Comment la cause logement va-t-elle être considérée jusqu’à la fin de l’actuel mandat présidentiel ? Les mesures les plus clivantes auront-elles un avenir ? Le logement sera-t-il l’éternel oublié des politiques publiques ?
Quel sera son rang protocolaire ? Ce sera un marqueur. Une certitude : il faudra construire
et rénover massivement afin de pourvoir aux besoins de chacun. Au passage, il serait bon de donner un sens aux mots et ne plus crier haro sur la propriété immobilière et l’investissement ! Certains mots sont mal-nés et alimentent nombre de fantasmes. Regardez la rente. Que n’avons-nous lu et entendu sur l’argent qui dort et sur les rentiers, cibles favorites des caricatures à la Daumier au 19e puis au 20e siècle !
Pourquoi le terme de rentier est-il devenu péjoratif ?
Tournons-nous vers notre propre histoire ; l’inaptitude de l’État à tenir ses comptes publics remonte à plusieurs siècles. Depuis le 16e siècle, l’État royal vivait à crédit et avait pris l’habitude d’émettre des obligations appelées « rentes ». Ceux qui achetaient ces obligations étaient appelés « rentiers ». Le seul moyen pour le rentier de récupérer son investissement était de céder la propriété de la rente à un tiers. Colbert disait du rentier : « économiquement, c’est un oisif parasitaire dont les capitaux ne s’investissent ni dans l’industrie, ni dans le commerce ».
Pourtant, pendant très longtemps ce terme de rentier n’était pas péjoratif ; il désignait une catégorie d’acteurs économiques indispensables à la bonne marche des affaires du pays. Au 18e siècle, la rente est d’ailleurs le seul produit financier connu des Français.
Voici une définition de la rente : « revenu périodique tiré d’un bien ou d’un capital », donc légèrement différente de la notion d’origine, mais conforme à une réalité économique.
Alors comment expliquer ce glissement sémantique du rentier « vertueux » au rentier « profiteur » ? Ces clichés sont tenaces ; nul doute que quelque part notre IFI en soit un lointain héritier ! Imaginez : associez « fortune » et « immobilier » par un savant mélange, vous arrivez au rentier ! La doxa des bienpensants n’a rien fait pour dissiper cette confusion, faisant du bailleur la victime expiatoire d’un combat idéologique ! Il y a derrière tout cela, sans doute, un zeste de morale judéo-chrétienne additionné du sentiment que les biens acquis l’ont été sans effort et sans risque !
Le rentier, acteur indispensable de la chaîne du logement
Et si l’on faisait un pas de côté en glissant du rentier à l’investisseur ? Voyez comme c’est immédiatement différent. On passe de profiteur à acteur ! Acteur économique, acteur utile, acteur vertueux, acteur indispensable de la chaîne du logement.
Devons-nous rappeler que pour louer, il faut d’abord des propriétaires bailleurs ? Devons-nous rappeler que les investisseurs institutionnels ont trop souvent déserté le logement pour combler le déficit structurel de l’offre ? Que reste-t-il alors, si ce n’est le bailleur investisseur ? Devons-nous rappeler que le rendement de l’investissement est la juste
récompense du risque pris et de l’épargne constituée pour un apport personnel ?
Nos concitoyens victimes de mal logement sont-ils concernés par ce débat gazeux ? Poser la question revient à y répondre !
Le temps fera son affaire pour ôter le volet nauséabond attaché à la rente, si l’on s’en tient à une définition purement économique et pragmatique.
En attendant, et pour ce qui nous concerne, il est impératif et urgent de redonner à qui le peut et le veut, la fierté de mettre des logements au service de la collectivité !