« La nouvelle dynamique de marché doit s’inscrire dans la stabilité » Loïc Cantin

Baisse des prix de l’immobilier et des taux, augmentation du pouvoir d’achat des ménages, allègement des conditions d’octroi de crédit… Les signaux sont au vert pour une reprise du marché. Bilan 2024, perspectives et attentes pour 2025... Interview de Loïc Cantin, président de la FNAIM.

Quel regard portez-vous sur cette année 2024 ?

Celle-ci n’a pas été une surprise puisque nous avions annoncé dès le mois de janvier un atterrissage des volumes inférieur à 800 000 transactions. Les professionnels de l’immobilier ont ainsi dû composer au cours de cette année avec la brutalité d’une crise, mais aussi heureusement avec une baisse des prix qui a permis d’amortir la chute d’activité à laquelle ils étaient confrontés. Désormais, la baisse tendancielle et régulière des taux d’intérêt, conjuguée à cette baisse des prix, permet en cette fin d’année à de nombreux Français de renouer avec le chemin de l’acquisition.

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Qu’attendez-vous aujourd’hui de la ministre du Logement, Valérie Létard ?

Valérie Létard est la quatrième ministre du Logement depuis le début de mon mandat. Je la sens à l’écoute, ouverte au dialogue, lucide et déterminée à accompagner tout l’écosystème de l’immobilier. Au sein de la FNAIM, nous apprécions son engagement sur tous les secteurs du logement, et prompte à agir pour accompagner les primo accédants. La partition est aujourd’hui compliquée et elle va devoir endosser le rôle de chef d’orchestre. J’ai pleinement confiance dans sa capacité à accompagner la profession au regard de l’ensemble des sujets sur le logement qu’elle a accompagnés par le passé.

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Quelles sont les mesures prioritaires à prendre pour débloquer le marché immobilier ?

Les propositions de la FNAIM sont à la fois simples à mettre en oeuvre et sans impact immédiat sur les finances publiques. La première est la portabilité et la transférabilité des prêts immobiliers. Cette mesure permettrait d’accompagner les acquéreurs comme les vendeurs et ainsi, de donner un peu de respiration au marché, permettant à l’avenir de réduire l’impact de toute nouvelle hausse de taux.

La seconde proposition est un dispositif d’incitation fiscale. Celui-ci permettrait à tout Français investissant dans la pierre de défiscaliser, après 10 ans de détention du bien à usage locatif, les revenus qu’il en tire, pendant une période de 10 ans. Cette durée serait portée à 15 ans pour les logements neufs et pour ceux dans lesquels des travaux de rénovation énergétique sont réalisés. Un tel dispositif permettrait non seulement de restaurer la confiance dans l’investissement locatif et donc une meilleure stabilité du parc locatif, mais aussi de relancer les transactions dans l’immobilier neuf et ancien. De son côté, l’Etat renouerait avec les recettes de TVA sur la construction et les droits de mutation sur les transactions, tout en différant la prise en charge financière dans 10 ans.

Enfin, nous prônons la création d’un contrat de « Vente en l’état futur de rénovation » (VEFRE). Ce contrat subordonnerait ainsi la transaction à la réalisation de travaux énergétiques par le vendeur, dont le prix serait intégré au prix de vente ; ce qui permettrait de flécher la valeur verte.

Depuis le 1er septembre, les commissaires de justice peuvent exercer des missions d’intermédiation immobilière, quelle est la position de la FNAIM à ce sujet ?

Nous avons en effet pris connaissance de cette mesure mais qui reste pour nous un épiphénomène. Il n’est en effet pas nécessaire de s’apitoyer en permanence sur de nouveaux intervenants qui viendraient grignoter quelques parts de marché. Si nous déplorons bien entendu cet élargissement, ce dernier est sans doute mesuré puisqu’il se limite à une transaction opérée dès lors qu’un huissier de justice dispose d’un mandat de gestion du bien devant être vendu.

Notre combat est ailleurs. La part de particuliers qui ne traite pas avec un professionnel, les modèles disruptifs qui s’exonèrent des règles de droit et de la réglementation pour en tirer avantage, ou encore l’intermédiation incontrôlée sont aujourd’hui nos priorités.

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Quel message souhaitez-vous faire passer aux professionnels de l’immobilier ?

Nous venons de vivre une crise qui a lourdement impacté notre secteur et qui aura sans nul doute des conséquences sur notre avenir. Il nous faut désormais réfléchir à notre rôle et à l’importance de nos métiers dans lesquels la FNAIM place beaucoup de confiance et d’espérance.

Nous devons relever notre niveau général d’intervention, de compétences, mais aussi de sanctions pour faire en sorte que le tiers de confiance identifié par certains politiques apparaisse comme une évidence. Dans cette optique, il est essentiel de laisser place à l’excellence et notamment à une qualification de l’exercice de nos professions, qu’il s’agisse d’administrateurs de biens, d’agents immobiliers ou de syndics de copropriété. Un nouveau combat va s’engager dans la décennie et je crois que c’est aussi l’occasion de redéployer et de renforcer nos parts de marché et notre existence.

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Quelles sont les perspectives pour le marché immobilier en 2025 ?

La fin de l’année 2024 marque un palier dans une crise qui a été brutale et qui s’est exprimée pendant plus de deux ans. Nous pouvons désormais envisager l’année 2025 sous de meilleurs auspices et dans un climat plus favorable aux métiers de l’immobilier. Le marché devrait ainsi retrouver une nouvelle dynamique, mais il est essentiel que celle-ci s’inscrive dans la stabilité et non dans l’excès, comme il s’est manifesté ces dernières années. Nous tablons sur un volume de 900 000 transactions pour cette nouvelle année.

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Stéphanie Marpinard: Après avoir évolué pendant 10 ans au sein d'un groupe spécialisé dans les médias étudiants, l’orientation professionnelle et la gestion de carrière, en tant que rédactrice en chef adjointe, Stéphanie Marpinard a choisi de travailler à son compte et collabore depuis à différents médias. Ses domaines de prédilection sont entre autres l'immobilier, l'emploi et les ressources humaines.