Le parcours VAE ne date pas d’hier. Instaurée dans le cadre de la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002, cette mesure permet à toute personne engagée dans la vie active, quels que soient son âge, son niveau d’études ou encore son statut, de faire valider les acquis de son expérience en vue de l’obtention d’un diplôme, d’un titre ou d’un certificat de qualification professionnelle. Seul impératif : justifier d’une année d’expérience en rapport avec le contenu de la certification visée.
« Malgré ses nombreux atouts, ce dispositif n’a toujours pas rencontré le succès qu’il mérite », regrette Henry Buzy-Cazaux, directeur de l’IMSI. En cause : le manque de notoriété auprès des salariés et des patrons d’agences qui ne maîtrisent pas toujours cet acronyme, mais aussi les nombreux établissements qui ne proposent pas ce parcours VAE en parallèle de la formation initiale alors que la loi les y oblige.
Un dispositif gagnant-gagnant
Si cette pratique est encore peu généralisée au sein des agences immobilières indépendantes, force est de constater qu’aujourd’hui la plupart des grands réseaux de franchises immobilières proposent à leurs salariés d’intégrer ce type de parcours. Dans cette optique, Guy Hoquet l’Immobilier, ERA Immobilier, ORPI, Laforêt Immobilier, Nestenn ou encore Citya Immobilier ont ainsi noué des partenariats avec des écoles reconnues par la profession telles que l’IMSI, l’ESPI ou encore l’ESI.
« Au sein de l’IMSI, nous traitons chaque année une centaine de dossiers de candidatures à l’obtention d’un Bachelor en alternance Gestion et Négociation Immobilières (titre niveau 6) ou d’un Master of Science Management des Services Immobiliers (titre niveau 7) », précise Henry Buzy-Cazaux.
Il faut dire que la validation des acquis a de quoi séduire les salariés comme les employeurs. Ainsi, pour les premiers, elle permet de transformer l’expérience acquise en une certification reconnue, augmentant ainsi la valeur professionnelle du candidat.
En immobilier, de nombreux professionnels sont issus d’une reconversion, ont suivi des formations courtes ou des formations internes, et n’ont pas de certifications validant leurs compétences en négociation, en vente et en droit. La VAE leur offre la possibilité de décrocher un diplôme à la hauteur de leurs responsabilités quotidiennes par souhait d’évolution hiérarchique, pour demander une augmentation de salaire, ou encore pour répondre aux critères d’attribution des cartes professionnelles, sans passer par un cursus de formation classique.
Ainsi, en obtenant une certification via la VAE, les professionnels de l’immobilier peuvent accéder à des postes plus qualifiés ou encore diversifier leurs activités en proposant par exemple des assurances ou du courtage en crédits qui nécessitent un certain niveau d’aptitude.
« Le parcours VAE est également une formidable démarche d’introspection au cours de laquelle le candidat va effectuer un travail analytique sur son passé professionnel pour déterminer ses forces et ses faiblesses et qui va lui permettre d’acquérir beaucoup plus d’efficacité et d’assurance au sein de l’entreprise », souligne le directeur de l’IMSI.
Quant aux directeurs d’agences immobilières, ce dispositif est un bon moyen de fidéliser leurs meilleurs collaborateurs. « Les salariés ont souvent un sentiment de gratitude envers les entreprises qui leur permettent d’accéder à un titre que la vie ne leur a peut-être pas permis d’avoir. Un diplôme a en effet une valeur en termes de reconnaissances sociale, salariale, personnelle, mais aussi d’employabilité », observe Henry Buzy-Cazaux. Et d’ajouter :
« Plus qu’une augmentation de salaire, la VAE est un apport très personnel qui densifie le plus souvent la relation entre l’entreprise et son collaborateur. »
À noter que le réseau CENTURY 21 a, quant à lui, opté pour un parcours de certification menant à l’obtention d’un titre RNCP de niveau bac +3/+4. Quid des différences ? « Au fil de leur évolution en agence, de leurs formations et de leur montée en compétences, les collaborateurs acquièrent progressivement des certifications partielles. Ces blocs de compétences leur donnent accès au titre final au terme de leur parcours », précise Séverine Fouillet, directrice formation au sein de CENTURY 21.
