette vie de nomade, il faut remonter à son enfance. Prise dans le tourbillon professionnel de son père, ingénieur en aéronautique, elle naîtra en Algérie, avant de vivre à Morsang-sur-Orge en Île-de-France et à Pau.
« J’ai grandi auprès de parents qui avaient une soif d’apprendre et de se nourrir de culture pour s’élever socialement. »
Dans cette famille dans laquelle le goût de l’effort, du travail, de la rigueur et la simplicité sont érigées comme valeurs cardinales, Alexandra François-Cuxac brille en étant une excellente élève et décroche son bac à seize ans, en 1989. Peut-être pas assez au goût de son père, qui faisait sienne la devise – « Never complain, never explain » – tienne.
S’émanciper
Voler de ses propres ailes, c’était comme une évidence pour la jeune Alexandra. Elle s’inscrit donc à l’école supérieure de commerce de Pau. « Indépendante, je ressentais ce besoin intrinsèque de m’émanciper. » Ce qu’elle ne savait pas encore au début des années 1990, c’est qu’elle allait se lier d’affection pour l’immobilier – un amour auquel elle est fidèle depuis plus de trois décennies. « Tout juste diplômée, j’ai été chassée par le promoteur local Sagec. J’ai eu un coup de foudre immédiat pour ce métier. »
Décelant tout le potentiel de la jeune femme, son pygmalion en affaires la dépêche sur la Côte d’Azur. « J’ai tout de suite vibré pour la gestion dynamique et rigoureuse des projets, l’architecture et ce côté très humain du rôle de promoteur. » Imposer une femme de vingt ans dans les travées ultra masculines de l’industrie immobilière, était-ce un choix visionnaire ? « Mon dirigeant a eu du flair ; il était persuadé que c’était un métier d’avenir pour les femmes. »
Sans jamais se plaindre du manque de respect qu’elle rencontre parfois, Alexandra François-Cuxac laboure le terrain sans regarder derrière elle.
« Mon autorité naturelle et mon appétence pour les challenges m’ont beaucoup aidé. Sans renier qui j’étais, j’ai fait valoir mon savoir et mes compétences. Deux conditions qui m’ont permis d’être considérée et respectée en tant que femme promoteur. »
Gagner Toulouse
Ambitieuse et redoutable en affaires, Alexandra François-Cuxac est sacrée présidente de la FPI Midi-Pyrénées par ses pairs en 2010, avant de faire scission, un an plus tard, avec le groupe Sagec. Par ricochet, elle lance AFC Promotion, structure qui réalise aujourd’hui 45 M€ de chiffre d’affaires et met en chantier entre 600 et 700 logements par an de toute typologie (social, géré, haut de gamme…) en Île-de-France et le grand Sud-Ouest.
Se faire un nom à Paris
Repérée depuis Paris, Alexandra François- Cuxac intègre le bureau national de la FPI en 2012, avant d’endosser le costume de présidente de la puissante fédération trois ans plus tard. Pendant deux mandats, elle réveille la Belle endormie avec force et vivacité, tout en étant « loyale » et « juste » avec les grands comme les petits promoteurs.
« Première femme élue à la tête de la FPI, j’ai tout fait pour féminiser ce métier, promouvoir la parité ou encore donner plus de poids aux régions. »
Elle sera de tous les combats pour moderniser l’image des promoteurs auprès des collectivités comme de l’État – Alexandra François-Cuxac va côtoyer jusqu’à huit ministres du logement en six ans –, de quoi lui donner une « bonne vision » de l’administration publique et d’observer les limites de la démocratie participative. En 2017, elle s’invite dans le débat de la présidentielle avec « L’immobilier au coeur », plaidoyer où elle prédit une grave crise du logement. « Les politiques oublient trop souvent que le logement est le premier poste de dépense des Français, donc leur première préoccupation. »
Sept ans plus tard, cette crise violente met aussi à rude épreuve les promoteurs. « Chez AFC Promotion, nous avons dû réduire les effectifs de 45 à 24 collaborateurs ces derniers mois ».
L’amour de l’art
Dotée d’une grande sensibilité – un trait de caractère perceptible quand l’on se plonge dans son regard bleu océan –, Alexandra François-Cuxac est une passionnée d’art, sous toutes ses formes. « Je suis très engagée aux côtés de Laurent Dumas, fondateur d’Emerige, pour la charte 1 immeuble, 1 oeuvre. L’art dans la ville est essentiel pour une meilleure insertion des êtres humains et un monde plus inclusif. »
Addicte des galeries d’artistes, la fondatrice d’AFP Promotion s’est récemment prise d’affection pour l’art contemporain africain. D’ailleurs, dès qu’elle le peut, elle s’échappe dans son pied-à-terre marocain. « C’est une métropole ressourçante qui offre un bouillonnement culturel exceptionnel. » Et s’il fallait choisir entre Biarritz, Paris et Marrakech ? « Impossible, répond-elle du tac au tac. Je me sens chez moi dans ces trois destinations. »
Nomade, on vous a dit !
Alexandra François-Cuxac développe aussi avec Maritxu Darrigrand l’association « Keep a Breast » pour la sensibilisation et la prévention des risques de cancer du sein. https://keepabreasteurope.fr/