« Deux épées de Damoclès planent sur le marché immobilier », Yann Jéhanno

Malgré un contexte encore incertain, le marché immobilier ancien a montré des signes encourageants au cours de ces derniers mois de 2024. Décryptage de l’année écoulée et des perspectives pour 2025 avec Yann Jéhanno à l'occasion de la publication du point marché annuel Laforêt. 

Quel bilan tirez-vous de cette année 2024 pour le marché immobilier ?

C’est un bilan encourageant puisque la baisse constante des taux depuis le mois de janvier dernier a donné de l’air aux acquéreurs. En parallèle, les prix ont également continué de baisser. Au sein du réseau Laforêt, nous avons ainsi enregistré au niveau national une baisse des prix de 3,6 %. Après des années de résistance, les vendeurs ont enfin accepté de revenir autour de la table des négociations. A fin décembre 2024, nous constatons une négociation moyenne de 5,9 % entre le prix affiché et le prix finalement acté. Cette combinaison favorable a permis d’attirer de nouveaux acquéreurs. Au dernier trimestre, la demande a accéléré son rebond, enregistrant une hausse de 11 % sur un an au niveau national, soit 6 points de plus par rapport à septembre dernier, et le volume de transactions sous compromis a progressé de 7 % sur les 12 derniers mois.  

Quelles grandes tendances se sont dégagées du marché immobilier ?

L’année 2024 s’est découpée en 3 temps. Le premier trimestre a été plutôt calme. Il faut dire que l’inflation et la morosité économique ont engrangé de nombreuses craintes dès le mois de janvier. Les acquéreurs sont revenus au second trimestre et le marché immobilier s’est mis doucement à frémir. Malheureusement la dissolution de l’Assemblée nationale qui a provoqué une incertitude politique, suivie de la période des Jeux Olympiques, ont remis en pause le marché immobilier. Puis, depuis le mois d’août, et encore plus depuis septembre, nous avons pu constater le redressement du marché et une accélération du nombre de projets et de transactions.   

Peut-on s’attendre à une véritable reprise du marché pour 2025 ?

Tout au long de 2024, les principaux indicateurs du marché immobilier ont progressivement montré des signes positifs, laissant entrevoir un redressement de l’activité. Les perspectives économiques sont également encourageantes : selon la Banque de France, la croissance devrait atteindre 1,2 % en 2025, pour progresser à 1,6 % en 2026, après un modeste 0,8 % attendu cette année. Cependant, pour le moment, le marché immobilier reste fragile et les mois à venir seront donc cruciaux. Les primo-accédants sont toujours confrontés à des difficultés d’accès à la propriété et les investisseurs particulièrement attentifs à la fiscalité et aux contraintes de rénovation énergétique.  

Craignez-vous que le flou politique entraîne des répercussions sur le marché immobilier ?

Aujourd’hui, deux épées de Damoclès planent sur le marché immobilier. La première est fiscale puisque le budget 2025 a été mis en suspens à la suite de la motion de censure votée contre le Gouvernement. Si certaines mesures du Projet de Loi de Finances étaient redoutées à l’instar de l’augmentation des droits de mutation, d’autres réformes étaient particulièrement attendues telles que l’élargissement du prêt à taux zéro à l’ensemble du territoire. Cette dernière permettrait en effet de faire rentrer de nouveau dans le jeu les primo-accédants qui n’ont représenté que 31 % des transactions en 2024 contre plus de 50 % avant la crise du Covid.

Le second couperet est lié à l’instabilité politique à laquelle sont soumis les Français depuis la dissolution de l’Assemblée nationale. Pour le secteur du logement, l’incertitude, ce n’est jamais bon. Et force est de constater que les menaces d’une nouvelle motion de censure sur le futur Gouvernement avant même que celui-ci n’ait été formé n’envoie pas de signaux rassurants aux porteurs de projets immobiliers.  

Dans ce contexte économique toujours incertain, comment se porte le réseau Laforêt et quel est l’état d’esprit des franchisés ?

L’appréhension palpable en début d’année 2024 a progressivement laissé place à la résilience et à une attitude proactive. Ainsi, au premier semestre, les effectifs de notre réseau se sont contractés. Les créations d’emplois prévues ont été gelées et, dans certains cas, les départs n’ont pas été renouvelés. Sur cette période, les effectifs commerciaux ont diminué de près de 10 %, avant de retrouver une croissance dès le mois de septembre. En seulement quatre mois, nous avons ainsi restauré 6 % de nos effectifs. Dans ce contexte, et malgré une inflation en légère baisse, nous restons prudents et concentrés sur les biens « cœur de marché », c’est-à-dire des logements dont la valeur ne dépasse pas 250 000 euros en environnement rural ou semi-rural, et 450 000 euros en environnement urbain. 

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Stéphanie Marpinard: Après avoir évolué pendant 10 ans au sein d'un groupe spécialisé dans les médias étudiants, l’orientation professionnelle et la gestion de carrière, en tant que rédactrice en chef adjointe, Stéphanie Marpinard a choisi de travailler à son compte et collabore depuis à différents médias. Ses domaines de prédilection sont entre autres l'immobilier, l'emploi et les ressources humaines.