VAE, mode d’emploi
Quel que soit l’objectif, choisir de s’engager dans un parcours VAE ne laisse pas de place à l’improvisation. Et pour cause, celui-ci requiert un investissement personnel important. Une préparation rigoureuse et une bonne connaissance du processus sont essentielles pour maximiser les chances de succès.
- La première étape consiste à identifier le diplôme ou la certification correspondant aux compétences acquises. Les professionnels de l’immobilier peuvent viser des titres comme le BTS Professions Immobilières, des licences professionnelles, ou des certificats spécifiques délivrés par des organismes professionnels.
- Après avoir choisi le diplôme ou la certification, le candidat doit constituer un dossier de recevabilité (livret 1) pour prouver que son expérience est en adéquation avec les exigences du diplôme visé. Ce dossier doit inclure les preuves des activités exercées, comme des contrats de travail, des attestations d’employeurs, ou des fiches de poste.
- Si le dossier de recevabilité est accepté, le candidat passe à la rédaction du dossier de validation (livret 2), dans lequel il doit détailler ses compétences et les mettre en relation avec le référentiel du diplôme visé.
Cette étape demande une réflexion approfondie sur les activités réalisées et les compétences développées.
- Une fois le dossier complété, le candidat est convoqué pour un entretien avec un jury composé de professionnels et d’enseignants. Le jury évalue la pertinence des compétences par rapport au diplôme visé et décide de l’attribution totale ou partielle du diplôme.
Sabri Barnou : « La VAE m’a permis de gagner en crédibilité »
Aujourd’hui directeur de l’agence Vitis Immobilier, Sabri Barnou, 25 ans, a intégré en 2021 un parcours de VAE au sein de l’IMSI.
Quelles étaient vos expériences dans l’immobilier avant de démarrer votre VAE ? J’ai débuté dans l’immobilier en 2019 en tant qu’agent commercial dans une agence traditionnelle à Dijon. J’ai ensuite rejoint un réseau de mandataires avant de revenir en agence vitrine en tant que manager d’agence.
Pour quelles raisons avez-vous décidé d’intégrer un tel parcours ?
J’étais titulaire d’un bac ES sans formation post-bac. À l’origine, je ne me destinais pas à travailler dans l’immobilier puisque j’étais passionné de radio et qu’une opportunité m’avait permis de décrocher très vite un CDI en tant qu’animateur. Lorsque je me suis lancé dans l’immobilier à 19 ans, je ne possédais donc pas de formations spécifiques. La possibilité de reprendrel’agence dans laquelle j’étais manager m’a poussé à obtenir une qualification dans le secteur de l’immobilier. Comme je ne souhaitais pas retourner sur les bancs de l’école, la validation des acquis de l’expérience m’est très vite apparue comme une évidence.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
Même s’il n’entre pas dans un cadre scolaire, un parcours de VAE nécessite rigueur et organisation. En plus de mon travail au sein de l’agence, je consacrais au minimum deux heures par jour à la rédaction de mon mémoire et à la préparation de l’oral. Ce processus nécessite non seulement un investissement personnel mais également un important travail de réflexion et une remise en question de ses forces, faiblesses et de son niveau de compétences. Grâce à l’IMSI, j’ai bénéficié d’une vingtaine d’heures de coaching délivrée par un expert en organisation qui m’a accompagné tout au long du cycle et ce, jusqu’au jury final.
Combien de temps y avez-vous consacré et quel diplôme avez-vous obtenu ?
Mon parcours de VAE a duré 6 mois et m’a permis de décrocher un Bachelor Responsable en gestion et négociation immobilières. Il faut savoir qu’il n’y a pas de durée minimale ou maximale pour réaliser une VAE, cela dépend du rythme de travail de chacun.
Quels bénéfices avez-vous tirés de votre VAE ?
L’obtention de mon diplôme m’a non seulement permis d’avoir accès aux cartes professionnelles et d’ouvrir ma propre agence immobilière, mais aussi de gagner en crédibilité auprès de mes collaborateurs. Cela m’a également offert la possibilité de diversifier mes activités en développant un service de gestion locative. Je souhaite désormais lancer à moyen terme un nouveau service de syndic de copropriété.